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 Assise dans la pénombre de mon salon, j'écoutais les bruits des habitants du village qui dînaient au restaurant, ou qui en sortaient. Je n'avais pas pris la peine d'allumer les lumières, considérant que ma vision de Vampire me permettait de voir dans des endroits où la lumière ne pénétrait pas. Je n'avais plus besoin de lumière, puisque Paul était mort, rendant son dernier soupir face à moi. J'avais capturé dans mon esprit ses derniers mots, son dernier souffle, les derniers battements de son coeur, tant est si bien qu'ils me hantaient presque. À présent, je n'arrivais plus à les oublier. Je n'aspirais plus qu'aux ténèbres.
Edward avait beau me dire que je n'étais pas seule, je me sentais pourtant plus seule que jamais. Le rire de Paul me manquait. Ses paroles aussi. Et bien que cela faisait des années que nous n'habitions plus dans cet appartement, sa présence entre ces murs me manquait. Sa voix à elle seule me manquait. Malgré que nous avions assez d'espace à tous les deux, l'appartement m'apparaissait plus petit que jamais.

— Tu me cuisines quoi de bon ? me questionna mon fiancé en venant m'enlacer par derrière.
Je souris en coin en inclinant légèrement la tête sur le côté, pour lui permettre de poser son menton sur mon épaule.
— Je me suis dit que tu en aurais marre de ne manger des pâtes à un comment donné, alors je me suis mise en quête de trouver une recette saine qui ne gâcherait pas ton plaisir.
— Ça va être dur de faire mieux que des pâtes.
Je ris doucement, avant de souffler sur ma cuillère en bois qui trempait dans une sauce au potimarron, et me tournais légèrement vers Paul pour l'approcher de sa bouche.
— Attention, c'est peut-être chaud.
Ce dernier goûta à la sauce avant de fermer les yeux en hochant la tête. Le silence qui s'en suivit me mit la pression. N'étant pas la meilleure cuisinière qui soit, je craignais qu'il n'aime pas ou que je me sois trompé quelque part dans la recette.
— Verdict ? m'inquiétais-je aussitôt.
Il hocha la tête en levant un pouce, et je respirais à nouveau.
— J'ai hâte de voir ce que tu m'as préparée en accompagnement.
Il partit aussitôt à la recherche de l'accompagnement en question, mais je l'en empêchais en lui barrant la route.
— Hors de question que tu me gâches la surprise ! m'écriais-je.
— C'est ta faute. Tu m'as fais salivé avec cette sauce !
Il s'approcha de la poêle où mijotait la sauce, et trempa son doigt dedans avant de se plaindre de la chaleur, sous mes protestation.
— C'est bien fait ! m'esclaffais-je tandis qu'il portait son doigt à la bouche.
— Je trouverais bien un moyen de me faire pardonner... murmura-t-il avant de revenir vers moi pour me prendre dans ses bras.
Il captura mes lèvres et je retins aussitôt mon souffle tandis que ce baiser réveilla ma soif. Bien que je me contrôlais, dans ces moments-là je devais redoubler de prudence pour ne pas commettre un faux pas.
— Et si je me faisais pardonner maintenant ? chuchota-t-il en écartant son visage du miens.
Je fonçais les sourcils sans comprendre ce qu'il voulait dire.
— Comment ça ?
Il me lâcha et coupa le feu qui réchauffait la sauce.
— Je n'avais pas prévu de faire ça tout de suite, mais je n'en peux plus d'attendre.
Comme pour répondre à ma question silencieuse, il s'agenouilla devant moi manquant de se prendre l'angle du meuble de l'évier dans la tête, et sortit de la poche de son bermuda en jean un petit écrin de velours noir.
Mes yeux s'écarquillèrent de surprise, tandis que je reculais d'un pas. Avait-il l'intention de faire ce que je pensais ?
— Lana... J'ai l'impression d'avoir passé ma vie à t'attendre, et tu es là, devant moi, à m'aimer alors que je ne suis qu'un simple humain. Il y a des milliards d'hommes sur cette planète, probablement des milliers de Vampires de ton sexe opposé, et pourtant, c'est moi que tu as choisie. Je n'ai pas l'éternité devant moi, mais je promets de t'aimer jusqu'à la fin des temps. Alors...
Il ouvrit lentement l'écrin qui laissa apparaître une fine bague en argent, scintillante.
— Veux-tu bien faire de moi l'homme le plus comblé en acceptant de devenir ma femme ?
Comme si j'avais perdue l'usage de la parole, je hochais la tête avant de souffler un « Oui » qui rendit cet homme le plus heureux au monde.
Il se leva presque d'un bond et me prit dans ses bras avant de me faire tournoyer autour de lui, ce qui entraîna la chute de la poêle de sauce et la passoire de spaghettis de courgettes que j'avais mis du temps à confectionner pour lui.
On s'arrêta pour observer les dégâts que nous venions de causer, avant de rire.
— C'était ça l'accompagnement surprise ?
— Oui, des spaghettis de courgettes.
— Le ciel soit loué ! s'écria-t-il alors. J'aime pas les courgettes !
Et nous nous étions remis à rire, mais de bonheur cette fois, à la perspective du mariage que nous allions pouvoir commencer à préparer.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 21, 2023 ⏰

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Twilight Chapitre 6 : DésertionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant