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Le cœur de Levi s'était à nouveau resserré dans sa poitrine. Évidemment, il aurait du se douter qu'Erwin n'avait pas perdu une once d'intelligence et de perspicacité. Il se trouva même idiot d'avoir pensé que le blond ne se douterait de rien. 

- Je peux rester indéfiniment ici, murmura-t-il. 

- Levi...

Erwin secoua la tête. Bien-sûr qu'il en rêvait. Il rêvait de se reconstruire une nouvelle vie avec celui qu'il aimait tant, même si elle devait se faire dans l'au-delà. Il rêvait de revivre tous les instants qu'ils avaient passés ensemble, de s'aimer sans se soucier des monstres qui les avaient tant menacés, de s'embrasser sans se cacher dans tous les regards. Mais pour lui, c'était impossible. 

- Je faillis te gâcher le reste de ta vie une fois, je ne ferai plus la même erreur. 

L'expression du noiraud se brisa de déception et de douleur.

- Mais ma vie ne sera plus jamais gâchée si je la finissais ici, à  tes cotés. 

Erwin se mordit la lèvre. 

- Tu as ouvert le salon de tes rêves dans le monde réel. Tu as encore Hange et les autres. Je suis sur que tu as des clients fidèles, qui t'adorent. 

Retenant une nouvelle fois des sanglots de s'échapper de sa bouche, le blond prit la main de son amant pour le guider vers l'extérieur de la maisonnette. Une fois sur la petite terrasse, au bord des escaliers en bois, Erwin désigna le paysage du doigt. 

- Il n'y a rien ici. Il n'y a plus les autres. Plus personne. Juste moi, et cette vieille maison. 

Sa main se resserra sur celle de Levi, et il déposa un faible baiser sur son front.

- Moi, je suis mort, toi, tu as encore un avenir à vivre, et il n'est pas ici. 

Le noiraud se cacha le visage à l'aide de sa main de libre. Ses lèvres tremblaient, son corps entier semblait vouloir s'effondrer sous lui. Les mots qui parvenaient à sortir de sa bouche étaient saccadés, coupés par la douleur. 

- Pourquoi tu m'incites à retourner dans le monde dans lequel tu n'es plus là ? 

Erwin prit une grande inspiration, il ne pouvait pas montrer à quel point ses propres mots lui faisaient mal. Il devait penser à Levi avant  de réfléchir à lui-même. 

- Parce que quand on se reverra ici, je veux que tu me racontes toutes les belles choses que tu as accomplies, et les rêves que tu as réalisés. 

- Mais je n'ai droit qu'à un voyage dans l'au-delà avec le thé, murmura le noiraud. 

Un tendre se sourire se dessina sur les lèvres de l'ancien Major. 

- Je sais, mais je parlais plutôt du moment où se serait vraiment le moment pour toi de me rejoindre, naturellement. 

Levi avait mal au ventre tant il se serrait à chaque phrase. Les mots d'Erwin lui faisaient mal, mais il savait qu'il avait raison. Malgré la douleur, il avait compris ce que son compagnon attendait de lui. 

- Quand on se verra à nouveau, je ne veux pas te voir pleurer, et me dire que tu as passé des mois à souffrir, d'accord ? murmura Erwin. 

Levi acquiesça, il n'était plus apte à  prononcer un seul mot. Il savait ce qu'il lui restait à faire. 

- Combien de temps se sont écoulés dans le présent ? 

Le noiraud baissa la tête, ses yeux se dirigèrent vers sa montre, et il soupira.

- Presque un an. 

Erwin haleta de surprise suite à cette information. De toute évidence, il n'était pas préparé à ce que la différence soit si énorme. Il sentit le chagrin l'envahir, et toutes ses forces se réunirent pour contenir les larmes qui menaçaient de couler à flot d'un instant à l'autre. C'était son choix, il voulait voir son amant réaliser ses rêves. Il ne pouvait pas se permettre de montrer à quel point cela l'affectait. 

La respiration, malgré lui, tremblante, il fronça les sourcils, et mit ses poings sur ses hanches. 

- Un an ? Mais qu'est ce que tu attends ? Y'a du monde qui attend son thé en bas ! 

Levi eut un léger rire, ce qui eut pour effet de réchauffer un temps soit peu, le cœur meurtri du blond. 

- Tu me vires ou quoi ? ricana-t-il. 

Erwin lui sourit, et sans rien dire, ses bras vinrent enlacer le petit corps, de celui qui faisait battre son cœur avec tant d'amour. 

- C'est juste que si on attend encore un peu, je risque de regretter mon choix, chuchota-t-il.

L'ancien Major sentit les bras de son amant se serrer davantage sur lui. Il se sentit apaisé et fit de même. Il ne savait quand allait être leur prochain câlin, mais au vu de ses paroles envers Levi, il espérait qu'il allait être le plus lointain possible. 

- Avant que tu ne partes, tu me promets que tu repars d'ici avec moins de regret ? 

Il sentit le visage du noiraud acquiescer contre son épaule. 

- J'aurai le cœur lourd, mais la conscience apaisée. Je saurai qu'un jour, je te rejoindrai pour toujours. 

- Je t'attendrai le temps qu'il faudra. Je te fais la promesse de toujours veiller sur toi, murmura le blond. 

Tout deux contrôlèrent leurs larmes. Ils ne voulaient pas que leurs derniers instants ne soient gâchés par le bruit de leurs sanglots. 

Il se décollèrent.  Le cœur battant. Leurs regards étaient plongés l'un dans l'autre. Leurs yeux scintillaient après leurs pleurs, mais scintillaient également d'amour et de bonheur. 

Mais les minutes passaient, le temps ne leur laissait pas l'occasion de se regarder plus longtemps. 

- Bon... c'est l'heure alors ? dit Levi.

Erwin acquiesça, et le noiraud plongea sa main dans sa poche, pour y sortir la feuille de thé qui lui servirait de clé vers la porte de sortie. Ses mains tremblaient, il avait beau savoir que leur décision était la bonne, il avait l'impression de dire une nouvelle fois adieu à celui qu'il aimait. 

- Eh, Levi. 

Doucement, interrompant ses pensées intrusives, le blond vint poser ses lèvres délicatement sur celles de son compagnon. Ils en avaient rêvé tous les deux pendant des mois, le blond ne pouvait le laisser partir sans sceller une dernière fois leurs lèvres entre-elles. La poitrine des deux hommes se gonfla d'amour et de réconfort. Ils savaient qu'aucun des deux n'oublierait la sensation de ce baiser durant toutes les années qui allaient les séparer de leur prochaine rencontre. 

- C'est un au revoir cette fois-ci, pas un adieu, murmure le blond.

Levi hocha la tête. Son regard alterna entre la feuille de thé et son amant. 

Puis, se souvenant une dernière fois de la chaleur des lèvres d'Erwin sur les siennes, le noiraud déchira la feuille d'un coup sec. Il n'y avait plus de retour en arrière. 

- Je t'aime Erwin, je t'aime tellement. 

Sa vision commençait déjà à se faire floue, il sentit son corps s'engourdir, et ses sens diminuer. Toutefois, dans un dernier élan de conscience, Levi entendit les derniers mots de son Major.

- Je t'aime Levi, à bientôt. 

Un sourire aux lèvres, le noiraud ferma les yeux. Son corps se dissipa, et c'est en écoutant les sanglots meurtris et douloureux d'Erwin qui se firent de plus en plus faibles, qu'il s'en alla du monde dans lequel il venait de quitter l'homme qu'il avait toujours aimé. 

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Eruri - The Regret TeaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant