Chapitre 4

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Le lendemain, comme tous ses jours de congé où il n'avait pas de rendez-vous, il s'était levé tard et avait passé son temps à danser, inventant mille et une façon de courber tout son corps, allant jusqu'au bout de ses doigts, qu'il laissait s'étendre aussi loin que possible pour exprimer sa créativité. Ainsi, il oubliait tout.

Malgré tout, la réalité reprend toujours le dessus !

MinHo avait passé un très bon lundi avec son ami JiSung qu'il voyait dès qu'il avait des jours de vacances, leurs emplois du temps ne permettant pas beaucoup d'horaires de libre en commun. Il avait pu dépenser un peu d'argent et ils avaient discuté de leur passion pour la danse, faisant le tour de la ville en rigolant.

Mais le mardi, MinHo avait rendez-vous chez son psychologue... Habituellement, son "ami" venait le chercher après sa séance car MinHo avait peur d'en ressortir en pleurs ou en trop mauvais état pour se montrer dans le bus et face à des inconnus. Pourtant, cette fois, il avait envoyé un message à son "ami" pour annuler sa venue. Sur le chemin le menant à sa séance, il avait conscience que le sujet du jour concernerait les événements des derniers jours. La femme qui le traîte connaissait déjà beaucoup de détails de sa vie et l'aidait à se sentir mieux dans sa vie de tous les jours, lui répétant encore et encore qu'il était une bonne personne.

La séance avait commencé par un habituel < Comment allez-vous ? > et MinHo avait parlé... beaucoup parlé... Puis un silence s'était installé, jusqu'à ce que la femme prononce les mots que MinHo redoutait. < Vous m'avez l'air perturbé, je sens que quelque chose vous tracasse. > Alors MinHo avait dit un mot... avant de s'arrêter... puis, tout en braquant ses yeux sur le grand tableau présent dans la salle, évitant le regard pourtant doux et apaisant de la femme, il se mit à parler. Il déballait tout, se libérant la conscience des images qui tournent en boucle dans sa tête, et se rendant compte petit à petit de ce qu'il avait vécu.

Après un court silence, la femme acheva MinHo, posant des mots qu'il ne pouvait nier :

< Vous avez vécu un viol MinHo. Un viol dans votre intimité. C'est une agression sexuelle, même s'il ne vous a pas touché. >

Inconsciemment, MinHo le savait. Même si ce mot n'a jamais voulu paraître dans ses pensées, au fond de lui ce mot mettait le doigt sur la violence des propos et de ce coup de poing que MinHo avait ressenti.

L'un de ses objectifs pour la prochaine séance était bien entendu de mettre un arrêt direct et immédiat à sa relation avec son "ami".

MinHo était alors rentré chez lui, à pied et en bus, tout en appelant Félix, afin de lui donner des nouvelles du rendez-vous. Bien entendu, il n'avait pas évoqué son "ami" car MinHo ressentait trop de honte et de dégoût, même si rien ne le laissait paraître dans sa voix enjouée et jouée. Celle-ci contredisant les sentiments négatifs qui faisaient battre son cœur plus vite que la normale. De là, chez lui, il ne souhaitait qu'une seule chose : danser. Ce qu'il avait fait, encore et encore, s'épuisant à nouveau, alors qu'il était censé se reposer.

Le lendemain, il avait répondu tardivement et brièvement au message de son "ami" : < Ça a été ton rendez-vous ? > par un < Oui >, puis c'était remis à danser tout en caressant de temps à autres le chat de sa voisine qui l'observait en remuant sa queue et les pattes repliées sous lui. Les images revenaient souvent dans sa tête, plus longuement, plus précises, et lui faisant maintenant bien mal depuis qu'il avait pu mettre un mot sur ce qui s'était passé. Malgré tout, le samedi soir, bien heureux, il avait enfin terminé sa nouvelle chorégraphie et il partit se coucher le sourire aux lèvres depuis bien longtemps.

Pourtant... alors qu'il se réveillait tranquillement avec le chat sur son lit, avait pris un petit-déjeuner et avait commencé à revoir les derniers détails de sa chorégraphie afin de la publier sur sa chaîne YouTube, se filmant encore et encore, il avait reçu un appel de son "ami".

Là, c'était la panique !

Quand il appelait, c'est qu'il n'allait pas bien et qu'il lui demandait généralement de passer chez MinHo. Quand c'était le cas, c'était qu'il y avait de fortes chances qu'il soit déjà devant sa porte. Non ! Pas pendant son dernier jour de congé ! Il savait qu'il allait se sentir mal au travail, il se connaissait trop bien. Non, il ne pouvait pas entendre le son de sa voix. Non. Il ne pouvait plus...

L'appel s'était terminé et quelques secondes après, un SMS annonçant un message vocal s'était affiché. Chose rare, il était vrai. Toujours silencieusement, de peur que quelqu'un soit derrière sa porte, MinHo s'était assis au milieu de sa salle de danse sans bouger, sentant son cœur battre aussi vite que lorsqu'il danse mais de manière différente, cette fois angoissé.

Posant le téléphone à son oreille, il entendit la voix de son "ami" lui demander de le rappeler rapidement avec une voix indiquant son mal-être. Puis, il reçut un SMS annonçant la mort de l'un de ses chats que MinHo appréciait beaucoup. Pendant un court instant, il fut tiraillé entre appeler son "ami" pour parler du vieil animal et faire l'absent. Frôlant la crise de panique en s'imaginant avec son "ami" au téléphone, il n'avait pas répondu. Aussi, un sentiment de colère le prenait : pourquoi devait-il à nouveau le consoler ? Il avait détruit quelque chose en lui et son "ami" continuait de le solliciter. Même si MinHo adore vraiment les chats, il s'était mis à penser que la peine de son ami était ridicule, qu'il pouvait passer à autre chose rapidement, mais MinHo, non.

Après un temps qu'il considérait suffisant, MinHo s'était levé pour rejoindre sa chambre et plus précisément son lit, se couvrant le corps de sa couette. Ça y est, ses pensées ne tournaient plus qu'autour de sentiments négatifs. Il avait tenté de lire ! Mais les histoires disparaissaient pour laisser place à des lignes de mots, vides de sens et de valeurs. Il n'avait plus envie de danser ! Même un drama ne le tentait pas : les personnages parlaient sans que MinHo ne puisse comprendre le moindre mot. Alors il s'était assis au bord de son lit, la tête basse et les poings liés entre eux. Il savait qu'il allait passer une mauvaise nuit, il savait qu'il était en train de plonger à nouveau et il puisait dans ses dernières forces mentales pour garder la tête hors de l'eau.



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(1060 mots)


Autant MinHo semblait le savoir mais ne disait rien. Autant quand on met un mot sur l'action, son esprit prend conscience de ce qu'il a subit. 

Bonne semaine.




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