4

9 1 0
                                    

Au réveil, Wooyoung étouffait de chaleur de par la proximité du plus âgé encore endormi qui reposait à moitié sur son corps brûlant. Le plus jeune avait l'impression de bouillir de l'intérieur alors, il s'éloignait furtivement de l'autre quittant le lit avant de jeter un coup d'œil davantage observateur sur l'endormi.

L'air attendrissant posé sur son visage, les cheveux mi-long soyeux s'étalaient autour du coussin crème tandis que sa peau lisse était teintée par une lueur orangée matinale transperçant les rideaux. Les tâches sombres de fard à paupières au ton froid accentuaient la structure osseuse tranchante de son visage, le rendant davantage attractif et attirant.

Avant que Wooyoung ne puisse remarquer, une couche d'humidité vint se loger sur ses pupilles. Il brûlait une énième cigarette sur le bord de la fenêtre, repensant mélancoliquement aux souvenirs partagés. Des plus beaux jusqu'aux plus douloureux.

Ils partaient souvent au lac, mais ce jour-ci était singulier. Aujourd'hui encore, il pouvait se délecter d'une saveur nouvelle, sucrée à l'arrière goût d'euphorie d'un premier amour qui se dévoilait dans le cœur d'un adolescent insouciant qui ne pensait encore qu'à s'amuser avec son meilleur ami.



C'était un soir chaud, le soleil rayonnait sur leur peau et séchait les vêtements encore humides accrochés sur des branches d'arbres. Ils avaient passé l'après midi à jouer dans l'eau et à plonger dans le bassin. Mais dorénavant, Wooyoung était allongé, l'herbe fraîche chatouillait son dos tandis qu'il sentait la pulpe des doigts de son ami assit à proximité tracer des arabesques sur son torse. Il respirait paisiblement, écoutant attentivement la mélodie d'une chute d'eau continue qui venait parfois éclabousser leur peau réchauffée, les yeux fermés qui s'ouvraient de temps en temps pour découvrir le spectacle d'un couché de soleil qu'ils admiraient ensemble la plupart des soirs d'été.

Cette soirée, les perceptions de ses sens avaient décuplé. Sa peau, très réceptive, brûlait sous les caresses de son ami, une sensation d'embrasement enflammait son estomac, et lorsque ses yeux rencontrèrent le plus âgé, il semblait le découvrir pour la première fois. Il percevait des détails restés obscur auparavant, et quand celui-ci lui envoyait un sourire complice, se complaisant dans le silence agréable d'une fin d'après-midi agitée, le cœur de Wooyoung, trop engorgé d'humeur chaude semblait fondre sous un rictus sincère, des fossettes charmantes et des yeux brillants qui se plissaient.

Du haut de ses quatorze ans, Wooyoung était plongé pour la première fois sous une vague d'euphorie, le cœur encore vierge, il ne pouvait qu'admirer, faible et impuissant, la muse de ses premiers fantasmes.




"Wooyoung ! On va voir les chevaux !" Ses pensées furent interrompu par les cris de la petite fille surexcitée qui réveillèrent San par la même occasion.

Sous la brume rafraîchissante du matin, Lana posée sur les genoux de San s'adossait sur lui alors qu'elle attrapait la crinière du shire vêtu d'une robe bai. "Ça fait longtemps ! Tu m'as manqué, tu étais où pendant tout ce temps ?" San pouvait sentir l'empreinte du regard intense de Wooyoung posé sur lui alors qu'il formait des réponses bateaux.

La rate engorgée de bile noire, l'esprit de Wooyoung était démangé par sa propre faiblesse. La honte lui rongeait l'esprit, après avoir autant souffert les derniers étés, le voilà pendu à ses lèvres l'accueillant dans sa vie les bras grands ouvert. L'alcool bien évaporé dans le sang, il réalisait qu'il devait mettre des distances avant de retomber dans le piège. San n'avait jamais été aussi attirant, si l'imagination de Wooyoung prenait trop d'ampleur, il pouvait facilement s'imaginer se lover dans des larges épaules, savourant les quelques centimètres de hauteur qui le séparait de son ancien ami, caressant son torse ciselé et sa taille resserrée. Son visage neutre était devenu plus stricte qu'auparavant, les pommettes saillantes, la mâchoire dessinée, et ses yeux semblables à ceux d'un félin se métamorphosaient en un sourire sincère causé par les blagues de la jeune fille. Wooyoung pouvait déceler les mêmes fossettes qu'il avait tant chéri auparavant.

"Tu sais que je te considère comme mon grand frère, ça m'a fait beaucoup de mal de voir que tu avais disparu. J'ai beaucoup pleuré, Wooyoung aussi." Il jetait un regard noir à sa cadette insouciante, qui en disait peut être trop, fuyant la réaction de San face à des paroles si honnête. "Je pense qu'on ferait mieux de rentrer, les chevaux sont fatigués." Il répondait, une pression creusant sa cage thoracique, n'osant toujours pas relever le regard vers le plus âgé de peur de croiser le sien. Après les plaintes de Léna, ils retournèrent déposer les chevaux au boxe, et alors que la petite fille s'en était allée jouer dans la prairie, les deux jeunes hommes se retrouvèrent dans un silence bruyant et morbide. Le cerveau de Wooyoung trop obstrué pour pouvoir penser correctement. "Peut-être qu'on pourrait redevenir comme avant... Je veux dire, on a tout les deux grandit et changé. On pourrait repartir sur de meilleures bases."

"On pourrait... C'est un peu facile pour toi de dire cela,
tu n'es pas celui qui a été blessé." Il ricanait seul, les yeux plongés dans le vide alors que ses bras parcouraient perpétuellement des arcs au travers du pelage de l'animal apaisé. "Je sais, mais je n'ai plus jamais scellé de lien aussi fort que le nôtre, j'ai adoré chaque seconde passé ensemble, je suis conscient que tu le sais déjà, et que c'est réciproque. S'il te plaît, laisse moi juste avoir une deuxième chance."

Quelques secondes s'étaient enfuies, Wooyoung réfléchissait à une issue de son combat interne causé par des réponses contradictoires. Il ne réalisait pas tout de suite la proximité du plus âgé qui se rapprochait dangereusement de lui pour le prendre dans une étreinte, ses bras embrassants sa taille serrée, les doigts se rejoignants presque sur son estomac couvert, la respiration chaude se logeant sur l'arrière de son crâne fragilisant davantage le cœur bâti en verre brisé du plus petit. "... Si seulement je n'avais pas été aussi faible, j'aurais pu te rejeter. Tu n'as pas idée d'à quel point j'ai souffert." L'étreinte se relâcha alors qu'une main était portée sur ses joues pour essuyer les larmes et la douleur qui s'égouttaient de ses paupières inférieures.

summer memory [woosan]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant