Journal d'une sirène

Chapitre 6 : Remise à l'eau

 Vive les jours fériés ! Grace à ça, à nous le weekend de quatre jours entre filles, et pour l'occasion on a prisnotre emplacement favori dans notre camping habituel ! Missions du séjour ? Me remonter le moral, se changer les idées et commencer à organiser nos révisions pour le bac blanc. 

Cette semaine avait été plutôt mitigé, je n'avais pas le moral et mon estime de moi avait une allure de veille serpillère, mais j'avais réussi à éviter Noah. D'ailleurs, ma nouvelle résolution était d'éviter l'auto-école le lundi mais d'y aller un maximum le reste de la semaine pour passer mon code le plus rapidement possible, afin de ne pas avoir tout à gérer en même temps.

 Résultat des courses, j'ai été tellement efficace que je devais le passer pendant ma semaine de révision du bac blanc... Un peu raté le coup du « je ne veux pas tout avoir à gérer en même temps » mais bon, au moins je serai tranquille pour le vrai bac.

 Avec tout ce stress qui arrive et mon moral plus bas que zéro, j'avais plus que besoin de ce moment avec ma meilleure amie. On a commencé par installer notre campement, c'est toute une organisation à chaque fois et comme d'habitude mon amie prend les commandes. Mina aurait  pu faire les scouts tellement elle est doué et minutieuse pour ce genre de chose. Moi je me contente de suivre les ordres du petit chef, quand elle est comme ça, il ne vaut mieux pas la contrarier et de toute façon elle est bien plus douée que moi dans ce domaine.

Une fois cette étape, un peu pénible terminée (mais qui nous vaut à chaque fois beaucoup de fou rire), nous sommes parties en direction du centre-ville. Pour nos petites courses de vacances, on a nos habitudes, on aime faire travailler les petits commerçants locaux et ils commencent à nous connaitre donc à chaque fois on a le droit à des petits cadeaux, de vrais amours ! 

C'est pour ça que j'aime les petites villes, on peut tout faire à pieds (ce qui est bien pratique quand on a pas le permis qu'on se le dise) et tout le monde se connait, les gens sont beaucoup moins pressés et stressés par le rythme effréné des grandes villes et il est rare de tomber sur des gens désagréables. (Oui bon je vous vois venir les citadins, oui la ville n'a pas que des inconvénients et on peut aussi trouver des cons dans le trou pommé du coin mais vous reconnaitrez qu'on en croise beaucoup plus là où il y a du monde... Bref, les goûts et les couleurs ça ne se discute pas.)

Une fois toute nos emplettes fini et rangée direction la plage ! Mina nous a dégoté un petit coin tranquille à l'abri des regards et loin des grandes plages où vont les touristes. Enfin je vais pouvoir nager ! L'odeur iodée de la mer, le bruit des vagues, le sable entre mes orteils... L'excitation monte en moi, ça fait tellement longtemps qu'on n'a pas pris le temps de venir ! 

Enfin je vais pouvoir à nouveau ne faire qu'un avec cette partie secrète en moi, être à nouveau libre de nager dans cette étendue d'eau qui n'a pas de limite, être libre et complète, pouvoir enfin être totalement moi. Je me précipite enfin vers cet océan qui m'appelle, je cours à en perdre haleine pour me jeter dans ses bras, la voix de Mina n'est qu'un murmure au loin, je ne comprends pas ce qu'elle me dit et sur le coup j'avoue que je m'en fiche un peu... Mais je sais qu'elle ne m'en voudra pas, elle sait qu'à ce moment-là, c'est la sirène sauvage et primitive qui a pris le contrôle. 

Puis, je l'embrasse enfin, cette eau un peu froide vue la saison me fait l'effet d'une première bouffée d'air à la naissance. Alors qu'un frisson que je connais que trop bien monte le long de mon corps, je perds pieds et je disparais sous une vague, puis plus rien c'est le silence. Ce n'est pas un silence angoissant mais plutôt un calme apaisant, une sérénité absolue qui m'enveloppe dans un cocon de sécurité, je suis enfin complète. Je me dirige à la surface pour faire un signe à mon amie restée sur la plage, elle a bien essayé de mettre les pieds dans l'eau, mais son corps terrien est bien trop sensible à la température de celle-ci. Comme d'habitude, elle me fait un grand sourire que je lui rends volontiers avant de repartir à l'abri des regards, dans les profondeurs.