Le contrôle

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Tw : mention d'auto-mutilation et de TCA

Je n'ai aucun contrôle sur rien.

Je subis tout ce qui m'arrive. Moi, ma vie, mes pensées, mon corps. Je ne contrôle rien.

Je vis comme un fantôme, sans trop réfléchir à pourquoi je fais tout ça. Pourquoi je continue de faire semblant. Ah oui c'est vrai : pour ne pas déranger et inquiéter les gens. Comme toujours.

Je fais tout pour être le plus invisible et insignifiant possible. J'essaie, j'essaie vraiment. Mais je suis toujours là, en trop, et des gens finissent par s'attacher, je ne sais comment, et moi aussi je m'attache. Mais je suis voué à disparaître à nouveau dans la noirceur.

Le soir, je ne sais pas quoi faire. Je traine un peu sur insta parce que sinon, je resterai à regarder le vide et à ressasser pendant des heures, le peu de souvenirs que j'ai.

En cours, j'ai du mal à parler, ou à agir, alors mon cerveau active un système de survie qui me permet d'agir presque normalement, tout seul, sans que je m'en rende compte. Je ne suis qu'une paire d'yeux qui voit défiler la vie de quelqu'un de façon subjective. Mais je finis par tellement dissocier que je vois juste quelqu'un qui vit une vie qui est censée être la mienne.

Et on remet tout sur le dos de l'adolescence. Si vous saviez.

Tous les jours j'ai envie de hurler. Hurler "j'ai un TDI, je dissocie tout le temps, je me déteste" et tout ce qui me ronge. Je pourrais en avoir pour des heures, et je passe des heures à imaginer comment ça se passerait.

"Je suis Charlie, je ne suis pas comme ça, je vis comme un fantôme. Mes amis vivent dans ma tête, vous ne les connaissez pas."
Mais on me prendrait pour un fou, et j'attirerai l'attention. Une attention que je ne mérite pas.

"Ma vie n'est pas un film."
"Je ne veux plus faire semblant."
"Je veux être moi, mais je ne sais pas comment on fait."

Je brûle de rage, la rage de vouloir vivre mais ne pas y arriver, me l'interdire. La rage de ne pas réussir à mourir non plus. La rage de ne pas vouloir exister, et en même temps, la rage de vouloir dire "je suis là et j'ai besoin d'aide bordel."

Je voudrai crier mes envies, mes désirs, ma personnalité.

Mais, c'est vrai. Je n'en ai pas. Je suis mort à l'intérieur.

Je ne contrôle rien. Ni ce que je suis, ni ce que les gens pensent que je suis, ni ce que je voudrai être. Je ne suis rien et je suis tout à la fois.

C'est peut-être pour ça que je me mutile, pour contrôler la douleur.
Peut-être pour ça que je ne mange plus autant qu'avant, pour contrôler la faim, et mon poids.
Peut-être pour ça que je résiste encore à la clope, pour contrôler mon addiction.

Parce que je subis tout ce qu'il m'arrive, une vie que je n'ai pas envie d'avoir, une vie vide de sens, une vie qui voudrait disparaître. Un mélange de choses qui voudrait ne jamais avoir été là, comme c'était prévu à la base.

UN PUTAIN DE MIROIR BRISÉ MERDE.

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