Un matin comme les autres

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Je descends nerveusement les marches du métro, comme si je descendais dans les limbes

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Je descends nerveusement les marches du métro, comme si je descendais dans les limbes. Je sais qu'on est aux heures de pointe, mais je n'ai pas le choix, les cours commencent tôt aujourd'hui. Je pose mon pied au sol, descendant la dernière marche, et déjà l'océan d'humain m'emporte. J'ai l'impression de me noyer, me frayant un chemin, comme si je nageais jusqu'à la rive, jusqu'aux portes de l'enfer. J'atteins enfin un espace où je ne suis pas trop oppressée, mais les odeurs multiples agressent mes narines. Certains arômes fleuris ne me gênent pas, mais les effluves nauséabonds qui frappent mon odorat m'obligent à enfiler mon nez sous mon écharpe.

Le bruit du métro au loin se fait entendre, ce qui agite tout le monde. Ça y est, c'est comme si on était aux jeux olympiques, le signal de départ est donné. Qui sera le premier à s'engouffrer dans le wagon, qui remportera la médaille de l'humain le mieux entassé ? J'essaie surtout de ne pas trébucher, on me bouscule, on m'étouffe. Le métro arrive, les portes s'ouvrent. Les passagers qui veulent descendre à cet arrêt tirent tous une tête dépitée. Ils vont devoir nager à contre-courant, se faufiler jusqu'à la rive, jusqu'à la surface. Tout se passe très vite, je suis emportée contre mon gré dans un wagon. Je n'ai pas de barre pour me tenir, je suis au milieu de l'océan d'humain, sans bouée ni brassards. Premier arrêt, premières secousses, premières excuses. « Désolé, pardon, ce n'est pas grave, pardon, excusez-moi ». Deuxième arrêt, c'est interminable. Finalement, je vois le bout du tunnel, mon arrêt approche. À mon tour de nager à contre-courant, heureusement ici c'est plutôt calme, beaucoup de monde va dans la même direction que moi. Je m'extirpe, je glisse entre les gens, je manque d'air. Je grimpe les marches qui mènent à la surface, d'où déferle une vague de gens, chacun allant dans une direction différente.

Me voilà enfin sortie de ce cauchemar, je sors des enfers et rejoins la surface. Une douce brise me caresse le visage, il est brûlant. Je suis soulagée, ma journée peut enfin commencer.

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