Depuis quelque temps, je m'adonne à un exercice que j'affectionne tout particulièrement. J'observe des photos, jusqu'à ce que l'une d'elles m'inspire. Je l'enregistre, et commence à écrire ce qui me passe par la tête. Je fais de l'écriture automatiq...
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La douce brise de ce matin de juin fait virevolter les cheveux de Sophie, qui ferme les yeux doucement. Elle avance dans la faible lumière du jour qui se lève, en direction de l'épicerie. Sophie préfère s'y rendre dès l'ouverture, elle n'aime pas se mêler à la foule.
Elle arrive devant la petite boutique, et découvre Amar, le gérant, un sourire sur le visage. Accoudé sur son comptoir, il observe la vieille dame entrer dans son magasin.
- Bonjour madame Bonnet, lance-t-il d'un ton joyeux.
- Bonjour ! Répond-elle avec un regard doux.
Sophie se dirige vers le rayon des produits pour animaux. D'un regard rapide, elle parcourt les étagères pour trouver ce qu'elle cherche : une conserve de pâtée pour chats. Mais elle ne prend pas n'importe laquelle, aujourd'hui est un jour spécial, Sophie choisie la plus chère. Elle récupère une boite de mouchoir au coin du rayon, et se dirige vers le comptoir.
D'une main tremblante, madame Bonnet tend ses articles à Amar. Tandis qu'il scanne les articles, elle fouille dans la poche de son pantalon et en sort quelques pièces. Sophie récupère ensuite ce qu'elle est venue chercher, et salue le gérant de la boutique en sortant. Il est temps de rentrer à la maison.
Cette journée s'annonce chaude pense Sophie en observant le ciel dégagé. Il y aura peut-être même un grand soleil. À cette pensée la vieille dame souris. Une belle journée, se répète-t-elle dans sa tête.
Arrivée sur le pas de la porte, Sophie, d'une main fébrile, fait tourner la grosse clé dans la serrure. Elle se dirige dans sa cuisine, où les rayons du soleil éclairent le carrelage brun. L'odeur de thym et de café imprègne la pièce, mais est vite chassée par l'effluve de la boite de pâté que Sophie vient d'ouvrir. Visiblement, quelqu'un d'autre à senti cet arôme spécial.
- Oui mon chéri, j'arrive, lance-t-elle d'une voix mélodieuse.
La vieille dame écrase la pâtée dans une assiette et se dirige vers son salon. En passant la porte, elle aperçoit Casper son vieux chat blanc. Il est allongé, sur le côté, sur un coussin, le poil gras et ébouriffé. Il peine à se lever, mais en voyant sa maîtresse, il redouble d'efforts. Ses grands yeux vert émeraude sont devenus plus opaque, il n'y voit plus grand-chose.
Douloureusement, Sophie se baisse pour porter l'assiette de pâtée près de son ami. Ce dernier se régale malgré sa difficulté à avaler. La vieille dame se laisse alors tomber dans son gros fauteuil en tissus, dans un soupir. Elle restera là toute la journée à veiller son ami jusqu'à son départ. Casper, avant de rendre son dernier souffle, jette un regard à sa maîtresse. Quitte-t-il se monde heureux ? Se demande Sophie, dont les larmes ruissellent le long de ses joues taché par le temps.
*
Plusieurs jours se sont écoulés depuis la mort de Casper, et Sophie tente tant bien que mal de reprendre un train de vie normale. Mais aujourd'hui, quelque chose l'agace. Depuis ce matin, elle n'arrive pas à retrouver une bague qu'elle ne quitte jamais. La veille dame retourne toute sa maison, en vain. J'ai dû la perdre en allant faire mes courses hier, se résigne-t-elle. Puisqu'elle n'a rien d'autre à faire, Sophie décide de refaire le chemin de la veille en sens inverse.
Lorsqu'elle arrive devant le parc pour enfant, elle est interpellée par des petits cris étranges. Elle n'y prête pas tout de suite attention, puis finalement, elle reconnaît les petits gémissements : ce sont les miaulements d'un chaton. Au même moment, une femme et sa fille d'une dizaine d'années passent près de Sophie. C'est alors qu'un chat d'un blanc éclatant, au yeux verts émeraude sors fébrilement d'un buisson. La petite fille s'exclame de joie, et prend immédiatement le chaton dans ses bras.
- Maman ! Regarde, il doit être tout seul ! On peut le ramener à la maison ?
La mère semble hésiter, elle observe les alentours à la recherche de la mère du chaton. Elle observe les buissons, mais le chat semble tout seul. Finalement, elle accepte et cède à sa fille.
Sophie, toujours là, observe cette scène un léger sourire sur les lèvres. Les deux femmes tournent alors le dos à la vieille dame pour avancer, le chaton posé sur l'épaule de la petite. C'est alors que le regard de Sophie se plonge dans celui du chaton, et c'est comme si le temps c'était arrêté. Une perle d'eau chaude roule le long de la joue de la veille femme, elle sait. C'est lui.
