CHAPTER TWELVE | JEANNE

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Les larmes invisibles qui coulent à l’intérieur sont les plus difficiles à sécher.




Nous sommes le trente et un octobre, aujourd'hui c’est Halloween. D’habitude, je n’ai pas peur de cette fête car je ne fais rien de spécial, mais cette année est différente. Je suis invitée par Célia.

Moi, je suis invitée ?

Au début, je n’y croyais pas. Mais après, je me suis rappelée que je suis avec Célia.

Mais le fait d'être invité à cette soirée me fait tout de même un drôle d'effet, en dix-sept années de vie, je n'ai jamais été invitée à une fête.

Je ne sais même pas comment m'habiller.

Je n'ai même pas de costume.

Je vais tout foirer.

On va se moquer de moi.

Mon regard se porte sur mon corps dans le reflet du miroir.


Je suis écœurante.

Je n'aurais pas dû manger.

J'attrape la balance qui se trouve dans un coin de la salle de bains et monte dessus après avoir au préalable retiré mes vêtements.

52 kilos.

2 kilos de trop.

Je suis énorme.

Beaucoup diront que mon corps est parfait, que je devrais l'aimer… Mais je ne l'aime pas. Je n'aime pas voir mon corps. Énormément de gens désirent mon corps, je leur donne gratuitement. Si ça peut me retirer un poids mental.

Des larmes dévalent le long de mes joues sans que je ne puisse rien faire.

Le dégoût que j'éprouve envers moi est si fort que je me demande même pourquoi je ne suis déjà pas en train de me tuer.

Le jugement qui est à l'origine du dégoût. Au début ce sont des remarques sur toi et tes habits, et ensuite ça va plus loin.

Après, tu commences à t'habiller différemment, à beaucoup réfléchir avant de choisir un vêtement pour savoir s’il ne révèle pas trop ton corps ou s'il n'est pas trop démodé.

Le jugement est le fondement du dégoût. Du dégoût de soi.

Les remarques répétitives rentrent dans ton cerveau et ancrent des idées idiotes dans ta tête.

« Tu ne devrais pas t'habiller ainsi, car ça ne va pas plaire. »

Mais est-ce qu'on vit pour les autres ? Je sais que la réponse est non, mais une partie de moi n'y croit pas. Le jugement des autres aura toujours un impact sur ma vie. C'est irréversible.

Ma respiration est rapide. Je ne sais pas si je devrais faire sortir tout mon dîner dans les toilettes, ou si je dois prendre sur moi. Je ne sais que choisir. Ça me torture l'esprit. Les larmes montent et ne s'arrêtent pas de couler, je ne peux plus m'arrêter. Je suis à bout. À bout.

Après l'accident dans les Alpes, mes parents ont dû se déplacer là-bas. Mon géniteur avait un regard si noir… Je ne l'avais jamais vu autant énervé. Sur le chemin du retour, il a voulu que j'aille à côté de lui dans la voiture. J'ai refusé une première fois, mais c'était la fois de trop. II m'a alors pris par les cheveux et balancé dans la voiture comme si j'étais un vulgaire sac. À ce moment-là, je ne savais pas ce qui allait m'arriver.

Ma mère n'est pas intervenue par peur, même si mon père ne lève jamais la main sur elle. Seulement sur moi, je suis ce qu'on peut appeler son punching-ball.

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