29 aôut.
La fin de l'été se faisait ressentir. Dans la voiture, mon frère et ma sœur dormait depuis longtemps déjà. Et j'aurais tellement aimé faire comme eux. Mais je ne pouvais pas.
La Place, Annie Ernaux.
Le livre que mon père m'avait conseillé de lire avant de se tuer avait un goût amer. Peut être parce que la distance établie entre la protagoniste de cette histoire et son père me rappelait la distance établie avec le mien. Peut être parce que même après sept ans et après avoir recommencer sept fois ou plus, je n'avais jamais réussi à finir ce roman. C'était trop dur. Mettre un terme à ma lecture reviendrait à mettre un terme final à la vie que mon père a vécu. Peut être que la brutalité avec laquelle Annie annonce la mort de son père dans le livre fait ressurgir des choses que je ne veux pas ressentir. Plus ressentir. Je suis fatiguée.
Je me réveille et reconnaît de suite le porche de ma maison. On dirait que j'ai réussi à m'endormir finalement.
Personne n'était resté avec moi dans la voiture. J'attrape mon téléphone dans ma poche droite et regarde l'heure.
19h30. Putain.
Je m'active et sort de la voiture. En arrivant devant la porte de la maison qui m'a vu rentrer de dix-huit vacances d'été différentes, faire mes premiers pas et prononcer mes premières syllabes, j'ai besoin de respirer avant de pousser la poignée. J'ai installé une routine, dans cette même maison, une routine qui m'épuise et dont je compte bien me séparer pendant ma dernière année de lycée.
Après m'être décidée à entrer, je passa le pas de la porte. La jeune Olympe n'aurait jamais pensé que rentrer chez elle serait si dur. Sa maison est tout ce qu'elle a, je comprends qu'elle ne comprenne pas. Mais moi, la Olympe de dix neuf ans j'ai mes raisons.
Et si personne à part moi ne comprends jamais pourquoi c'est si dur, alors tant pis. Moi je le sais.
- Ah chérie ! Tu es enfin réveillée. Bon écoute je pense qu'on devrait parler de la natation.
Et merde, elle recommence.
- Ecoute maman, peu importe ce que tu diras j'arrêterais pas juste sous prétextes que mes notes ont chutées l'an dernier. Tu sais très bien, et c'est ça qui m'énerve le plus, que ça n'avait rien à voir avec la natation. Je sais gérer et-
- Mais laisse moi parler Oly, tu n'essaies même pas de m'écouter. Peut-être que justement ça ira mieux si tu te concentres uniquement sur les cours cette année. Je sais que tu adores ça depuis petite parce que ton père t'as appris à nager mais tu-
- Non. Laisse moi tranquille.
La discussion avait prit une tournure que je n'aimais pas. Je détestais quand ma mère utilisait mon père comme excuse. Il n'a rien à voir là dedans et ce n'est pas parce que c'est avec lui que j'ai appris à nager que c'est à cause de lui que mes notes baissent. Les deux choses n'ont rien à voir. Et elle ne comprenait pas de toute façon.
Comme d'habitude.
Je couru à l'étage après avoir récupéré ma valise et mon sac à dos. Sur les murs de l'escalier, ma mère avait accroché des portraits de famille où personne n'était sincèrement heureux. Soit mon frère et ma sœur venait de se faire crier dessus, soit ma mère et mon père venait de s'engueuler à propos de l'endroit parfait pour prendre la photo, soit je venais de trouver le corps sans vie de mon père. La dernière photo prise par ma grand mère de nous quatre, ma mère, mon frère, ma sœur et moi a été prise une semaine après l'enterrement de mon père. Et pour la première fois, nos sourires n'était pas faux. Puisqu'on ne souriait pas. Cette année là, ma grand-mère avait dû se contenter de quatre rictus polis.
