-Nayan-1-

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Il avait froid.
Il entra et vit sa mère, nue, allongée sur le côté. Elle était pâle, son corps transpirait et elle tremblait légèrement.
Le petit approcha lentement et monta difficilement sur le lit. Ce n'était pas la première fois qu'il la voyait comme ça. Il attrapa la couverture pour la couvrir et redescendit du lit pour aller prendre un chiffon d'eau froide, il revint ensuite rapidement et passa le chiffon sur le visage de sa maman.
Melinda put ouvrir légèrement les yeux et glissa sa main tremblante sur la joue de son fils. Elle lui parla en espagnol, comme elle le faisait fréquemment.

-Je suis désolée...

Nayan fut rassuré de sentir la main de sa mère contre sa joue et continua de tapoter son visage. Il lui apporta aussi un verre d'eau et quelque chose de sucré.
Melinda reprit peu à peu des couleurs et put se reposer. Nayan vint finalement se blottir contre la poitrine de sa mère, ne voulant et ne sachant pas dormir seul.
Mais il faisait froid.
Si froid.

Nayan ouvrit les yeux et repris ses esprits. Il s'était assoupi pendant de longues minutes, ce qui aurait pu lui coûter la vie.
Il s'appuya sur le mur derrière lui pour se lever et se couvrit avec la veste abîmée sur laquelle il s'était assis.
Le ciel était lentement en train de s'assombrir et il devait trouver un endroit pour passer la nuit au chaud.
Cela faisait déjà 10 ans que sa mère avait été tuée.

Nayan était un adolescent maigre, pâle et faible. Ses joues et ses orbites étaient creusés. Ses cheveux n'avaient pas été coupés depuis le décès de sa mère mais les noeuds présents dans ceux-ci leur donnaient une apparence plus courte.
Il s'avançait maintenant vers l'épicerie du Quartier sans Soleil, ce quartier où il avait toujours vécu et dans lequel il était resté enfermé. Il se sentait comme chez lui dans celui-ci et le souvenir de sa mère l'empêchait de le quitter.

Le vendeur le connaissait bien. Il ne comptait même plus le nombre de fois où Nayan était venu voler dans ses rayons.
Le jeune garçon entra dans l'échoppe et se balada entre les rayons, les mains dans les poches, l'air de rien.
Le gérant ne le lâcha pas une seconde du regard et s'adressa rapidement à lui.

-Tu reviens jouer le petit rat dans mes produits.

Nayan ne répondit pas et se contenta de s'assoir contre une étagère après avoir pris un paquet de biscuits. Il l'ouvrit et commença à en manger le contenu.
Le vendeur sorti de derrière son comptoir et approcha de Nayan.

-Pauvre gosse.

Le pauvre gosse agissait toujours comme si le vendeur n'existait pas et continua de manger les biscuits du paquets.

-Fini ton paquet et je t'emmène ailleurs pour la nuit.

Nayan mangea la moitié des biscuits et rangea le reste dans la poche intérieure de sa vieille veste avant de se lever.
Le vendeur, bien que plutôt gentil quelques minutes auparavant, agrippa Nayan par le col au niveau de la nuque et le tira brusquement à l'extérieur de sa boutique.

Le jeune poussa des gémissements étouffés, se sentant étranglé par ses propres vêtements et n'avait pas la force de se débattre contre le bras qui le tenait.
Il se fit tirer sur plusieurs dizaines de mètres et frapper au visage au moindre essai de se débattre. Après de longues minutes de tortures, Nayan pu enfin respirer à nouveau. Il était allongé contre un sol froid mais plus propre que ce qu'il avait l'habitude de voir. Il se tint le cou en reprenant son souffle et entrouvrit les yeux.
Son cœur battait à mille à l'heure et tous ses sens semblaient saturés. Il avait chaud mais frissonnait. À travers ses cheveux il n'apercevait que la lumière aveuglante de la pièce.
Ce n'est seulement qu'après plus ou moins une minute qu'il pu entendre clairement la voix du vendeur se plaignant et la voix d'un autre homme qui lui semblait plus calme.

Il se redressa pour se mettre à genoux et une main lui attrapa directement le bras pour le lever de force et le faire s'assoir sur une chaise. Il pu ensuite entendre une porte se fermer et tout de suite après une main se poser sous son menton pour relever son visage.

-Te voilà...

À travers ses yeux enflés par les coups reçus, Nayan vit enfin l'homme à la voix calme. Il était plutôt grand, les cheveux châtains et les yeux noisettes. Son visage était doux et ses yeux exprimaient une réelle attention envers Nayan.

Il balaya délicatement les cheveux du jeune garçon de côté et observa son visage.

-Anthéa...

Il avait toujours sa main sous le menton de Nayan.

-Ton père est Léandre c'est ça ?

Nayan resta muet.
L'homme réfléchit un instant et reposa la même question mais en espagnol.
Nayan le fixa un instant puis abaissa son regard et acquiesça.

-Je le savais...

Il lâcha l'adolescent et se redressa.

-Je suis Matteo Avila, le patron du Quartier.
Je sais que tu vis dedans depuis plusieurs années, mais je n'ai jamais réussi à te mettre la main dessus.

Il attrapa son cigare déjà entamé et le ralluma. Il se remit à parler entre deux taffes.

-Il n'y a plus rien pour toi depuis des années.
Il ne devait jamais rien n'y avoir de base.

Il se mit à marcher dans son bureau.

-Les enfants comme toi qui naissent ici et dont les parents meurent si jeunes ne survivent généralement pas.

Nayan le suivait du regard.

-Il n'y a plus rien. Tu es seul et livré à toi tout seul.

Il détourna le regard, revoyant les images floues de la mort de sa mère.

-Et pourtant te voilà.

Il revint proche de Nayan.

-Qu'est-ce qui te pousse à rester en vie ?

Nayan soupira et dit ses premiers mots depuis plusieurs années de mutisme complet. Il n'avait que très peu de voix et elle était tremblante.

-Mama...

Avila regarda le visage du jeune.

-Mama..c'est maman qui te fait rester en vie ?
Mais maman n'est plus là.

Les yeux de Nayan devinrent troubles.

-Qu'est-ce que tu pourrais bien faire de plus pour maman si elle n'est plus là..?

Nayan se leva et avança péniblement vers la porte.
Matteo le retint en posant sa main sur son épaule.

-Maman n'est pas là dehors non plus Nayan.

Nayan tourna la tête vers Matteo puis se mit à pleurer sans un bruit. Avila acquiesça et tint le garçon contre lui avec un bras.

-Je sais.

Nayan réfugia son visage contre l'épaule d'Avila qui le serra un peu plus.

-Je sais Nayan...

Il caressa les cheveux de l'adolescent puis le lâcha pour le regarder.

-Je vais te sortir de là d'accord ?

Le garçon fit un faible oui de la tête et laissa Avila gérer ce qui sera sa nouvelle vie.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 19, 2024 ⏰

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