Remus

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—Il fait chaud ! Lança Marlène alors qu'il la croisait sur le palier de leur appartement.

Elle avait quitté la maison même pas une minute auparavant et y pénétrait de nouveau pour y lancer sa veste dans l'entrée.

—Attends ! Remus lui tendit la sienne qu'elle jeta également dans le couloir de leur appartement avant de refermer la porte.

Il se retint de tout commentaire sur le fait de malmener des affaires et lui sourit à la place. Elle passa rapidement à côté de lui et dévala les escaliers rapidement.

—A demain, Moony ! Merci pour la lessive ! Je t'aime plus que l'univers entier !

Il s'entendit lui répondre qu'elle ne l'aimait que parce qu'il lui rendait service, mais sa tignasse blonde disparaissait déjà au palier suivant, au rythme effréné de ses talons sur les marches.

Ça aurait dû être le dimanche de Marlène, mais elle avait eu quelque chose de plus intéressant de prévu ce soir-là, et Remus ne résistait pas longtemps à ses yeux bleu lagon qu'elle faisait dramatiquement cligner pour obtenir ce qu'elle voulait. Puis, ça ne le dérangeait pas d'aller jusqu'à la laverie. La marche de leur appartement jusqu'à là-bas était plutôt agréable et l'air était, en effet, bien plus doux que ce qu'il ne l'était il y a quelques jours. Remus appréciait l'air chaud et le fait de devoir commencer petit à petit à laisser tomber ses vestes et cardigans.

Ils allaient toujours à la laverie assez tard, comme ça, ils étaient sûrs d'y être tranquilles et chacun pouvait vaquer à ses occupations tout en attendant que leur linge soit propre et sec. Souvent, ils y allaient tous les deux, et passaient leur fin de soirée entre ces vieux murs bleus délavés de la même manière qu'ils le faisaient chez eux : en refaisant le monde.

Il n'était pas seul, ce soir. Quelqu'un attendait devant la laverie, la tête rivée vers les étoiles crachant des ronds de fumée dans leur direction.

Remus ne l'avait jamais vu ici. Il n'avait pas l'air du genre à traîner dans des lavomatiques. Bien au contraire. Peut-être était-il nouveau dans le quartier et n'avait pas eu le temps de meubler son appartement. Même si, cela paraissait peu probable.

Il détestait les gens qui tiraient des conclusions hâtives sur les autres et voilà qu'il venait d'en faire de même. Il secoua la tête et lança un "bonsoir" auquel il n'obtint aucune réponse. Ni même un regard. Remus ne s'en offusqua pas et se dirigea vers la machine à laver que Marlène avait un jour décrétée comme étant la leur.

Il se retourna quand un bruit sourd de chaussures retentit dans son dos et manqua de s'étouffer avec sa salive comme un imbécile en croisant le regard du garçon de l'extérieur.

Ses yeux étaient renversants.

Il était renversant.

Il était absolument magnifique.

Il tâcha de lui sourire, de la manière la moins étrange possible, puis il se retourna pour fermer son hublot en espérant ne pas avoir été trop ridicule à le fixer tel un demeuré. ll prit une grande inspiration et partit payer sa machine.

Il s'était installé en plein milieu de la banquette, son sac à dos Dr. Martens noir à côté de lui. Il avait du se rendre compte de sa présence car il riva ses yeux gris tout droit dans les siens, et Remus eut l'impression qu'ils venaient de transpercer son âme. Il pointa du doigt la place à côté de lui tout en articulant "je peux ? »

Il le vit attraper son sac à dos et le faire voler de l'autre côté de la banquette tout en se décalant en répondant "pas de problème".

Mince, ce que sa voix était belle.

Laundry DayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant