Cinq jours. Je suis enfermée dans cette chambre depuis cinq jours. Enfin je crois que ça fait cinq jours... il n'y a pas d'horloge dans la pièce. Les deux seules choses qui me donnent un semblant de notion du temps sont le coucher du soleil et les repas que l'on m'apporte.
Elinor, la femme qui m'apporte ces repas, est l'une des seules interactions humaines que j'ai. Elle doit être dans la cinquantaine et ses cheveux sont légèrement poivre et sel. Sa peau est aussi claire que la mienne mais parfaitement complimentée par le blanc de sa robe, symbole de sa tenue de travail. Bien évidement, je l'ai forcée à gouter chaque petit plat et à attendre une bonne demi-heure avant de la laisser partir. C'est la seule façon de me faire manger. Je n'aurais pas touché à la nourriture autrement, par peur d'empoissonnement.
Même si je suis en prison, je dois avouer que ma cellule est plutôt chaleureuse. Mes draps sont changés tous les jours, j'ai des repas chauds, je peux prendre autant de bains moussants que je le veux et le dressing a été rempli de vêtements plus colorés les uns que les autres. La mode de Claustra est foncièrement différente de celle de Normalis. Ici, d'après ce que j'ai vu, les couleurs vivent et les strass sont privilégiés.
Je n'entends toujours rien, ni à travers la double porte, si à travers la fenêtre qui est toujours floutée. Dans les quelques malheureuses heures que je passe avec elle chaque jour, Elinor m'a expliqué que c'était une illusion. Je n'ai pas eut besoin d'aide pour deviner que Rahsaan en était responsable. Elle m'a aussi expliqué que je me trouve au château des commandants de l'armada du roi Khiron. Ce château sert de maison aux cinq commandants des armées du roi et de base d'entrainement pour les soldats. À eux cinq, ils forment l'armada de Claustra. Une armada. À ce mot j'ai cru halluciner. Claustra existe. Vitalis existe. Et ils ont cinq armées. Cinq armées qui font une armada. J'ai encore du mal a le croire.
D'après Elinor, le rouge est la couleur qui me va le mieux, la couleur de la royauté, et, apparement, ça en dit long sur moi. Mais me voir dans des vêtements aussi extravagants a été très choquant au début. Aujourd'hui, je commence à m'y faire. Les paillettes, en revanche... pas mon style. Peut importe sous quelle forme, je n'aime pas les porter. Le maquillage, je pense que je pourrais m'y faire un jour. Mais pour l'instant, je refuse d'en porter au delà des joues et des yeux. Je n'ai pas l'habitude de mettre du rouge à lèvre et j'en met absolument partout à chaque fois. D'ailleurs, je ne comprends toujours pas pourquoi je dois me préparer si je ne sors pas de cette chambre. Elinor me dit que c'est une forme de respect pour Lazare, "Commandant Lazare" comme elle l'appelle. Mais je ne le respecte pas. Il a attaqué ma mère, m'a kidnappée, lit dans mes pensées et me rend absolument hystérique. Je le déteste.
Depuis cinq jours, tous les jours après mon déjeuner, Lazare vient me voir. Mais cette fois-ci, quand Elinor vient m'apporter mon plateau repas, il la suit. Elle pose le plateau sur la coiffeuse en bois mais quand je lui fait signe de gouter les petits poids et le morceau de poisson, Lazare l'en empêche et lui dit de partir. Je m'assois en soupirant et croise les bras sur ma poitrine, agacée.
— Si je voulais t'empoisonner, ce serait déjà fait, il déclare. Et de toutes façons, je peux contrôler ton esprit si je le veux ; j'ai pas besoin de t'empoisonner.
Je le regarde de haut en bas. Sa tenue est toujours la même. Une chemise blanche rentrée dans son pantalon fluide vert et une longue veste verte, brodée de perles dorées. Ses cheveux sont mi-longs et coiffés hors de son visage. Une simple mèche châtain clair tombe sur ses yeux, du même vert que ses habits. Un vert foncé, comme la foret près de la frontière entre Normalis et Potest.
— Bonjour, Séraphine. As-tu bien dormi ?
Tous les jours, Lazare vient et essaye de me rallier à leur cause. Il a beau m'expliquer qu'ils ont besoin de moi, qu'ils ne sont pas comme Potest, qu'ils ne me torturerons jamais etcétéra, etcétéra, je refuse à chaque fois. Et comme tous les jours, je lui répond simplement :
VOUS LISEZ
THE WILLING
ParanormalDans un monde où la magie est de retour se trouve Oasis, un petit pays divisé en trois royaumes se faisant la guerre pour un idéal. Potest, qui utilise la magie comme une arme, Claustra, qui utilisait la magie comme une essence de la vie mais qui a...