Je longea les murs du couloir pour rejoindre ma chambre. Elle n'avait rien de spécial, j'avais refusé d'emporter toutes les décorations de mon ancienne chambre après le déménagement. Elles devaient rester là bas, avec mes souvenirs .
Appel entrant: Nina
-Meuf on a une urgence
-Oui, moi aussi tu m'as manqué, je suis contente de t'entendre.
-Oh oui pardon, tu m'as énormément manqué, mais il se trouve, que j'ai un truc de ouf à te raconter. Tu t'en remettras pas.
Nina Willons était ma meilleure amie depuis toujours. Nous avions toujours tout partager. De nos déjeuners au collège à nos appréhensions du lycée. Elle était ce dont j'avais le plus besoin au monde et je l'aimais comme une sœur. Elle était tout ça à la fois. Une sœur, une amie, une épaule sur laquelle pleurer et une jambe sur laquelle s'allonger quand j'étais trop fatiguée. Je tenais à elle comme à une membre à part entière de ma famille et je ne la remercierais jamais assez pour toutes les choses avec lesquelles elle m'a aidée.
-Je plaisante t'en fais pas, raconte moi.
-OK, meuf tu te souviens du mec de cet été dont je t'ai parlé?
-Ah ouais Matis?
-Euh non Mattia, mais on s'en fiche de son prénom c'est pas le sujet.
Nina me parlait de tellement de personnes différentes depuis le début de l'été que j'ai été incapable de retenir tout leur prénom.
-Ce même mec, super sexy au passage, reprena-t-elle
Sortez moi de là.
-Et bien figure toi qu'il nous a invité toutes les deux à sa soirée de pré-rentrée meuf, tu te rends compte?!!
-Toutes les deux? Je le connais même pas ce mec Nina, je pense pas que ce soit une bonne idée.
-T'as pas besoin de le connaître, ils te connaissent tous j'ai fait que parler de toi cet été ils en pouvaient plus.
-Je sais bien mais c'est pas mon truc ce genre de soirées et puis il faut que je reprenne un rythme convenable, que je trouve le temps de caler mes entraînements dans mon emploi du temps et tout le reste.
-Ecoute moi bien Oly, ça fait des années que tu me répètes à chaque rentrée que cette fois c'est différent, que tu veux sortir de ta routine. C'est l'occasion rêvée! Mais je te connais assez pour te dire aussi que si tu le sens vraiment pas alors on aura qu'à se contenter de rester à la maison et de faire une de nos soirées filles avec ta mère. C'est toi qui décide, c'était juste une suggestion cette fête. Quand j'ai reçu l'invitation j'ai directement pensé à toi mais je t'oblige pas à-
-Très bien. On y va. Je préviens ma mère demain matin, elle dira pas non.
-Oh. Mon. Dieu. C'est pour ça que je t'adore Olympe
-Oui, c'est bon n'en fais pas trop non plus.
-On rentrera dès que tu le sens c'est promis, je te jure j'ai trop hâte!
-Ok on a compris il faut que je te laisse, bye.
-Je passe chez toi demain pour les essayages, je t'adore bisous!
-Les essayages? Nina? Allô?
Elle m'avait raccroché au nez. La connaissant elle avait dû jeter son téléphone sur son lit puis sauter de joie avant d'aller hurler dans le salon à sa mère que j'avais accepté. Mais c'est comme ça que je l'aimais.
Mais même en essayant de me persuader qu'une simple fête d'étudiants en dernière année ne ferait de mal à personne, un mauvais pressentiment me torturerait l'esprit.
Des choses allaient se passer pendant cette soirée ça ne faisait aucun doutes. Et avec Nina, je serais aux premières loges.
Ou même sur la scène, merde.
VOUS LISEZ
Stay
Teen FictionOlympe vient de fêter ses 19 ans. Après une année sabbatique dont elle avait le grand besoin, cette dernière se trouva poussée par sa mère à retourner à la FAC. Mais hors de questions pour elle de retourner à l'école de médecine. Elle choisit d'alle...