Lendemain de veille

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Chapitre 2

Lendemain de veille

Pièce inconnue, Gaspésie

Une fissure s'engouffrait dans sa tête comme le faisait la fosse des Mariannes dans l'océan Pacifique. Les yeux "dans la graisse de bines", il tenta d'ouvrir ses paupières. Il pouvait déjà sentir le soleil brûler sa rétine. La bouche sèche, pâteuse. On aurait dit qu'il avait mangé du sable avant de se coucher. Un désert buccal.

Le tissu était rugueux, un motif se dessinait au bout de ses doigts, ce n'était pas sa couverture. D'un geste précipité il ouvrit les yeux...

Ouff ! Il était chez sa mère, elle habitait à quelques pas de la taverne et Vincent finissait souvent là, après les soirées de grande soif. Silence radio. Aucun souvenir clair ne revenait à lui , des bouts de soirée s'empilaient dans sa tête comme des bouquins sur une table de chevet, mais rien de précis arrivait à lui rappeler ce qu'il s'était passé la nuit dernière.

Après être revenu à lui-même il était descendu et sur la table un petit mot traînait.

Bon matin, mon GRAND bébé. Je t'ai laissé un p'tit plat de macaroni dans le frigdaire.

Ta Mère qui t'aime !

Pendant qu'à l'intérieur de la boîte à ondes, son p'tit plat réchauffait , Vincent remettait en ordre ses souvenirs pêle-mêles. L'idée d'avoir son propre "Camion-Bistro" lui semblait de plus en plus intéressante. Après tout il aimait cuisiner et ses potes étaient tous d'accord, Il était le cook de Mont-Saint-Pierre. Sa job de picouilles dans l'usine, lui donnait l'impression de tourner en rond comme les pales d'éolienne qu'il fabriquait, mais il restait un problème dans l'équation. Le budget.

Son compte affichait un solde de 3 451,78$ Le gars, avait parlé de 7000$, ça lui prenait aussi un fond pour les premières commandes, les rénovations, le graphiste qui s'occuperait du logo, les pubs sur les réseaux et pleins d'autres dépense auxquels il ferait face tout au long du projet. Sa mère pourrait peut-être l'aider, elle avait sûrement un peu de réserve. Mais le laisserait-elle partir ? Félix , lui, pourrait faire les rénovations avec Vincent et faire shiner  le camion qui lui servirait de prétexte à voyager et vivre de sa passion.

Il attendait sa mère depuis trois bonne heures déjà. Il rêvait depuis longtemps de se lancer en affaires , mais comment ? Ce n'est pas tous les jours qu'un inconnu dans un bar vous offre la chance de votre vie... Il ne pouvait pas la rater.

«- Ça peut pas être pire qu'à l'usine ! pensa-t-il. Il faudrait que je trouve un nom, que je décide du menu, que je trouve des fournisseurs... La compagnie j'déclare ça où ? moi.»

Une chance, sa mère l'aiderait à répondre à toutes ces questions, elle avait déjà eu une petite compagnie de savon naturel, dans son jeune temps, à Montréal. À l'époque, avant d'avoir Vincent et de déménager en Gaspésie, avec le père de son GRAND bébé, elle avait grandi en ville. Elle adorait sans doute déjà la nature, car elle aussi allait à l'érablière profiter de la cabane à sucre chaque année avec son père et toute la famille Simard. La petite Nancy, la plus jeune de la famille, la septième avec 6 frères et sœurs qu'il voyait dans le temps des fêtes. Nancy était très proche de sa famille, c'était une valeurs indiscutable à ses yeux. Elle travaillait maintenant dans le parc national de la Gaspésie. Son emploi de Garde-forestière la satisfaisait pleinement. Les immeubles à logement et les ruelles où elle jouait, petite, étaient maintenant loin derrière. Autant par le temps que la distance

- Salut, mon petit loup.

- Salut, maman.

- Pas trop dure le réveille ? haha.

Virée dans l'ouestOù les histoires vivent. Découvrez maintenant