Chapitre 4

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Je n'avais pas prévu de me retrouver dans un bar dansant en plein milieu de ma ville, à voir Loïs se trémousser sur des musiques actuelles. Je ne sais plus à combien de verres nous sommes mais une chose est sûre c'est que je n'avais pas profiter de ma vie comme ça depuis... Mon visage vira au blanc, je senti la pièce tourner autour de moi. J'avais vraiment merdé sur ce coup là. Putain !
Je quitte le bar sur lequel j'étais accoudé et traverse la salle du bar qui s'est transformée en piste de danse improvisée pour rejoindre Loïs. Je lui tire la manche de sa chemise pour attirer son attention mais le voilà qui pose ses mains sur mes hanches pour me faire suivre son rythme effréné.

- Zéph ! Tu en as mis du temps ! Je pensais que j'allais devoir me trouver un nouveau partenaire...

Il fait une petite moue boudeuse. Je mors ma lèvre inférieure en culpabilisant légèrement. Je m'efforce de suivre ses mouvements avant de me pencher vers son oreille pour couvrir le bruit assourdissant de la musique. Son odeur envahit mes narines, je n'avais pas prêté attention à son parfum jusqu'ici. Elle est douce, légèrement épicée et entêtante. J'aime son odeur, même si à l'heure actuelle je sens plutôt une odeur de bière.

- Loïs il faut que je rentre maintenant, j'ai vraiment merdé...

- Quoi ? Qu'est ce que tu racontes ?

Il m'entoure de ses bras musclés avant de m'entraîner dans un coin du bar, histoire qu'il ne se casse pas la voix pour me parler. Son attention me touche particulièrement et une boule prend place dans mon ventre. Encore une fois, je ne sais pas ce qu'elle signifie mais elle me fait me sentir bien. C'est comme si des milliers de papillons prenaient place dans mon ventre, sans que je puisse contrôler quoique ce soit.

- Je..hm.. je te disais qu'il faut que je rentre maintenant...

-Tu ne t'amuses pas avec moi ?

Mes joues prennent feu, je le sens bien. Je me frotte le bras un peu honteux, ne sachant pas quoi lui répondre pour ne pas lui révéler mon secret.

- Non ce n'est pas ça, je m'amuse très bien avec toi, mais je commence à être fatigué et j'avais promis à ma mère de ne pas rentrer trop tard...

- Oh je vois, pas de soucis, je vais te ramener alors !

Il s'empare de mon bras tout en laissant glisser sa main pour attraper la mienne. Il m'accorde un regard compatissant, je ne ressens pas le moindre jugement de sa part, c'est vraiment agréable. Je ne saurais décrire ce que je ressens à cet instant mais ce qui est sur c'est que c'est une explosion de bonheur au creux de mon ventre. 

- Merci Zeph pour cette soirée. Je ne m'étais pas amusé comme ça depuis au moins cinq ans. Je ne sors plus beaucoup, j'ai beaucoup de chance d'être tombé sur toi.

Je tourne mon visage vers lui et lui accorde un sourire sincère. Je sens que dans sa déclaration il n'y a que de la joie et de la sincérité. Je m'arrête à ses côtés avant de l'attirer doucement vers moi, nos souffles à quelques centimètres.

- Je pense qu'on devrait se revoir... peut-être dans un endroit un peu plus... Intime?

Je suggère, me balançant sur mes deux pieds, un peu gêné de lui faire cette demande. Du haut de mes vingt-trois ans, je n'ai pas eu beaucoup de rencards, encore moins avec des garçons. J'ai toujours été un peu introverti à l'école, le seul moment où j'étais réellement moi même, c'était lorsque mes pieds foulaient le terrain de football. Je me sentais vivant, le public ne me faisait pas peur, bien au contraire. Mais tout retombait lorsque je quittais le terrain.

Je dois tout de même avouer que ses yeux bleus me transportent dans un tout autre univers. Il a ce genre de regard qui voit au-delà de votre âme, celui qu'on redoute de croiser car nous savons qu'il va nous lire intégralement. Mais ce soir je n'ai pas peur, j'ai réussi à me lancer.

- Je serais vraiment ravie de te revoir, dans un endroit plus intime.

Il me fait un clin d'œil et mon cœur commence à s'emballer. Mais cette fois ci ça ne me fait pas du bien, ça me transperce et ca fait mal. Je sens ma respiration s'accélérer et je ne peux plus rien contrôler. Il faut que je tienne, je n'habite pas très loin de ce bar en plus, je peux le faire. Je dois paraître normal. Je prends une grande inspiration et me broie les poumons de douleur et expire doucement.

