Chapitre 2 : Lendemain difficile

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Le lendemain matin, je me réveille avec un mal de crâne pas possible...

Il me faut quelques secondes pour me rendre compte que ce n'est ni mon lit, ni ma chambre universitaire, je suis encore chez les Altmers, dans la chambre que je possède chez eux...

Pourquoi quelqu'un... a enlevé mes chaussures ?

Une odeur nauséabonde plane dans l'air, ce qui me donne de nouvelles nausées.
Voyant un verre d'eau sur la table, je l'avale goulument, j'attends encore un peu le temps d'émerger de cette brume, mon cerveau martèle dans ma boîte crânienne, c'est atroce.
Mais je décide quand même de me lever. Au moment où je pose le pied à terre, la porte s'ouvre sur le majordome de la famille : Alfred.

"Bonjour Monsieur Lorwyn, je vous annonce que vous devez partir pour votre rendez-vous dans trente minutes. Monsieur Altmers vous attend déjà dans le salon. Il vous prie de vous dépêcher de vous préparer..."

Merde !! Le rendez-vous pour le contrat elfique avec le Magistrat !!!

J'avais l'intention d'y échapper à la base, ça va être chaud de l'esquiver désormais.
Quel ennui ! Ça ne sert à rien, c'est juste pour me dire que mon contrat avec mon tuteur légal est fini. Mais je l'avais compris ça ! Je ne suis pas bête à ce point.

"On vous a préparé une tenue pour le rendez-vous, elle est posée dans votre salle de bain. On devait vous la faire livrer à la résidence ce matin."

"Alfred je ne pense pas qu'il soit nécessaire de me rendre à ce rendez-vous. Pouvez-vous prévenir Monsieur Altmers que je ne me sens pas en forme pour y aller, mais qu'il pourra me faire un topo lors de notre rendez-vous mensuel qui a lieu la semaine prochaine ?"
Lui dis-je en rassemblant mes chaussures pour les enfiler. Je me doucherai chez moi.

"Malheureusement Monsieur Le Duc Altmers m'a fait savoir que votre présence est indispensable, et vous demande de vous préparer expressément. Le retard n'est pas permis."

"Quoi ?"

"C'est un rendez-vous obligatoire vous devez vous y rendre..."

"Obligatoire...pfff... Quel ennui ! D'accord, si je pouvais avoir un remède contre la gueule de bois, ce serait sympa."

"Je vous prépare ça"

Cette histoire ne va pas arranger mon mal de crâne. Je soupire de mécontentement puis j'enlève mes chaussures que je venais d'enfiler et entre rapidement dans la salle de bain. La douche m'aidera peut-être à me réveiller. Tandis que j'enlève mon pantalon en coton et ma chemise en lin naturel, ceux-ci disparaissent dès qu'ils touchent le sol.


Le professionnalisme de ce majordome est effrayant, à croire qu'il ne supporte pas qu'un seul vêtement sale traîne par terre. La douche m'aide un peu, mais je ne peux pas rester longtemps et je me dépêche de sortir.
Après m'être séché, je me regarde rapidement dans le miroir. Je suis plutôt de taille moyenne, ma peau est légèrement dorée par le soleil et mes cheveux sont bruns. Et j'ai des yeux en amande d'un vert émeraude profond.
J'ouvre la housse de vêtements qui est suspendue contre le mur et fais un bond.

C'est bizarre, c'est une belle tenue et officielle, c'est même "trop" officielle.

Il y a même mon diadème Sylvestre dans lequel quelques fleurs fraîches ont été tressées. Ce diadème se transmet de génération en génération, je l'ai reçu de mon père.

Mais évidemment je n'en garde aucun souvenir.

Il m'arrive souvent de chercher au fond de ma mémoire un nouveau souvenir, un indice qui pourrait m'être révélateur, mais il n'y a rien de nouveau. Il ne me reste que deux uniques souvenirs de mon passé, c'est tellement peu...

Ma mère était brune, ses cheveux étaient extrêmement longs et soyeux. Ses yeux étaient d'un vert émeraude profond, tout comme les miens, et elle avait un magnifique sourire. Sa robe en satin était toujours très douce, son âme dégageait une sérénité apaisante et sa voix était très mélodieuse.

