Chapitre 2 : Noyade

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Quand j'ouvris les yeux, des tâches blanches dansèrent derrière mes paupières. Un terrible mal de tête me martelait. Je m'assis difficilement alors que j'étais prise de vertige. Le dallage froid d'une roche humide retint mon attention. 

Des barreaux. Une odeur de moisissure infâme. Le cliquetis de la serrure. J'étais dans les cachots. Les cachots de Telmar. 

Ma situation apparus devant mes  yeux comme un mauvais présage. Miraz allait me tuer. Comme il a essayé de tuer mon frère. Je me levai au moment où deux gardes apparaissaient. Ils s'arrêtèrent devant ma cellule et en ouvrirent la porte. Ils m'attachèrent et me bâillonnèrent avant de me tirer hors des cachots. 

Personne dans les couloirs. Le château était éclairé de chandelles. Les fenêtres étaient noires. Il faisait nuit. Les deux hommes m'emmenèrent à l'extérieur malgré mon débat. J'avais beau me tordre et donner des coups de pieds désespérés, ils ne me lâchèrent pas. Nous marchâmes quelque temps avant de nous arrêter devant la mer. Amarrée à un ponton, une barque oscillait doucement. 

Je compris leurs attentions. Ils allaient me noyer. Mon corps allait disparaître au fond des eaux. Personne ne saurait que ma vie s'était éteinte. Ils me posèrent dans l'embarcation et mon regard croisa celui, furieux, du nain que j'avais essayé de sauver. Ses yeux s'attendrirent quand il posa ses yeux sur moi. 

Les gardes se mirent à pagayer. Chaque coup de rame m'approchait de la fin. Chaque seconde m'approchait d'un sommeil éternel. Chaque respiration me rappelait que c'était les dernières. Chaque étoiles qui disparaissaient pour laisser arriver le Soleil me rapprochait de la mort. 

Je ne croyais en aucun dieux. Pourtant, je me mis à prier. Je fermais les yeux et sentais l'énergie en moi. Chaque souffle, bruissement clapotis, chaque inspiration qui m'apportait les odeurs de sel de l'océan, chaque chose m'accrochait à la vie. Ces petites choses rendaient la vie plus belle, la mort plus horrible. 

Le Soleil s'était levé, la barque arrêté. L'heure de ma mort était arrivée. Les deux hommes s'étaient levés et me prirent dans leur bras. Le nain gémit en me lançant un regard affolé. Il essaya d'intervenir malgré ses liens. Mais il ne pouvait pas bouger. Et moi non plus. 

Je levai les yeux au ciel en regardant une dernière fois l'étendu des cieux, priant pour que Caspian reste en vie. Ils me lâchèrent. L'eau froide se referma autour de moi. 

Je sentis une secousse. Ils avaient lâché le nain. J'avais l'impression que les secondes s'étiraient, devenant des heures. Mes poumons me brûlaient, mon esprit s'échapper peu à peu, mes sens disparaissaient l'un après l'autre.  La vie me quittait doucement derrières mes paupières closes. 


Pdv Edmund

Mes soeurs, mon frère et moi marchions au bord de l'eau quand Lucy pointa son doigts vers la mer. 

-Regardez ! 

A quelques mètres de là, sur une barque , deux hommes portaient une jeune fille et la lâchèrent dans l'eau. Sans réfléchir, je me jetai à la mer, nageant de toutes mes forces pour rejoindre  l'embarcation. Le temps s'écoulait.  Je plongeai et m'enfonçai dans les profondeurs. Je la vis. Ses yeux étaient fermés et son teint affreusement pâle. Je passai mon bras autour de sa taille avant de nous hisser vers la surface. 

Mes muscles me brûlaient, mes poumons aussi, pourtant, je ne pouvais pas abandonner. C'est alors que je vis Peter plonger à son tour vers un nain que je n'avais pas aperçu. 

Arrivé à la surface, je nageai le plus vite possible vers la plage où je déposai le corps. Lucy se baissa aussitôt et détacha la jeune fille et lui enleva son bâillon. L'inconnue ouvrit les yeux et recracha toute l'eau de ses poumons. Elle tremblait de tout son corps. Je posai ma main sur son dos et la caressai doucement pour la réchauffer d'un geste maladroit. 

Peter posa à son tour le nain sur le sable. Lucy le détacha. Le nain se précipita aussitôt vers la jeune fille qui haletait mais reprenait lentement sa respiration. 

-Tout va bien ? s'inquiéta-t-il. 

La jeune fille hocha faiblement la tête, le regard dans le vide, les épaules voutées. Je ne savais que faire. Ses yeux (C/y) nous observaient avec inquiétude. Je me penchai doucement sur elle et posais timidement ma main sur son épaule. Elle recula, effrayée. 

-Je ne te ferai rien, la rassurai-je en un murmure. 

Je tendis ma main vers elle et cette fois, après une hésitation, elle l'accepta. 

Je l'aidai à se relever et passai mon bras autour des ses épaules pour la soutenir. Derrières ses cheveux (C/c), un magnifique visage se dessinait. Elle semblait sortir d'une formidable épopée avec ses cheveux mouillés, son regard inquiet et ce tendre sourire qu'elle nous adressait. 

-Lâchez-le ! Lâchez-le ! C'est tout ! Vous n'avez rien trouvé de mieux ? 

Je sortais brusquement de mes songes et portai mon attention sur le nain qui fulminait. 

-Un simple merci aurait suffit, rétorqua Susan vexée. 

-Ils n'avaient pas besoin de vos conseils pour nous noyer ! Ils font ça très bien ! répliqua le nain avec rage. 

-Et on aurait dû les laisser faire, s'énerva Peter. 

-Pourquoi voulaient-ils vous tuer ? demanda Lucy en lançant un rapide coup d'œil à la jeune fille. 

-Ce sont des Telmarins, grogna le nain. Ils sont là pour ça. 

La jeune fille se tortilla anxieusement et je lui lançai un regard inquiet qu'elle s'empressa d'éviter. 

-Des Telmarins ? A Narnia ? m'étonnai-je sachant pertinemment qu'ils n'étaient jamais arrivé sur nos terres de notre temps. 


Pdv T/p


Je m'avançai discrètement avant d'annoncer d'une voix tremblante : 

-Cela fait longtemps que les Telmarins ont conquis Narnia. Je le sais. Je suis la fille d'un défunt seigneur. 

Je baissai les yeux. Je n'osais pas croiser leurs regards apeurés ou énervés. Mais aucun d'entre eux ne me méprisa. 

-Laissez-moi vous dire que vous êtes bien différents d'eux mademoiselle, fit le nain en prenant ma main. 

Je lui souris avec reconnaissance. En levant la tête, je vis les sourires de nos quatre sauveurs. Je croisai le regard du brun, celui qui m'avait ramené sur la plage, et me mis à rougir en déviant rapidement mon regard. Quand  je le posai à nouveau sur son visage, je vis le garçon sourire. 


𝔐𝔬𝔫 𝔠𝔬𝔢𝔲𝔯 𝔱'𝔞𝔭𝔭𝔞𝔯𝔱𝔦𝔢𝔫𝔱Où les histoires vivent. Découvrez maintenant