Le temps presse.

Je lui affiche un petit sourire avant de prendre sa main et de l'entraîner vers ma rue. Je sens mes jambes trembler et mon cœur défaillant se fait de plus en plus discret. Ma vision se brume d'un voile noire. Et je peux affirmer que si votre vision vous joue des tours alors qu'il fait déjà nuit noire, ce n'est pas évident de faire comme si tout allait bien. Je manque de trébucher mais il me rattrape.

- Est ce que tout va bien ? Zéphyr, tu devrais t'appuyer sur moi, je pense que tu as un peu bu...

Je n'arrive pas à prononcer un mot, mais je passe mon bras autour de ses épaules pour lui indiquer que je prends son conseil en compte. L'excuse de l'alcool n'est pas trop mal. Nous continuons notre route, bras dessus bras dessous. Il ne reste plus qu'une seule rue à traverser.

Soudain, je pense à maman. Elle doit etre en train de m'attendre sur le canapé, morte d'inquiétude, enroulé dans son plaid blanc à pois orange. Je le trouve immonde, mais maman l'aime plus que tout. Je me souviens lui avoir offert pour la fête des mères lorsque j'avais douze ans. Un léger sourire se dessine sur mon visage. J'ai vraiment de la chance de l'avoir à mes côtés.

Nous approchons de ma maison, je me munis des dernières forces qu'il me reste pour me redresser et faire un signe à Loïs que ma maison trouve sur la droite. Mes jambes sont encore frêles mais elles tiennent bon.

- Voici ma maison... Pour le rendez-vous, on se dit mardi à vingt heures ici ?

- Vingt heures devant chez toi, ça me va.

Il m'accorde un joli sourire avant d'embrasser tendrement ma joue. Je soutiens son regard quelques instants avant de le détourner, gêné, le cœur battant à tout rompre. Mon cœur défaillant se détraque un peu plus en sa présence. Je m'empresse de rentrer, je claque la porte derrière moi, sans même un regard pour mon joli brun. J'entends ma mère venir vers moi, mais je suis déjà dans le trou noir. Je sens le parquet frais de l'entrée sur ma figure. Je n'ai pas pris mes médicaments, et mon corps me le rappelle. Heureusement, maman est là alors ça va aller...

LOÏS

En voilà un drôle de personnage. Pour commencer il me laisse au milieu du bus lorsque je le réveille, sans même un merci, et le voilà qui me claque la porte au nez, sans même un dernier regard.

Je dois avouer que j'ai passé une chouette soirée en sa compagnie. Ça m'a bien fait rire de voir que mon photographe était ce petit, grand, brun aux bouclettes bien définies. Lui qui m'avait abandonné à mon si triste sort dans le bus - j'exagère un peu je l'avoue - , je le retrouvais dans une agence de mannequinat.

Je reste planté devant sa porte un petit moment avant de tourner les talons. Je me plonge alors dans mes pensées en faisant le chemin inverse pour retrouver mon petit appartement, de l'autre côté de la Tamise. Je repense à ses grands yeux verts. Ils ont soif de découverte, ils aiment observer le monde. Il à l'air d'être un homme avide d'aventures, mais quelque chose dans son regard me bouleverse. Il y a une lueur étrange que je n'arrive pas à déchiffrer, et ça me plait.

J'ai rencontré beaucoup d'hommes et de femmes, et aucuns n'avaient réussi à autant retenir mon attention jusqu'ici. Du haut de ses vingt-trois ans, il arrive à me captiver. Je l'ai vu m'observer lorsque je dansais dans le bar, il n'a pas raté un seul de mes mouvements. Je le sais parce que je le regardais moi aussi. Son sourire est ressourçant.

Je me souviens parfaitement de son pantalon en lin noir. Une coupe droite qui lui allait parfaitement. Ses fesses étaient parfaitement moulées à l'intérieur - pervert - et il avait un t-shirt blanc cassé. D'ailleurs, je me souviens que ses biceps avaient du mal à trouver une place convenable dans ce dernier. Il est trop musclé pour porter un t-shirt comme ça, la prochaine fois que je le vois, je lui ferai la remarque.

Je pouffe de rire, seul au milieu de la rue, seul avec mes pensées un peu cochonne. Je crois que l'alcool commence à faire effet sur moi, je laisse mes émotions dépasser les limites. Je suis si heureux d'avoir trouvé quelqu'un qui me fait me sentir vivant.

Je suis vivant.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 27, 2023 ⏰

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