𝙂𝒂𝙣𝒈 𝒐𝙛 𝙍𝒐𝙗𝒃𝙚𝒓𝙨

Prologue

Kellan

Dans l'obscurité feutrée de cette villa nichée au cœur d'un quartier huppé du nord de Chicago, je me fonds dans l'ombre. Les lueurs furtives de ma lampe de poche glissent méthodiquement sur les contours soigneusement choisis des bibelots précieux du salon. Au fil des secondes, l'héritage d'une vie de luxe, reposent entre mes doigts agiles avant d'échouer avec soin au fond de mon sac de sport.

Chacun de mes pas résonnent discrètement dans la pièce, accompagné par le tic-tac régulier d'une vieille horloge qui souligne à la perfection le suspense de cet instant. Ce n'est pas un vulgaire vol, c'est mon art. Des semaines de préparation méticuleuse m'ont conduit jusqu'ici, et je savoure ce moment au fil des secondes. Tout me prouve, une fois encore, que la valeur de chaque objet ne se mesure pas seulement en argent, mais aussi en émotions procurées et en souvenirs dérobés.

Alors que je m'apprête à monter à l'étage, j'entends des bruits étranges à l'extérieur de la villa. Je m'empresse de grimper les marches unes à unes. L'adrénaline qui jusqu'à présent était presque comme orgastique devient subitement électrique. Je focalise mon attention sur ce qui se passe au rez-de-chaussée tout en m'immisçant furtivement dans l'ombre d'une porte entrouverte, pour dissimuler ma présence. Les bruits s'amplifient, des pas bruyants, des chuchotements puis le fracas d'un vase brisé. Quelque chose se trame sous mes pieds et mon intuition me dit qu'il ne s'agit pas des propriétaires qui ont écourté leur soirée.

Le silence de la chambre du haut, où je me cache, devient soudain l'écho amplifié de l'agitation d'en bas. Mon cœur bat avec une intensité nouvelle, je suis curieux, extrêmement, mais surtout en état d'alerte. Le son des pas se rapprochent. Quelqu'un entre dans la pièce puis une silhouette se découpe dans la lumière tamisée.

À cet instant, je réalise que la nuit qui était jusque-là ma complice pourrait bien me réserver une histoire différente, pleine d'imprévues. Ma main glisse aussi instinctivement que lentement vers l'étui dissimulé sous ma veste. La froideur familière du métal contre mes doigts me ramène à la réalité brutale qui s'installe dans la pièce.

Un faisceau de lumière se déplace dans la chambre, éclairant brièvement le désordre que je m'apprêtais à laisser derrière moi. Mes doigts resserrent leur étreinte sur la crosse de mon arme. Je suis déterminé à protéger ce qui m'appartient, à commencer par ma liberté.

Puis un parfum délicat mais inconnu flotte dans l'air et vient chatouiller mes narines. Une fragrance typiquement féminine. Je fronce les sourcils et scrute la silhouette qui s'avance dans la chambre.

- Wow...Du Gucci... Oh putain Ellie !

La jeune femme, le doute n'est plus permis en ce qui concerne l'inconnue, éclate de rire tout en plongeant dans le dressing et en entassant dans son sac tout ce qu'elle peut. La discrétion n'est pas de mise, d'autant plus que d'autres pas se rapprochent rapidement. Puis la lumière éblouit la pièce avec une spontanéité saisissante.

- Tu fais quoi ? demande une autre jeune femme en se rapprochant du dressing. Oh merde, ça c'est la classe. Pique pas tout, Norah !

J'assiste à une scène surréaliste où le mélange d'éclats de rire, de gestes furtifs et de répliques spontanées crée une atmosphère délirante. Je me demande ce que je fou là. C'est plus fort que moi, je pointe mon arme vers elles, tout en sortant de ma cachette. D'un pas fluide je m'empresse d'aller éteindre la lumière. Visiblement elles n'ont pas l'air de savoir que c'est le meilleur moyen d'attirer l'attention.

- Qu'est que vous fichez ici toutes les deux ?

Une des deux jeunes femmes, la brune, pousse un cri strident qui résonne dans la pièce. Celui-là vient du plus profond de ses entrailles. Elle lâche son sac instantanément le laissant tomber à ses pieds dans un bruit sourd. La petite blonde qui l'accompagne, se retourne en sursautant et me fixe. J'arrive presque à percevoir une lueur de défi dans son regard au fil des secondes qui passent.