COMBUSTION - CHARLES LECLERC

conduction

conduction : nom féminin
(de conduire)

1. passage de la chaleur ou de l'électricité d'un point à un autre d'un corps sous l'action d'une différence de température ou de potentiel électrique.

2. transmission du potentiel d'action, le long d'un neurone ou d'une cellule musculaire.

...

Casquette vissée sur la tête, Charles baisse le regard en remontant la voie des stands entouré de son physiothérapeute et de sa chargée de relations publiques. Cette dernière lui sert de remparts contre les journalistes qui sont à l'antenne et doivent trouver des sujets pour occuper les téléspectateurs et ne pas perdre l'audience.

Il lui est reconnaissant de se contenter d'éloigner les micros au lieu de lui fournir des éléments de langage à recracher. Parce que le monégasque est conscient que son esprit est ailleurs. Et il serait bien incapable de retenir quoique ce soit.

Il y a cette image qui hante ses pensées et dont il est bien incapable de se débarrasser. Cette couleur rousse reste imprimée sur sa rétine. Elle semble être de plus en plus incandescente, comme si elle exprimait sa colère grandissante. Il voit ses cheveux onduler dans une danse de rébellion. Il voit ses mèches flamboyantes allumer un incendie dont les flammes le gardent prisonnier.

Interpellé par des mots français et une voix qu'il ne connaît que trop bien, Charles lève finalement les yeux pour tomber sur les pupilles bleutées de l'un de ses meilleurs amis. La bouche de ce dernier se tord dans une drôle de grimace alors qu'il s'approche du monégasque en ouvrant grand ses bras pour lui offrir une accolade.

« T'as rien ? s'inquiète le pilote Ferrari.

- Juste un peu mal dans le dos, souffle Pierre Gasly. Ça me prend la tête, j'ai rien pu faire ! J'ai juste évité Seb de justesse, je ne sais par quel miracle. Évidemment il fallait que le carambolage aille jusqu'à moi, grogne-t-il.

- Tu t'en vas ?

- Non, je vais occuper un peu les journalistes en me plaignant suffisamment pour m'attirer la sympathie de la FIA et qu'elle annule le Grand prix.

- C'est parti pour le Gasly show, ironise son ami.

- De toute façon, on se retrouve en salle de réunion. J'ai hâte de voir ce qu'ils vont nous servir pour expliquer les failles de sécurité.

- À tout à l'heure, acquiesce Charles dans un échange de poings. »

Et le monégasque retourne à sa bulle. Il tente de se concentrer en rejoignant son garage pour échanger avec ses ingénieurs qui élaborent tout un tas de stratégies en attendant les décisions de la direction de course. Tout est envisagé ; et notamment le nombre de tours qui pourrait être drastiquement réduit.

En temps normal, le pilote Ferrari adore cette ambiance qui règne dans les boxs. L'enjeu est de pas céder à la pression ambiante et d'avoir la meilleure lecture de course possible. Charles est plutôt fort à ce jeu là. Mais pas aujourd'hui. Pas alors qu'il y a cette image qui hante ses pensées. Pas alors que son physio le dévisage en tentant de comprendre ce qu'il se passe dans la tête de son protégé.

« Charles, t'es sûr que ça va ? lance l'italien alors qu'ils se dirigent vers les infrastructures de la FIA pour une réunion de dernière minute à propos des événements survenus lors du départ.

- Ouais, bien sûr pourquoi ?

- T'as disparu cette semaine et... Il hésite, cherchant les bons mots à employer. Je sais pas, t'as l'air préoccupé... Tu sais que tu peux me parler ? »