~ Chapitre 11: Les retrouvailles ~

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Les sauveteurs, à l'exception d'Elowen qu'ils décidèrent de laisser dehors, entrèrent dans la prison blanche. Apercevant les captifs, tous se raidirent, le souffle coupé. Pour certains, cela faisait tellement longtemps qu'ils ne les avaient pas vu !
La première à craquer fut, à la surprise générale, Jane, qui se précipita vers Gaël et se blottit dans ses bras en pleurant.

- Je le déteste! Je l'ai viré cet abruti ! Il avait pas le droit de te faire ça ! Sanglota la pirate, il n'avait pas le droit ! J'espère qu'il va payer !

- Arrête, tu ne sais pas ce que tu dis ! Lui chuchota le capitaine.

N'y tenant plus, Hermine vint, elle aussi prendre son frère dans ses bras. Le pauvre Gaël se retrouva écrasé entre deux femmes en larmes, qui juraient de le venger.

A leur tour, Elisabeth et Gaspard se précipitèrent vers Bertrand, qui les serra un par un contre lui, les larmes aux yeux ( bien qu'il le nie encore). Sybille et Brune s'approchèrent, et ne purent s'empêcher de lui faire remarquer :

- T'as beau être la personne la plus casse-pied de la terre, tu nous avais manqué !

Le blondinet rit en essuyant quelques larmes, l'air heureux.

Marguerite resta au milieu de la pièce à observer son ami et ses cousins. Finalement se fut Thaïs qui s'avança la première, son jumeau à sa suite, et qui s'excusa, en reniflant:

- On est désolé. On aurait pas dû te laisser aller ouvrir seule, en plein milieu de la nuit. Sans ça, t'aurait pas été enlevée!

Les trois cousins se prirent dans les bras en parlant à voix basse. Vu la grimace de Vianney, l'adolescente avait dû leur promettre une belle revanche.

Éloi s'avança à son tour et souffla :

- Je n'aurais jamais dû t'inciter à sécher ce jour là. En faite, tout est de ma faute !

Cette fois-ci, Margot s'énerva pour de bon.

- Non mais les trois gogoles, vous avez fini de vous excuser ! Ce n'est pas de votre faute si l'autre débile est venu sonner, tout de même ! Et puis s'il ne s'était rien passé, je n'aurais pas rencontré Bertrand... Et Gaël !

Les yeux bruns d'Éloi foncirent brusquement, et il demanda, une pointe de jalousie dans la voix:

- Tu t'entends bien avec Bertrand ? Je veux dire... Vraiment bien?

- Mais oui! Se moqua la gamine, je suis fan de ce garçon ! Franchement je suis sûr que je n'ai jamais rencontré quelqu'un comme lui ! Il est incroyable !

- C'est normal ! S'écria le concerné à l'autre bout de la salle, la tête jaillissant d'un groupe de personnes qui le serraient dans leurs bras. Je suis juste parfait !

- La ferme Bertrand ! Répondit Brune.

- Non plus sérieusement, soupira Marguerite, ce mec a un siècle de plus que moi ! Arrête de jouer le protecteur Éloi, et utilise ton cerveau, pour une fois dans ta vie.

Et elle l'embrassa sur la joue, avant de repartir en sautillant comme une enfant vers ses cousins.

- Dites, demanda Aliénor restée seule devant la salle, vous pourriez nous dire ce qui vous est arrivé à chacun ?

***

Les soldats tirèrent Bertrand avec brusquerie en direction du mur. Il tenait à peine sur ses pieds, épuisé par les jours de jeun qui avaient précédés. Personne ne lui avait dit ce qui allait se passer, mais il l'avait très vite compris.
Fusillé. Il avait imaginé une autre mort pour lui. Il avait espéré voir son pays libéré, la résistance victorieuse, ses amis heureux. Il avait espéré pouvoir grandir, fonder une famille, vivre une véritable vie, où il n'aurait pas besoin de se cacher et de mentir à longueur de journée.
Malheureusement cela allait être gâché par les hommes qui se tenaient devant lui, au garde à vous. Il songea avec une pointe d'ironie, que ceux pour qui il s'était battu seraient aussi la cause de sa perte.

Elisabeth et Gaspard. Il avait vécu totalement pour eux depuis que ses parents étaient parti en camp de concentration pour résistance, depuis que l'avion de son frère avait été bombardé et qu'on n'avait jamais retrouvé son corps. C'était pour eux, en voulant éviter qu'ils soient pris, qu'il allait donner sa vie. Il aurait voulu passer toute cette vie à leur côté, mais il allait l'offrir en sacrifice pour eux.

Le chef nazi s'avança vers lui, et l'adolescent blêmit : cet homme était celui qui lui donnait toutes les directives, qui dirigeait tous les résistants... Qui en réalité n'était qu'un traître !
Il se pencha vers le blondinet, et lui souffla d'une voix dépourvue d'accent :

- J'ai gagné Bertrand. Tu voulais sauver tes amis, mais tu les entraînes vers leur perte... Et je ne parle pas de la guerre!

Bertrand comprit alors : il en voulait aux pouvoirs de ses amis, alors qu'ils les avaient perdu ! Quel imbécile ! Un rictus sur les lèvres, il ferma les yeux et répondit :

- Ma mort ne vous apportera rien , Guillot ! Et sachez que je me fiche de mourir, puisque je le fais pour la liberté de mon pays et mes amis ! Aller vous faire voir face de bouse !

L'homme ricana et s'approcha un peu plus, pour chuchoter à l'oreille du garçon :

- Menteur...

Il hurla un ordre en allemand, en s'éloignant, et tous les soldats braquèrent leurs armes sur l'adolescent. Celui ferma les yeux et repassa dans sa tête en boucle, le dessin d'Élisabeth et Gaspard, qui se trouvait dans la maison de ses amis.
Un nouvel ordre fusa. Des coups de feu retentirent... Et Bertrand ne ressentit rien. Ouvrant les paupières, il s'aperçut que rien ne bougeait. Les balles s'étaient arrêtées à un mètre de sa poitrine, les soldats restaient immobiles. Seul Guillot se déplaçait encore.
Se dirigeant vers sa victime, il susurra:

- Tu vois, je ne vais pas te tuer, juste t'utiliser... Maintenant, dors !

Les yeux de l'ennemi brillèrent étrangement et Bertrand s'écroula sur le sol.
Avant de plonger dans un sommeil artificiel, il eu le temps d'entendre les balles aller s'écraser contre le mur, et les soldats s'éloigner.

Puis tout devint noir.

Tempora 10 : L'ordre des Magiciens Où les histoires vivent. Découvrez maintenant