Riva - Tome deux

Le jeu

Mes parents et Andrea sont partis quelques heures plus tard. La soirée s'est très bien passée, tout le monde était détendu et je n'ai senti aucune tension apparente. Lucie, un peu éméchée, propose de faire un jeu.

- Et si on jouait à action ou vérité ?
- Lulu, on n'a plus 15 ans ...
- Mais allez c'est drôle ! C'est pas parce que tu as 25 ans que tu es obligée de te prendre au sérieux !
- Tu veux jouer Charles ? Tu n'es pas trop fatigué de ton week-end de course ?
- J'ai eu l'air d'être fatigué tout à l'heure ?

Son clin d'œil me ramène directement dans la voiture et je me mets à rougir.
Pierre semble saisir notre échange et se rapproche de moi.

- Allez, je sens qu'on va se marrer Dupré.

Charles ne dit rien mais je le sens se tendre à mes côtés lorsqu'il passe le bras dans mon dos pour me rapprocher de lui.

Quelques minutes plus tard, nous sommes tous autour de la table, avec une bouteille vide au centre.

- Allez c'est parti ! Je fais tourner la bouteille et on commence par .... Charles !
- Action ou vérité ?
- Action.
- Finis cul sec ton verre.
- Je viens de le remplir Lucie.
- Et ?

Charles n'est pas du genre à reculer face à un défi. Il boit donc son verre cul sec. Je sens que ce jeu ne va pas être très intelligent.

- À mon tour de tourner... oh tiens, Louise.
- Action.
- Je suis obligé de la dire devant vous ou je peux la garder pour plus tard ?

Vu son sourire quand il pose sa question, il n'a visiblement pas été rassasié de l'épisode de la voiture.
Pierre, qui est en face de moi, ne rit pas vraiment à cette blague.

- T'es bête. Je change en vérité du coup !
- Si tu le permets Charlot, j'ai une vérité pour Louise.
- Vas-y Pierre, je t'en prie. - dit Charles toujours aussi tendu.
- Si tu devais désigner le meilleur coup entre Charles et moi, ce serait qui ?

Tout le monde s'est arrêté de respirer. Je pensais que Charles allait intervenir, mais non, il se tourne vers moi, comme si il attendait une réponse. C'est Lucie qui vient à ma rescousse.

- Vous avez vraiment toujours besoin de vous la comparer vous les mecs. Ne réponds pas Louise, je mets mon veto sur cette question.
- De quel droit ?
- Parce que j'ai initié le jeu donc je décide. Et pour la peine je fais tourner la bouteille ... et bien à toi Pierre ! Action ou vérité ?
- Vérité.
- Mmh je réfléchis. Quel est ton plus grand regret ?
- Ne pas avoir su si le bébé était de moi.
- De quel bébé tu parles ? - Dit Lucie.

Ça en est de trop pour Charles qui se lève et pointe son doigt vers Pierre.

- Tu m'en veux pour l'accident, je comprends. Mais tu vas trop loin là, Pierre. Je vais pas t'en coller une, j'ai trop de respect pour nos années d'amitié. Mais je ne veux plus te voir ici.

Je m'enfonce dans mon siège, choquée de ce qui est en train de se passer. Lucie me regarde d'un air triste car elle comprend la peine à travers laquelle j'ai dû passer. Carlos regarde ses chaussures, ne sachant pas où se mettre.

- Tu la mérites pas. Tu vas tout faire foirer.
- Mais qu'est ce que tu en sais ? Vous avez passé un mois et demi ensemble, comment tu peux savoir ce qui est mieux pour elle que moi ?
- Au moins je l'ai pas fait pleurer pendant un mois et demi et je lui ai pas non plus causé un accident qui aurait pu la tuer.
- C'était un accident ! Arrête de remettre tout sur mon dos.
- Accident qui n'aurait pas eu lieu si tu l'avais pas fait fuir ce soir là.
- En attendant c'est moi qui l'ai demandé en mariage et pas toi.
- Pardon ?! - Lance Lucie.

Charles n'avait pas bougé et pourtant on aurait dit qu'il venait de mettre un uppercut à Pierre, qui recule même d'un pas, choqué.
Ce dernier se tourne vers moi.

- C'est vrai Louise ?

Je ne dis rien, lève les yeux vers lui, remplis de larmes. Il saisit sa veste et sort de l'appartement de Charles. Je ne sais pas encore pourquoi mais je le suis dehors. Charles n'essaye pas de me retenir.

Une fois dehors, je le rattrape par le bras.

- Pierre, attends !
- Il t'a demandé en mariage ? C'est une blague j'espère ?
- Non c'est vrai, mais c'est plus compliqué.
- Ca m'a l'air plutôt simple pourtant. J'arrive pas à croire que tu vas te marier avec lui.
- Je n'ai pas dit oui.
- Comment ça ?
- Je n'ai pas dit oui à sa demande.

Une lueur d'espoir que je connais que trop bien passe dans son regard.

- Pourquoi ?
- Pour plusieurs raisons, mais ça ne te regarde pas.
- Tu es sure de ça ?

Nos regards se croisent et cette tension électrique entre nous que je pensais éteinte, se rallume. Il avance vers moi pour rendre l'espace entre nous plus petit.

- Louise, je vais te poser la question une seule fois. Si c'est non, tu ne me verras plus, je te promets de laisser tomber. Est ce que tu m'aimes ?