Mon père, lui aussi brun, avait les cheveux très longs, mais ses yeux étaient marrons. Il portait des vêtements simples, faits de lin et de cuir. J'adorais son odeur. Ses bras étaient ornés de tatouages tribaux entrelacés de mots elfiques. Il aimait accompagner les chants de ma mère avec une flûte elfique.

Dans le seul souvenir que j'ai d'eux et que je chéris le plus, je les revois tous les deux, Maman me chantant une chanson de sa belle voix et Papa l'accompagnant avec sa flûte. C'était si beau.
A travers ce souvenir, il m'arrive parfois de ressentir la sérénité de ma mère ou l'odeur de mon père.

On m'avait raconté qu'il y a trente cinq ans environ, mon père avait été tué à la guerre par un nain malfaisant, ce qui a plongé ma mère dans un désespoir sans retour. Elle serait décédée de mélancolie en quelques jours. C'est durant cette semaine tragique que j'ai perdu la mémoire.

On m'a retrouvé inconscient dans sa chambre à côté de son cadavre. Puis j'ai été hospitalisé chez les Altmers pendant une très longue période car j'ai été très malade suite à ce bouleversement.

Mais cette perte de mémoire ne reste pas normale, j'ai été voir beaucoup de guérisseurs des émotions et des spécialistes de l'esprit elfique, j'ai eu des tonnes de rendez-vous. Tout le monde s'accorde à dire que je n'ai pas enfoui mes souvenirs au fond de moi, ils ont juste complètement disparu, mon cerveau était devenu pratiquement vide comme celui d'un nouveau-né.

Étant l'un des seuls représentant du peuple Elfique de la Forêt, je ne dois porter mon diadème qu'en cas de cérémonie officielle. Je ne l'ai jamais porté depuis ma perte de mémoire, je n'ai pas pu le mettre à l'enterrement de mes parents, car j'étais malade et alité.

Et je ne l'avais même pas mis pendant la lecture du contrat de tutorat avec les Altmers.
Pourquoi dois-je le mettre aujourd'hui ?

N'ayant que ça à me mettre sous la main, j'enfile ma tunique émeraude et argent, enfile le slim beige, boucle la ceinture en cuir ornée de pierre autour de ma taille, puis prends mon diadème dans la main.

Tiens, où est mon sac ? Je crois que mon VerdiPhone est dedans, il doit se trouver au rez-de-chaussée.

J'ouvre la porte en grand et descends rapidement les escaliers. La grande horloge m'indique 7h33. La famille Altmers au complet m'attend déjà près de la porte d'entrée. Ils sont également en tenue officielle et portent leur diadème de Haut Elfe du royaume, leur tunique est de couleur bleue et argent, leur slim est blanc et leur ceinture brille de mille feux.
Leur tenue est tellement plus belle que la mienne. La mère de Matthew, Myra est très jolie, c'est une ancienne Elfe divine, et ses cheveux sont aussi dorés que ceux de son fils.
Tandis que je descends les escaliers, j'entends des bribes de leur conversation.

"...mais je ne comprends toujours pas pourquoi je dois venir aussi et pourquoi avec cette tenue, en plus..."

"Fais juste ce qu'on te dit et tais toi."

"....mais papa, je sens que tu prépares un truc bizarre.."

"Tu as failli être à l'heure. Si ça avait été le cas, je t'aurais félicité," me dit Matthew en me voyant arriver à leur hauteur.

"Tu n'as pas vu mon sac ? Je n'ai pas mon VerdiPhone," demandé-je en ignorant complètement sa remarque.

"Là où on va tu n'en as pas besoin. Matthew a laissé le sien dans sa chambre. On y va maintenant sinon on va être en retard... Mets ton diadème et dépêche-toi de boire ton remède".

Le majordome me tend un grand verre, que j'avale d'une traite. En général, ce genre de breuvage fait rapidement effet...

"Pourquoi sommes-nous en tenue officielle pour la lecture d'un contrat ?"

Falcar ignore royalement ma question en ouvrant la porte d'entrée et en disant :

"Alfred nous partons !"

"Bien Monsieur Le Duc, passez une agréable et magnifique journée ..." lui répond-il.

*** 

Merci à la plus jolie des Fleurs pour cette correction 

Le mariage ElfiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant