Chapitre 2

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Je monte dans le bus après avoir quitté mon domicile. Il fait particulièrement beau aujourd'hui et l'engin est moins rempli que d'habitude. Je crois que les gens préfèrent marcher lorsque le soleil se tient haut dans le ciel. Ce n'est pas plus mal, nous sommes moins entassés dans les transports en commun, ça rend le trajet plus soutenable.

Depuis que j'ai arrêté l'athlétisme à la suite de la découverte de ma maladie, je prends de moins en moins de temps pour moi, je ne me balade plus, je ne prends plus aucun plaisir à parcourir la ville. Bien que l'odeur matinale qui règne dans le parc de Kensington Gardens me manque, je n'y ai plus posé un pied depuis six longues années. Du haut de mes vingt-trois ans, j'ai peur de me balader dans un parc et de fondre en larmes en pensant à toutes ces foulées que je ne pourrais plus courir. C'est pathétique, je suis pathétique.

Je reporte mon attention sur mon téléphone, branchant les écouteurs en démarrant mon application de musique. J'ai trois quart d'heure devant moi, alors autant en profiter pour se reposer un peu. Je ne sais pas trop quoi écouter, il faut dire que ma playlist regorge de titres en tout genre. Niveau musique, je suis loin d'être compliqué, un rien me suffit. Mon choix s'arrête sur un groupe nommé Twenty One Pilots, en parcourant leur discographie, je me stoppe sur une musique qui fait écho en moi : Chlorine. C'est la première fois que je joue cette chanson et je me laisse bercer, porté par les paroles de la musique, comme ci elle avait été écrite spécialement pour moi.

Sippin' on straight chlorine
Let the vibes slide over me
This beat is a chemical, beat is a chemical
When I leave, don't save my seat
I'll be back when it's all complete
The moment is medical, moment is medical
Sippin' on straight chlorine

J'entrouvre les yeux en sentant une main sur mon épaule. Je regarde étrangement cette main, elle possède un anneau à l'annulaire et elle semble bien trop masculine pour appartenir à une femme. Mes yeux suivent le bras, remontant mon regard vers le propriétaire de cette main. Il m'adresse un sourire chaleureux en me demandant si tout va bien, intimidé par l'homme je fais un rapide geste de la tête.

-          Nous sommes au terminus du bus... je vous ai vu en train de dormir alors je me suis dis qu'il fallait venir vous réveiller.

Le terminus du bus ? Quand est-ce que je me suis endormi ? Mince, le patron va sévèrement me gronder, déjà que je ne suis pas très ponctuel, je vais surement y laisser mon stage ! avant même que l'homme ouvre la bouche une troisième fois, je m'empresse de prendre mon sac et de courir hors du bus. Il faut que je trouve un moyen de revenir en centre-ville le plus rapidement possible. Je décide de jeter un coup d'œil aux horaires : « Mince, le prochain bus est dans une heure... ». Ni une ni deux, je prends la décision de courir en direction de mon agence, au diable l'insuffisance cardiaque, je n'ai certainement pas envie de perdre mon poste.

« Bordel, saleté de cœur » c'est tout ce que je suis capable de souffler, épuisé par la course que je me suis infligé jusqu'au centre-ville. Je m'écroule sur le sol, n'étant plus capable de me tenir debout. J'halète bruyamment, étendu devant l'agence. Ça m'apprendra à m'endormir dans le bus.

-          Monsieur Miller, ne restez pas comme ça, attendez je vais vous aidez !

L'assistant de mon patron, Monsieur Thomas, m'aide à me relever avant de faire passer mon bras autour de ses épaules et de me tirer à l'intérieur. Il me pause sur le fauteuil dans le hall d'entrée. Pendant que je reprends doucement mais sûrement mon souffle, Kyle Parkson, aka le patron le plus dur du monde, arrive en trombe dans l'open-space pour me sermonner d'être arrivé avec plus d'une heure de retard. J'acquiesce fasse à ses réprimandes quand Lucas, l'assistant de Monsieur Parkson, se lève, visiblement très énervé.

-          Kyle, vous savez aussi bien que nous que Zéphir est atteint d'une maladie cardiaque. Si vous pouviez au moins prendre ça en considération avant de le gronder de cette manière !

Un long silence se reprend dans la pièce, en regardant le patron, je crois que même lui est impressionné par la prise de position de Lucas. Lui qui est d'habitude si calme, et si obéissant envers monsieur Parkson, venait de lui tenir tête.

-          Lucas tu sais ce n'est pas si grave... je lui souffle doucement en attrapant sa manche.

-          Non Zéphir, tu étais étendu sur le sol, transpirant et n'étant plus capable de respirer correctement et il vient te faire la morale alors que tu es un stagiaire exemplaire !

-          Monsieur Thomas, dans mon bureau, maintenant.

Le ton glacial refroidit toute la pièce. Je laisse tomber le bras de Lucas tout en l'observant se diriger dans le bureau de Kyle. L'ambiance se radoucit et je réussi à reprendre correctement mon souffle.

Après avoir adressé un sourire compatissant à la réceptionniste, je me dirige vers mon petit local pour voir mon agenda du jour. Je vois qu'on a un shooting de prévu en intérieur et en extérieur et je dois assister le photographe qui travaille ici à temps plein. Généralement, il me laisse toujours prendre des photos, surtout quand on est en extérieur, il dit que je ne me débrouille pas si mal pour « un lapin de trois semaine ». je l'aime bien, après de gros shooting, il m'emmène boire un verre. On s'entend vraiment bien et je dois avouer que je ne suis pas si insensible que ça à son charme. Je pouffe de rire, me sentant comme un enfant découvrant les joies de l'amour.

Zéphir !

- Justin ! tu es enfin là ! dis-je en enlaçant le jeune homme. Je vous présente le photographe dont je vous parlais tout à l'heure.

-  Parle pour toi, tu fais parler de toi dans toute l'agence, rétorqua le brun avant de rire avec moi.

Je vous présente Justin Parkson, le fils de Kyle, et bizarrement, il ne se ressemble pas du tout. Il a seulement trois ans de plus que moi, et cerise sur le gâteau, je fréquente la même école que lui.

-La personne qui à réservé pour le shooting vient d'arriver, va la voir histoire de te familiariser avec elle, me demande Justin tout en préparant les sacs des appareils photos.

- Oui chef ! je pouffe de rire avant de sortir du local en me redirigeant vers l'open-space.

Je me prépare mentalement à devoir parler à une personne qui m'est inconnue, je n'aime vraiment pas ça mais il faut bien que je m'y habitue. Je prends une profonde inspiration, relevant la tête vers la personne. Je déglutis rapidement en voyant qui se trouve, accoudé au comptoir. J'ai envie de disparaître de la surface de la terre.

Le monsieur du bus se tient là, tout sourire, alors que je l'ai laissé comme un malpropre une heure auparavant.

Last breathOù les histoires vivent. Découvrez maintenant