Chapitre 24

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Nous sommes mercredi et, n'ayant pas cours, je suis toute la journée au studio. Le temps passe toujours beaucoup trop vite quand j'y suis. J'aime ce métier et j'ai hâte de pouvoir finir le lycée pour m'y consacrer intégralement. Moussa me fait toujours pleinement confiance et les clients ne me considèrent même plus comme une apprentie. Certains demandent même à ce que ce soit personnellement moi qui m'occupe d'eux, ce que je n'aurai pas cru possible tout de suite. Lors de notre pause de midi, Moussa vient me voir tout en mettant son plat au micro-onde.

- Alix, tu fais du très bon travail. C'est bientôt Noël et, pour te remercier, j'aimerais t'offrir quelque chose. Je sais que tu galères un peu avec ton père financièrement et, vu toute la clientèle que tu me ramène, le studio marche de mieux en mieux. C'est pourquoi, ce mois-ci je t'offre un treizième mois.

Je n'ai même pas assez de mots pour le remercier. Je le prends dans mes bras et récupère ce chèque de presque 1500 euros C'est peut être peu pour certains. Mais sachant que je ne suis pas diplômée et que je travaille à mi-temps, gagner le smic est déjà très bien. Je vais même pouvoir offrir des cadeaux pour Noël, ce qui est assez rare étant donné nos moyens.

Je reprends tout sourire mes retouches sur l'ordinateur, avant que Moussa ne revienne me voir après deux heures de travail plutôt intense.

- Ya ta prof qui est là, me dit-il en chuchotant.

Je ne savais pas qu'elle venait et je dois me faire violence pour ne pas montrer ma joie. J'essaie donc de faire comme si de rien n'était, laissant mon cœur accélérer tout en gardant une voix calme.

- Pourquoi tu chuchote ?

- Parce qu'elle n'a pas l'air de m'avoir vu et elle est très concentrée sur ton travail. Elle feuillette ton portfolio depuis au moins dix minutes

Flattée de savoir que Camille apprécie mon travail, je me dirige discrètement vers l'accueil et, d'un pas silencieux me rapproche d'elle. Moussa ne m'avait pas menti, elle semble profondément concentrée et ne me remarque même pas. Je me place derrière elle et murmure :

- Tu aimes ?

Elle referme d'un coup le portfolio en se redressant, surprise de m'entendre.

- Oh, Alix, tu m'as fait peur, je ne m'attendais pas à te voir.

- Dans mon propre studio ? Réponds-je en croisant les bras d'un air amusé

- Oui, enfin je te pensais occupée... Je passais dans le coin, j'ai vu le bâtiment et je suis entrée... Je me suis dit que j'allais jeter un œil à ton travail.

Elle semble gênée d'être prise sur le fait, mais cela m'amuse beaucoup. Cela montre qu'elle tient à moi et que mon travail l'intéresse.

- Je termine dans une demi-heure, si tu as le temps de patienter, on peut se promener au bord de l'eau si tu veux, lui proposé-je.

- Avec plaisir !

Son sourire sincère montre qu'elle attend ce moment avec impatience, tout comme moi. Ce n'était pas du tout prévu, mais pouvoir passer du temps avec elle m'avait manqué. Il va tout de même falloir rester discrètes tant que nous sommes à l'extérieur, parce que si nous croisons un élève du bahut, il ne comprendrait certainement pas pourquoi une prof traîne avec moi et des rumeurs commenceraient instantanément à voir le jour.

J'essaie tant bien que mal de me concentrer sur mes retouches, mais la sachant à quelques mètres de là, il m'est très difficile de ne pas penser à elle. La demi-heure passe, plus lentement que ce que j'aurais imaginé, puis je la rejoins tout en rangeant avec soin mon appareil photo. C'est Moussa qui me le prête, n'ayant pas l'argent d'en acheter un. Il me laisse le ramener chez moi car il sait que j'y prends soin. Je mets mon blouson puis, nous sortons nous balader au bord de l'eau. Nous ne pouvons pas nous tenir la main ni même nous effleurer alors nous profitons juste de la présence de l'autre. Elle est vraiment jolie les cheveux lâchés, volants au vent. Je sors mon appareil, voulant immortaliser le moment.

L'amour a ses raisons que la raison ignoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant