𝐈𝐕. 𝐜𝐫𝐢 𝐝𝐞 𝐝𝐞𝐬𝐞𝐬𝐩𝐨𝐢𝐫

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Le visage terrifiant du monstre sous le sien, Sangmin essaya de ne pas défaillir. Son haleine putride lui donna la nausée et il essaya de garder ses dernières forces pour se débattre, encore et encore. Mais le geste était vain, il le savait : la chose était plus imposante, plus forte et rapide que lui. Non loin de lui, le corps de Soobin ressemblait à un pantin désarticulé entre les longs doigts de la créature. Quand elles se mirent à courir sans les lâcher, Sangmin abandonna toute envie de se défendre. Son esprit ne se focalisait plus que sur sa petite amie qu'il avait supplié de fuir. Où était Dambi ? Avait-elle réussi à s'échapper ? Il avait vu l'une de ses créatures s'échapper s'élancer à sa poursuite. Pitié Dambi, survit...

Son corps se faisait trimballer comme une vulgaire proie, déjà résignée par la mort qui l'attendait, et Sangmin ferma les yeux, incapable de garder plus longtemps ses paupières ouvertes. Quand, quelques minutes plus tard, son corps heurta le sol froid et dur de la forêt, il laissa échapper un gémissement de douleur. Soobin était contre lui, il le sentait. Le corps de son meilleur ami ne répondit pas à son contact léger sur son bras et Sangmin frissonna. Il battit légèrement des cils contre la pluie fine et dut prendre sur lui pour ne pas esquisser un mouvement de recul en croisant les grands yeux vitreux des monstres, rivés dans les siens. À leurs côtés, les créatures les dévisageaient comme leurs futurs repas.

L'une d'elles l'effleura du bout de son long doigt fin et maigre, léchant ses babines gercées et déchirées par endroit. Il la vit frissonner et secouer son corps planté d'aiguilles en tout genre. Peinant à retrouver sa vision encore un peu brouillée par la course, Sangmin cligna plusieurs fois des yeux avant de parvenir à les détailler pleinement. Il reconnaissait sans mal celui qu'il avait tout près d'eux dans la cabane abandonnée. À ses côtés, Soobin ne donnait toujours aucun signe de vie et les créatures semblaient attendre. Mais attendre quoi, hein Soobin ? Pourquoi avais-tu parlé de tes parents bon sang...



Il y a trois ans.
La porte des Hwang s'ouvrit et la mère de Soobin lui adressa un sourire immense.

– Sangmin ! Entre, entre ! Comment vas-tu ? Tu as grandi, damn, tu es devenu si grand !

Il esquissa un sourire amusé et la remercia en anglais, sa langue maternelle. La mère de Soobin avait le même sourire que son fils et ses adorables taches de rousseur un peu partout sur son visage qu'elle lui avait transmise. Elle referma la porte en chantonnant (il adorait la joie de vivre qui se dégageait d'elle, cette douceur qu'elle apportait en un regard) et elle le guida jusqu'au salon où Soobin cuisinait, les mains dans la pâte à gâteau aux côtés de Dambi qui le regardait faire, les yeux brillants.

– Sangmin !

Sa petite amie se jeta dans ses bras et l'embrassa, faisant glousser madame Hwang juste derrière eux.

– Retiens-toi maman, j'entends déjà ta remarque sur les petits couples mignons, grommela Soobin.

Sa mère leva les mains en l'air, innocente, et ébouriffa ses cheveux en déposant un baiser sur le sommet de sa tête.

– Je te connais mon fils, ne t'en fais pas.
– Sangmin, tient tient...

Il sursauta presque en attendant la voix de monsieur Hwang derrière lui. Ce dernier arborait les mêmes cernes que son fils en fin de journée et lui adressa un sourire timide.

– Toute la bande est réunie je vois...
– Tu as passé une bonne journée papa ?
– Journée compliquée pour la boite, mais bon, soupira-t-il en guise de réponse à son fils.

DEATH IN THE MIRROROù les histoires vivent. Découvrez maintenant