La Librairie des Âmes

Chapitre 4 : De la lumière à l'Obscurité

Lily fut émerveillée. L'inconnu lui avait fait visiter une grande partie de l'Exposition et montré de nombreux stands sur leur chemin, aux thèmes tous plus variés les uns que les autres. Lily s'amusait de reconnaître des ébauches d'objets qu'elle côtoyait au quotidien. Tandis qu'au contraire, d'autres inventions n'avaient pas résisté au temps, ou du moins, on n'en a pas vu l'utilité par la suite. Certaines de ces créations étaient bizarres ou même ne fonctionnaient pas très bien. C'est en tout cas ce qu'elle se dit en passant devant un stand qui présentait un amas de tuyaux et de fils entremêlés sans queue ni tête. Lily se demandait à quelle catégorie appartenait l'invention de ce « Thomas ».

- Pourriez-vous me dire quand arriverons-nous au stand de votre ami ?, le questionna-t-elle. Elle essayait de parler de manière plus soutenue pour se fondre dans le décor, mais c'était un peu maladroit.

- Nous y seront sous peu, demoiselle. Mais dites-moi donc, d'où venez-vous ?

Elle pris quelques secondes pour réfléchir à la question mais ne voyait pas d'objection à dire la vérité. Elle venait d'un petit village méconnu à son époque, alors en 1889...

- Je viens de Frécourt !

- Voilà un pays qui m'est inconnu.. Où se trouve-t-il ?

Bingo, il pouvait pas être plus à côté de la plaque... D'un autre côté il avait l'air d'écarter d'emblée l'idée qu'elle venait de France. Comment répondre à cette question ? « Joue les idiotes », se dit-elle.

- Je ne sais pas trop où exactement. On a fait beaucoup de route avec mes parents pour venir !

- Oh ce n'est pas bien grave si vous ne savez pas. Une jeune dame ne saurait y connaître grand chose à la géographie de toute façon... Au vu de vos habits et de votre parlé français, je me doute bien qu'il s'agit d'un pays sous l'occupation française. Il doit figurer dans l'un de mes livres quelque part, je chercherai plus tard. Oh ! Voilà mon ami !

Lily marqua une pause et le regarda s'éloigner en ressentent une vague de colère déferler dans ses veines à ces dernières paroles. «Pas étonnant de la part d'un homme du 19è siècle, en même temps.» Elle tenta de se calmer et inspira un grand coup. Aussi médisant soit-il, elle ne pouvait pas se permettre de le laisser partir. Bien que ses propos ne soient pas justifiables, ils étaient liés à l'époque. Et même si à la sienne, les choses n'étaient pas parfaites, elle commençait à lui manquer... Pour ce qui était de l'ami de son guide par contre, Lily doutait qu'il ait pu le voir si ce Thomas avait bien le stand qu'il désignait. Les gens s'attroupaient devant son invention comme les papillons de nuit devant une lumière. Et à vrai dire, à mesure qu'elle s'approchait, elle comprit qu'il s'agissait plus de ça que ce qu'elle croyait. Dans la nuit qui commençait à tomber, ce stand paraissait être pourvu de dizaines de bougies qui illuminaient les visages des curieux, et un peu les leurs par la même occasion. Son accompagnateur essaya de hausser le ton afin de se faire entendre par son ami. Celui-ci finit enfin par les repérer et s'écria :

- Mon ami tu es finalement venu ! Laissez-les passer je vous pries braves gens, dit-il dans un français impeccable avec tout de fois un accent américain.

Non sans quelques grommellements, le groupe s'ouvrit alors en deux pour les laisser passer. Lily n'était pas très à l'aise d'être au centre de l'attention. Elle sentait les regards de tous ces gens sur eux et tenta de focaliser son attention sur autre chose tout en marchant vers le propriétaire du stand.