Le Plan N°4 (Inui X Kokonoi)

1

Ça le gonfle.

Tout le gonfle en ce moment, en fait. Ses parents, son lycée... Mais surtout son meilleur ami. Il a toujours été là pour lui, alors pourquoi ?

Kokonoi lisait un livre patiemment, pendant qu'Inui était allongé sur un canapé, ne faisant rien de particulier.

L'atmosphère était pesante. Kokonoi l'avait bien remarqué. Il voulait tenter une approche, lui parler, lui demander comment s'était passé sa journée, par exemple. Mais au moment où il voulait se lancer, le téléphone d'Inui sonna.

Alors le blond se redressa, prit son téléphone en main et alla ailleurs pour décrocher l'appel.

Kokonoi regarda son ami partir avec désespérance.

"Raté", de disait-il.

Inui revint quelques minutes plus tard, un grand sourire aux lèvres.

-J'y vais.

-Où ça ?

-Quelque pars.

-Tu vas avec quelqu'un ?

-En quoi ça te regarde ?

Le ton de sa dernière question était froid. Kokonoi le prit très mal. Mais il ne voulais pas en rajouter une couche.

-D'accord... A la prochaine.

-Ouais, c'est ça.

Inui ne dit rien de plus et s'en alla, laissant Kokonoi seul dans le silence. Kokonoi jeta son livre par terre, remonta ses genoux et croisa les bras.

Il était vraiment en colère.

Non, enfaîte ce n'était pas tout à fait ça...

Il était jaloux, terriblement jaloux.

Qui était cette personne qui le faisait sourire ainsi? Inui ne souriait jamais comme ça avec lui.

A vrai dire, cela faisait déjà longtemps que Kokonoi était tombé amoureux d'Inui. Il dirait à peine un an seulement après qu'Akane soit morte. Parfois, il se demandait même si il n'avait pas aimé la jeune fille parce qu'elle ressemblait à Seishu, et parce qu'il était mieux vu d'être hetero que gay.

Quoi qu'il en soit, il avait toujours tout fait pour être aux côtés du blond et pour le soutenir. Il espérait que ce dernier l'aimerait également un jour, mais leur relation amicale lui suffisait largement.

Inui n'était jamais sorti avec personne, du moins, pas à la connaissance de Kokonoi. Et il avait soudainement changé de comportement. Quelqu'un d'autre semblait le rendre heureux, et il se mettait à totalement ignorer Kokonoi. C'était surtout ça qui l'agacait.

Kokonoi soupira et ferma les yeux. Qu'est-ce qu'il pouvait faire pour que Inui le remarque de nouveau? Est ce qu'il fallait encore en faire d'avantage?

Le noiraud n'avait aucune idée qui lui passait derrière la tête, alors il décida de faire une action qui lui semblait parfaite: demander conseil à sa petite sœur. Elle n'avait qu'un an de moins que lui, et pourtant elle était très stratège.

C'est ça, il allait faire ça. Il se releva, ramassa son pauvre livre qui n'avait rien demandé, et sorti de leur cachette. Cependant, il se souvenu d'un petit détail qui n'était pas des moindres.

Il n'avait pas de moto, et sa maison était très loin d'ici.

Kokonoi n'avait pas le choix: il allait devoir prendre le métro. Et ça ne l'enchantait pas vraiment. Mais bon, c'était ça ou marcher deux heures à pied. Alors il alla à la station la plus proche, qui était bondée, pour changer. Lorsqu'il monta dans la rame, il trouva miraculeusement une place et s'assit avant qu'on ne l'a lui vole. Il observa les gens autour de lui: il y avait des drogués, des gars bourrés, un pervers qui essayait de soulever les jupes d'un groupe de collégiennes, et un sdf qui demandait de l'argent à tous les passagers.

-Dégage de là, toi.

Kokonoi se tourna. C'était à lui qu'on s'était adressé. C'était un homme grand, de style gothique qui venait de parler.

-Je vous demande pardon ?

-Je t'ai dis de dégager, t'es sourd ? Je descend dix arrêts plus tard, j'veux pas rester debout.

-Je suis désolé, mais j'étais là avant. Si vous voulez une place, attendez qu'il y en ai une qui se libère.

L'homme s'énervait et attrapa Kokonoi par le bras pour le forcer à se relever.

-Écoute moi bien, p'tite gars ! Je crois que tu sais pas qui je suis ! J'ai un gang à Adachi et si tu me fais chier je reviendrais uniquement pour qu'on te casse bien la gueule, c'est clair ?!

Tout le monde s'était tourne vers eux. Kokonoi ne répondit pas et se contenta de le regarder avec colère.

-Ça suffit, lâche le.

Un garçon, d'environ 16/17 ans, attrapa le bras droit du gothique, à savoir celui qui retenait Kokonoi.

-Sinon quoi, tu vas me frapper ? Olala, j'ai peur !

Le gothique rigola, mais le garçon ne changea pas d'expression. Puis, il fit une cuillère à l'homme qui tomba au sol.

-Arg, espèce de...!

Le garçon saisit le poignet de Kokonoi et le guida hors de la rame. Les portes se fermèrent juste après, laissant l'homme hurler seul dans le métro.

-On prendra le suivant, ça va ?

-Oui oui. Plus de peur que de mal.

-Tu aurais du lui laisser ta place, il n'y aurait pas eu de problème.

-C'est pas en se laissant marcher dessus que les choses s'arrangent, tu ne crois pas ?

Le garçon le regarda quelques secondes. Ses cheveux étaient mi-long, verts, et terminaient en couette basse. Il était assez grand, environ 1 mètre 80, et il était assez musclé. Puis, il se mit à rire.

-Tu me plaît bien, toi. Comment tu t'appelles ?

-Kokonoi, Hajime Kokonoi.

-D'accord Hajime, moi c'est le Jin.

Il sortit de son sac banane un papier et un stylo et marqua quelque chose dessus, qu'il tendit à Kokonoi.

-C'est mon numéro. Appelle moi très vite, d'accord ?

-Euh...

Il lui fit un clin d'œil et reparti dans le métro, qui venait d'arriver. Kokonoi ne bougea pas. Qu'est ce qu'il venait de se passer, au juste ? Il regarda le numéro et décida tout de même de l'enregistrer dans son téléphone, ne sait-on jamais.

Puis, il attendit le prochain métro, voulant tout de même rentrer chez lui.