Chapitre 15

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TAYLOR

Au téléphone avec Roxanne, je lui fais un débriefing de la semaine de dingue que je viens de passer. À commencer par Rosie, et le fait qu'elle m'a poussé à entrer dans l'équipe de cheerleader, ce que ma meilleure amie encourage fortement car je cite :  « tu as besoin de te sociabiliser, ça te fera le plus grand bien », puis je lui ai raconté l'épisode de vendredi soir, où j'ai emprunté la voiture d'Eden pour sauver Alec d'une soirée ennuyante et où j'ai finis par le gifler, son hoquet de surprise me fait sourire parce que je m'y attendais un peu, tout comme moi elle ne sait pas d'où m'ai venu cet élan de courage, ou de folie, au choix. Et encore, elle n'est pas au bout de ses surprises, je n'ai pas abordé les événements d'il y a quelques jours. Je m'applique à lui donner tous les détails de la soirée où après mon dîner avec Adam, j'ai décidé de le suivre pour découvrir pourquoi est ce qu'ils me faisaient toutes ces cachoteries et arrêter les scénarios digne d'un Scorsese qui se réalisaient dans ma tête. J'ai mis plusieurs heures à assimiler ce qui s'est passé ce lundi soir, même après ma dispute avec mon cousin puis celle avec mon petit ami auquel j'ai posé un lapin, j'avais toujours du mal à réaliser et à comprendre ce à quoi je venais d'assister. Après une nuit blanche à intégrer l'idée, j'ai eu une discussion un peu plus calme avec Adam le lendemain, lui demandant la vérité sans fioritures, et il me l'as donné. Éden aurait besoin de pas mal d'argent pour des raisons personnelles, il a refusé de me dire lesquelles mais m'a assuré qu'il n'y avait rien d'illégal.
En dehors de ces courses clandestines qui ne me paraissent pas très légales à moi.
Je lui ai demandé d'arrêter et de trouver une autre solution mais il m'a rit au nez, visiblement ma requête semblait absurde, c'est apparemment le seul moyen de se faire beaucoup d'argent en peu de temps et Éden voudrait que « cette chose », dont j'ignore la véritable raison, soit réglée au plus vite. Bien sûr, il m'a envoyé sur les roses quand je lui ai dit qu'il n'avait pas à participer à ce jeux dangereux avec notre colocataire, ce qui signifie que je vais continuer de me faire du souci pour lui dès qu'il va disparaître ou que je ne vais pas savoir où il se trouve.

- QUOIIIIII ?

Le hurlement choqué de ma meilleure amie à la fin de mon monologue me replonge dans la réalité. Je lui affirme n'être sous aucune substance au moment même où je lui parle et que tout ce que je viens de dire est bien vrai.

- Whaou. Je ne t'appelle pas pendant 8 jours et ta vie se transforme en série TV. À côté de ça j'étais trop heureuse de te parler du restaurant thaï que j'ai déniché mais c'est ridicule face à ce qui se passe dans ta vie.

- Tout dépend, est-ce qu'ils font du poulet frit aux noix de cajou dans ton restaurant ? Je demande excité.

- Bien sur qu'est ce que tu crois, et leurs Ruam Mit sont plus que délicieuse ! Elle s'emporte à son tour, on ira en manger toutes les deux quand tu viendras !

Silence.

Je ne lui offre aucune réponse. Pour l'instant ne serait-ce qu'imaginer remettre un pied la bas me serre le cœur. Je n'ai pas le courage de retourner dans cette ville qui renferme les pires moments de mon passé. Je me rends compte à ce moment que mes trois mois ici ont été plus que bénéfique pour mon moral, je me sens plutôt... bien, j'ai enfin le sentiment d'être à ma place quelque part. Même si les premières semaines ont été très compliquées, je m'en suis mieux remise que si j'étais resté à Milwaukee, cette ville qui détient mes mauvais souvenirs et les raisons de mes cauchemars.

Ici j'ai retrouvé des bases plus saines, ma famille, des amis qui m'apprécient vraiment, je suis enfin le cursus que je veux à l'université et je paie ma part du loyer en travaillant au bar dès qu'ils en ont besoin. Le soutien de mes amis et la légèreté qu'ils m'apportent m'empêche de flancher. Ma vie me plait, je pense même pouvoir être heureuse ici, me construire un avenir. Chose que je me refusais même d'imaginer en vivant là-bas. Ça ne me manque pas. La seule chose à laquelle je me raccrochais était Roxanne et je me rends compte maintenant que ce n'était pas la solution, ce n'était pas sain, ni pour elle, ni pour moi. Certes elle me manque terriblement, mais je ne sais pas si j'arriverais à retourner là-bas sans me laisser submerger par la tristesse, le dégoût et la honte que j'éprouvais sans cesse.  Ma meilleure amie pousse un léger soupire après plusieurs secondes de silence.

Fall for youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant