Chapitre 3

5 1 0
                                    

Le bureau de mon père est situé au deuxième étage du manoir, avec des fenêtres tellement immenses qu'elles font trois fois ma taille; pour avoir une vue d'ensemble comme il aime dire.

Il aime surtout regarder les gens de haut, même sa propre fille, sa chair et son sang. Il m'a toujours considéré à égalité avec ses hommes, ne jamais montrer ses faiblesses, ne jamais pleurer. Avec son éducation, j'ai vite compris que ma vie n'allait pas être une partie de plaisir, il ne m'as pas laissé le temps de faire le deuil de mon frère, dès le lendemain il est entré dans ma chambre et m'a dit qu'il ne voulait plus jamais voir de larmes sur mon visage. Une larme, un coup de ceinture.

J'ai vite mis mon cur dans une enveloppe noire. Enfin ce qu'il restait. J'ai éteins mes sentiments et mes émotions pour faire de cet organe, son premier job, battre pour que je puisse vivre. C'est tout.

Je m'installe dans son fauteuil situé en face de son grand bureau fait de chêne qui domine cette pièce. A sa gauche il y a une grande bibliothèque ainsi qu'un sofa. A droite il y a les grandes fenêtres où l'on peut regarder les hectares de jardins qui entourent le manoir. Plusieurs tableaux sont accrochés sur les murs, des portraits de toute la famille. Derrière le siège de mon père, une grande cheminée ainsi qu'une grande tête de cerf trônant fièrement sur le mur. Ce bureau montre la puissance de la mafia Alvarez, le cartel de Roberto Alvarez, mon père.

En parlant du loup, il me regarde droit dans les yeux. J'ai l'impression d'attendre ma sentence.

- Je me fais vieux, Maria, j'aimerais prendre ma retraite.

- Je ne veux pas me marier, papa, personne ne me fais vibrer, personne n'est digne d'être à mes côtés.

Mensonge, quelqu'un te fait vibrer. Il est grand, regard noir, c'est le diable en personne.

J'essaye de faire taire ma petite voix, aussi cruelle que moi.

- Tu sais très bien que tu ne peux pas prendre mon siège si tu n'es pas mariée. J'ai choisi. Tu épouseras mon bras droit. Daymon.

Je vois également l'effet de surprise passé sur le visage de Daymon mais très vite il remet son masque froid et calculateur de bras droit.

- QUOI??? T'es pas sérieux là papa? Crié-je

- Je ne te demande pas ton avis, je suis ton père, je décide c'est tout. Ta mère serait du même avis.

- Déjà ne mets pas maman dans l'histoire et puis épouser une petite bite de merde comme lui non merci.

- Je ne veux rien savoir Maria, je suis le chef et j'ai envie de prendre ma retraite. Tu épouseras Daymon et il prendra ma place c'est tout. Après tu fais ce que tu veux de ton cul.

- Mais je ne vais pas épouser ce connard, c'est hors de question.

Et là, sans que je m'y attende, mon père me gifle, cest un électrochoc. Il vient d'éteindre le peu de respect que j'avais envers lui. Jaurais tellement voulu connaitre ces moments de tendresses entre père et fille, quaprès un chagrin, mon refuge serait les bras de mon père, ses conseils seraient mon leitmotiv, jaurais tout donné pour quil soit fier de moi. Mais non, ma relation avec lui, se résume à des ordres, des insultes, des disputes, des coups de ceintures et juste des bien, parfait lorsque je lui ramène la tête dun mec.

- Maria, je me fais vieux. Et la vieillesse est une faiblesse dans notre monde. Je ne peux plus continuer, les autres cartels vont sauter sur l'occasion. J'ai déjà dit à Daymon que je voulais le voir à ma place, balança mon père

Je suis abasourdie, il a préféré mettre Daymon au courant de son choix d'héritier, que moi sa propre fille. Et moi je sers à quoi? Je pensais qu'avec tous mes efforts, je lui prouverais ma digne place d'héritière. Non au final, je suis l'héritière de l'ombre.

Ça ne changeras jamais, les hommes dirigent en public, les femmes agissent dans l'ombre. Il m'a giflé et humilié devant Daymon, même si je suis effondrée, je ne dois rien montrer, je ne dois jamais montrer mes faiblesses. Je vais lui faire payer par mes paroles. Je le sais, il va avoir mal comme il m'a fait mal, moi, sa propre fille, la seule survivante de sa famille.

- D'accord, mais je veux un contrat de mariage. Si jamais je meurs de quelque manière, il n'aura rien, plus de noms, plus de mafia, tout sera remis à la personne de mon choix. Il prendra ton trône tant que je serais en vie. Daymon sera juste mon chien. C'est sa vie: être le chien de notre famille. Tu prendras ta retraite. Et tu m'oublieras, même quand tu te chieras dessus je ne serais pas là. Même quand tu vas crever je ne serais pas là. Parce que crois moi, en me giflant tu viens d'enterrer mon père, celui en qui, j'avais encore un strict minimum de respect. Alors j'espère que quand tu passeras l'arme à gauche, tu te trouveras tout seul en enfer. Il n'y a pas de place au paradis pour des merdes comme toi.

Je vis dans son regard, l'éclat de tristesse. Mes mots l'avaient touché au plus profond de son être. Il regrette son geste je le sais mais il va comme d'habitude ne rien montrer.

- Bien si c'est ton choix. Je vais demander à mon avocat de rédiger ce contrat de mariage. Les fiançailles seront officialisées dans une semaine et le mariage suivra. Je vous laisse vous mettre d'accord sur l'histoire de votre rencontre. Personne ne doit savoir que c'est un mariage arrangé sinon ma place sera mise à prix. Je vous fais confiance pour qu'en public, votre amour soit vu par tous. Faites vos cartons, la semaine prochaine vous allez emménager ensemble dans la suite principale.

Je reste bouche bée. On va devoir cohabiter ensemble dans la suite de mon père. Enfin plus pour longtemps après ça sera notre suite.

Mon père nous laisse, je me retrouve seule avec Daymon qui s'approche de moi tel un prédateur qui flaire sa proie.

- De un, ma bite est toute sauf petite. De deux, ne me parle jamais comme tu viens de parler à ton père parce que crois moi j'enfoncerais tellement ma bite au plus profond de ton cul que tu te souviendras de moi pour longtemps. De trois, je suis tout sauf patient Maria. Je ne suis pas ton père. Ta petite gueule de madame la capricieuse j'en ai strictement rien à foutre ni même ton cul. Alors si tu as peur d'être frustrée sexuellement, prends toi une pute, ne t'inquiète pas pour moi je ne coucherais pas avec toi. Les putes sont beaucoup plus baisables que toi.

- Ne commence pas et n'oublis pas tu es et tu seras toujours mon chien. Donc ferme ta gueule et à la niche. Je vais faire de ta vie un enfer Daymon.

Me dirigeant vers la porte, je ne laisse rien paraître. Je suffoque, j'ai besoin de prendre l'air. Partir loin de cette maison.

Juste avant de sortir, Daymon prend la parole.

- Ne t'inquiète pas pour l'enfer Maria. J'y siège déjà.

Sur ses paroles, je le laisse seul et cours vers la sortie. Dans ma voiture, j'appelle la seule personne qui pourrait me changer les idées...

- Allô?

- Juan, c'est Maria... j'ai besoin de toi.

Damnée pour toujours Où les histoires vivent. Découvrez maintenant