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Chapitre 2 : Un œil sur la casserole et l'autre sur le chat*
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Vanessa était assise au milieu du salon sur un fauteuil, celui de Mme Chastain. De l'autre côté de la pièce elle pouvait voir les secours s'affairer autour de la vieille dame.
Ils avaient tout essayé : le masque à oxygène, le massage cardiaque, l'injection de différentes substances pour faire redémarrer son cœur. Mais le corps de Colette Chastain était trop vieux et son cœur trop fatigué pour se remettre à battre. Suite à l'arrivée du médecin des urgences, son décès fût enfin prononcé et maintenant, les urgentistes plaçaient son corps dans une housse mortuaire.
Alors qu'elle les regardait faire, Vanessa fût frappée par l'odeur de rose qui émanait du tissu du vieux fauteuil sur lequel elle était toujours assise. Elle ne s'en était jamais rendu compte, mais Madame Chastain portait toujours ce même parfum douceâtre qui maintenant donnait la nausée à l'aide à domicile. Un sentiment étrange naissait en elle et pour la première fois depuis que l'incident eut lieu, elle réalisa que Madame Chastain était partie, que plus jamais elle ne sentirait ce parfum.
La mort de sa patiente lui fit également prendre conscience que son avenir serait inéluctablement compromis. Qu'allaient penser les gens. Ses collègues ? Son mari ? Allaient-ils croire qu'elle était négligente ? Ou pire, qu'elle avait mis sciemment des fruits à coques dans le potage.
Le doute commençait même à l'assaillir. Machinalement, elle porta ses doigts à sa bouche et se rongea les ongles, perdue dans ses pensées. Elle se revoyait debout, dans la cuisine, la main au-dessus de la cocotte, l'amande au creux de son poing. Pendant un instant, elle y avait pensé. Une petite seconde, cette idée lui avait traversé l'esprit. Mais jamais, non jamais elle n'aurait été capable d'une chose pareille. Elle se repassait le film en boucle. Avait-elle ouvert la main et laissé tomber le fruit dans la soupe, sans s'en rendre compte ? Comme quand, involontairement, notre corps nous pousse à agir par instinct ? Non. C'était impossible. Vanessa veillait toujours au bien-être de ses patients et même si Madame Chastain était insupportable de son vivant, jamais elle n'aurait pu commettre un acte aussi cruel. Alors comment expliquer la mort de la vieille dame ?
Un goût de métal remplit sa bouche et Vanessa grimaça en inspectant ses doigts. L'ongle qu'elle grignotait s'était cassé, laissant apparaître une goutte de sang sur sa peau maintenant à nue.
Des bruits de pas attirèrent son attention et en levant les yeux elle aperçut un homme portant l'uniforme bleu de la police avancer au milieu du salon. La trentaine, grand et élancé, il paraissait plutôt amical. Pourtant, son regard perçant laissait deviner qu'il ne commettrait aucun impaire.
Le policier s'approcha de Vanessa et esquissa un sourire crispé, trop professionnel pour être sincère :
— Madame Perrin ? Bonjour, je suis l'officier Tremblay. J'aurais quelques questions à vous poser sur ce qu'il s'est passé.
Vanessa se leva maladroitement. Elle acquiesça, ne sachant quoi répondre à l'officier. Celui-ci sortit un petit calepin noir et un stylo avant de s'éclaircir la gorge.
— Bien, commença-t-il les yeux rivés vers la femme, pouvez-vous me décrire comment c'est arrivé ?
Vanessa ouvrit la bouche sans trop savoir quoi dire. Comment c'est arrivé ? Que voulait dire l'officier Tremblay avec cette question ? Fallait-il qu'elle raconte chaque événement de la matinée ? Qu'elle donne des faits, des hypothèses ? Qu'elle avoue qu'elle pensait être coupable de la mort de Madame Chastain ?
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Au Détour D'une Page
Historia CortaD'histoires de vie à histoires d'amour en passant par le paranormal, bienvenue dans mon méli-mélo de récits. Ici il n'y a pas de logique, juste des idées. Des histoires d'un chapitre ou de 10 avec ou sans réelle intrigue. Attendez vous à tout, ou à...