~ Prologue ~

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- Éloi, je te répètes que c'est une très mauvaises idée ! Soupira pour la ènième fois Marguerite.

- Roooh, arrête de râler. Tu as perdu ton pari je te rappelle ! Et puis, c'est le weekend ce soir, c'est pas la fin du monde de sécher la dernière heure de français. ! J'aurais pu te demander de le faire sur une éval' !

- T'abuses ! Et si on se fait prendre ?

- Mais toi, tu risques rien ! T'as bien vu mon plan est parfait, y'a aucune faille ! Insista le garçon.

Son amie le regarda un moment, suspicieuse, avant de soupirer et de se diriger vers sa salle de cours.

Le professeur, une grande femme rousse aux yeux inquisiteurs, les scruta pendant qu'ils entraient dans la classe.
Si Margot se fit toute petite, son ami adressa son plus beau sourire à l'adulte, un brin moqueur.

- Éloi, au premier rang, sur la table collée au bureau ! Annonça Madame Yrche, le professeur, à peine assise.

- Mais madame ! C'est pas juste ! J'avais rien dit ! Pourquoi je peux pas rester au fond près de la fenêtre ? Je suis très bien là!

- Pour une fois que vous ne prononcez pas une seule bêtise au bout de cinq minutes de classe, je m'inquiète ! Et je préfère prendre mes précautions ! Devant, sur le champ, si vous ne voulez pas passer votre prochain mercredi en colle. Et non, ça ne sert à rien que votre complice Pierre viennent aussi, il est très bien là où il est.

Éloi leva les yeux au ciel, mais se leva tout de même, en jetant un regard déprimé à son voisin. Il se dirigea vers la place désignée, en traînant du pied, son sac de cours ouvert, laissant les cahiers s'échapper.

Assise à côté de Marie-Lys, Marguerite faisait mine de s'étouffer, pour cacher son fou rire devant la comédie que jouait son ami.
Celui-ci se tourna vers elle, et cligna de l'oeil.

L'adolescente continua sa toux, les yeux exhorbités.

- Allons, Marguerite, s'agaça le professeur, que se passe-t-il ?

Devant le manque de réaction de la jeune fille, Éloi osa glisser :

- Vous savez madame, il faudrait peut être l'emmener à l'infirmerie, je peux le faire si vous le voulez ...

- Non, sûrement pas vous ! Allons, qui accepte d'emenner votre camarade ?

Personne ne réagit, tous les éleves regardant leur table avec empressement. Seule la main d'Éloi s'agitait en l'air.
Dans son coin, la toux de Margot s'amplifia.

- Enfin, il n'y pas que Éloi qui veuille le faire ! C'est impossible ! Même vous, Pierre, vous ne voulez pas aider Marguerite ? Bon... Je n'ai pas trop le choix, Éloi allez-y, et bien que je sache que cette recommandation ne serve à rien pour vous, essayez de ne pas trop traîner!

Le garçon se leva aussitôt, et fit une révérence ridicule à Madame Yrche, choquée. Puis il saisit son amie par la main, et courrut hors de la salle.

Ils continuèrent leur course jusque dans la cours, où ils s'arrêtèrent tous deux, à bout de souffle.

- Tu vois que tu ne crains rien ! Cette abrutie te crois à l'infirmerie ! Mon plan est parfait !

- A part le fait que tu risques de te prendre une colle lundi !

- Bah au moins j'aurais bientôt battu Paul ! En seconde mon frère avait atteint vingt-trois heures de colle. On est en mai, et j'en suis à vingt, faut que je continue comme ça !

Les deux amis se dirigèrent vers la grille en devisant gaiement.

- Donc là, on sort, on prend le bus de la ligne 15, et on va chez Thaïs et Vianney ? Interrogea la jeune fille.

- Bah oui ! C'est ce qui était prévu avec les parents...

- Hormis le fait qu'on aille chez eux avec deux heures d'avance!

- Nan mais ça ça ne compte pas !

- Éloi ? Margot ? Vous n'avez pas cours ? Demanda une voix derrière eux.

Le garçon se crispa, les poings serrés, un rictus furieux sur les lèvres.

- Et zut ! Manquait que lui ! Souffla-t-il.

- Ça aussi c'était prévu dans ton plan parfait ? Se moqua son amie.

Les deux adolescents se retournèrent, déçus de la tournure prise par les évènements.
Devant eux de tenait un adolescent blond, aux yeux rieurs et bruns. Il jouait négligemment avec sa houppette, en lançant à Éloi:

- Dit donc p'tit frère, on sèche les cours ? Et on entraîne Margot en plus ? T'es pire que Paul !

- Enguerrand, on pas cours, soupira la jeune fille, on a fini notre journée !

- Faux, vous avez français jusqu'à dix-huit heures avec Yrche, je connais l'emploi du temps d'Éloi.

- Mais qui connait l'emploi du temps de son frère ? Maugréa Margot.

- Pff, lui! Grogna son ami. Engué, la vieille Yrche est absente, on a vu ça tout à l'heure.

- Encore faux ! Vous allez arrêter de me mentir ! Je l'ai eu ce matin en littérature ! Avouez que vous sécher, ce sera plus simple.

Tout à coup, un brusque coup de vent fit tomber Enguerrand en arrière. Les deux adolescents en profitèrent pour filer, et réussirent, de justesse, à monter dans leur bus.

- On avait dit que l'on utilisait pas nos pouvoirs au lycée ! Chuchota Margot, agacée.

- Mais là c'était important ! Et puis Engué mérite bien une petite bourrasque !

- Arrête, t'es fan de ton frère ! Fayot de petit dernier, va ! Sinon, c'était pas important, et en plus, pas du tout discret !

- Pas de leçon s'il te plaît, on est en weekend !

Quelques secondes passèrent sans qu'aucun des deux ne prononça un mot. La tête appuyée contre la fenêtre, Éloi fermait les yeux en baillant. Malgré tout, Marguerite finit par rompre le silence pour parler d'un sujet qui la rongeait depuis leur dernier voyage dans le temps:

- Tu dors ? Eh Éloi je te cause !

- Hein ? Ah euh non, mais j'ai mal dormi, on s'est couché à une heure du matin avec les gars...

- Pff, vous êtes stupides !

- Tu m'as réveillé juste pour me dire ça ?

- Non, je voulais te parler d'Hugues.

L'adolescent referma les yeux, mais balbutia tout de même :

- Bah... Vas-y.

- Il est mort sans avoir d'enfant ! Donc c'est impossible qu'il soit ton ancêtre. Alors j'ai trouvé trois solutions possibles qui expliqueraient que vous portiez le même nom, même si les trois semblent tirer par les cheveux...

Le garçon releva la tête, curieux regarda son amie.

- Vas-y continue ! Allez !

- Alors, soit il y a un autre Nebelle qui se balade quelque part et c'est lui dont tu descends, Hugues n'ayant peut-être pas conscience de son existence.

- Ça va, c'est pas tant que ça tiré par les cheveux.

- Soit, Henri adoptera le nom de famille d'Hugues, pour montrer qu'il ne fait plus partie des Grivois, et alors il serait ton ancêtre...

- Soit?

- Soit Hugues n'est pas vraiment mort, et tu descends vraiment de lui.

Tempora 10 : L'ordre des Magiciens Où les histoires vivent. Découvrez maintenant