combustible

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combustible : nom masculin
1. matière capable de brûler au contact du dioxygène ou d'un gaz contenant du dioxygène, en produisant une quantité de chaleur utilisable.

...

Les fenêtres sont grandes ouvertes. L'air s'engouffre dans l'habitacle, rendant la chaleur bien plus supportable à l'intérieur du véhicule qui file sur l'autoroute du sud de la France. Le bruit est assourdissant, infernal. Il suffirait à Charles Leclerc de remonter les vitres et de mettre la climatisation à fond. Mais il a besoin de se vider la tête. Ou d'empêcher ses pensées d'envahir son esprit.

Il ne sait plus trop.

Peut-être, qu'après tout, ce son qui lui broie les tympans est sa punition. Celle qu'il s'inflige à lui-même pour s'être enfui du Rocher et avoir laissé une situation instable derrière lui. Il chasse une larme qui coule sur sa joue et qui s'écrase dans sa barbe piquante. Il ne devrait pas passer une minute de plus à pleurer.

Tout a une nouvelle fois explosé.
Tout devrait être déjà terminé.

Mais à nouveau, il n'a pas eu la force de clôturer ce chapitre de sa vie.

Ses jointures blanchissent lorsqu'il serre un peu plus ses doigts autour du cuir. Il n'a pourtant pas besoin de se cramponner ainsi au volant de sa Ferrari dernier cri qui se conduit de manière très agréable. Mais le jeune pilote a besoin de retrouver des sensations agressives semblables à celles qu'il aime en course. Alors, il se contente d'espérer que les quelques jours qui le séparent du grand prix de France filent à toute allure pour qu'il puisse enfin se glisser à l'intérieur de l'habitacle de sa monoplace.

Et laisser tous ses ennuis derrière lui.

Charles quitte l'autoroute pour s'engouffrer dans la ville de Saint-Cyr-Sur-Mer. Il se laisse guider par son GPS pour trouver l'hôtel qu'il a sélectionné au hasard en quittant Monaco. C'était un choix risqué de se déplacer avec sa Ferrari Pista qui est si reconnaissable, floquée du drapeau de sa nationalité, à quelques jours du grand prix qui se tient dans la région. Mais le jeune homme n'a pas vraiment réfléchi.

Il ne supportait plus les cris. Il ne supportait plus les larmes. Il ne supportait plus cette discussion de sourds qui employait toujours les mêmes arguments, de part et d'autre, sans évolution ni amélioration. Alors, en vitesse, il a fourré négligemment les vêtements qui lui tombaient sous la main dans sa valise avant d'attraper ses clés de voiture et de claquer la porte de son propre appartement.

Partir semblait être la dernière solution qui lui restait. Et pourtant, alors qu'il est allongé sur l'épais matelas de la luxueuse chambre d'hôtel, il constate que rien n'a réellement changé. Ses problèmes et ses pensées restent désespérément emmêlées, l'empêchant de trouver le sommeil salvateur et libérateur.

Dans un profond soupir, il repousse la couette qui repose sur son corps à demi-nu. Le monégasque enfile une casquette et un large sweat à capuche noir, malgré la chaleur écrasante de ce mois de juillet. Il complète sa tenue par des lunettes de soleil, espérant que son accoutrement décalé n'attirera pas l'attention.

Il emprunte l'escalier avant de disparaître derrière une porte de service indiquée par le personnel à son arrivée. Dehors, l'atmosphère est étouffante. Charles sent déjà des gouttes de sueur perler le long de sa colonne vertébrale.

Et à cet instant, il lui semble qu'il déteste profondément tout ce qui fait de lui ce qu'il est.

Il étouffe. Il supporte la chaleur assommante dans l'espoir de ne pas être repéré et de bénéficier d'une unique soirée de liberté.

Alors, il rejoint le centre ville d'un pas déterminé. Et tête baissée, il s'enfonce dans un bar duquel déborde une énergie qu'il juge particulièrement entraînante pour un dimanche soir. Charles n'a jamais vraiment profité de ces nuits de vacances d'été qui se terminent sur les plages après avoir fait les fermetures des établissements dansants.

COMBUSTION - CHARLES LECLERCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant