1. Bienvenue à Boston

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-Je suis désolé, Evelyn.

🫀

00h00. Route 95.

- Avance ta caisse, connard !

Voilà maintenant trois heures que je suis bloquée dans un énorme embouteillage. Je déteste prendre la voiture et encore plus la nuit ! Déjà que je suis partie en retard, car j'ai dû m'occuper de Callista, ma petite sœur, jusqu'à ce que ma mère n'arrive. Mais, en plus, je n'ai pas l'argent pour me payer un billet de train ou d'avion. Hors de question de demander de l'aide à mes parents ! Pas question de demander à Giagiá (grand-mère en grec) aussi. Elle a déjà assez à faire et n'a pas forcément l'argent aussi. Je regarde mon compteur d'essence. En plus, je dois aller prendre de l'essence.

- Bon, c'est pas comme-ci, je pouvais me faire kidnapper, si ?

C'est totalement comme ça que tu peux te faire kidnapper, Evelyn.

Je cherche la station essence la plus proche et m'y rendre. De toute façon, c'est pas mieux que de tomber en panne d'essence en plein milieu de la route.

Quoique ?

Ce n'est pas la première fois que je fais cette route de nuit, mais je me chiais tout autant dessus que la première fois. La ville doit être encore à quelques miles d'ici et c'est la station la moins lugubre que j'ai vue. Tout devrait bien se passer.

Enfin, j'espère.

Je m'approche de la station. Elle est déserte. Aussi déserte que le désert du Sahara. Et encore, le Sahara doit avoir plus de vie que cette station d'essence. Seul le caissier est là. En espérant que ce ne soit pas la lui mon kidnapper.

Ressaisis toi, Evelyn ! Tu te fais des films. Arrête de voir le monde avec autant de noirceur. Je suis sûre que le caissier est aussi mignon qu'un chat.

Voilà que je me mets à penser à des chats moi. Je traîne trop avec Poppy. Va falloir changer ça. Mais c'est ma seule amie. Et la seule personne à me supporter. Bon bah, pensons aux chats.

En réalité, Poppy et moi, nous nous sommes rencontrés au lycée. Elle est drastiquement mon opposé. Elle vient d'une famille riche, la mienne est modeste. Elle a de beaux cheveux lisses et blonds, les miens sont bouclés et bruns. Autrement dit, elle est la belle fille, heureuse de vivre, où tous les mecs se retournent pour la mater, et puis, il y a moi, aussi plate et fade que du béton. Mais elle a été la seule personne présente pour moi. En dehors de ma Giagiá. Alors, notre amitié valait de l'or pour moi. Plus que je ne l'admettrai.

Je me dirige vers le caissier et m'accoude sur le comptoir avec un regard ennuyé et froid.

- Trente-sept dollars vingt, annonce le caissier avec une indifférence très prononcée.

Je suis légèrement surprise qu'il sache que je viens pour un plein. Je le regarde méfiante pendant une fraction de seconde.

T'as littéralement ta caisse devant une pompe, imbécile !

Je hoche la tête et paie avant de quitter la petite échoppe et de retourner à ma voiture. Qu'est-ce que je déteste faire mon plein en pleine nuit. C'est lugubre. On dirait que je suis dans un thriller ou une série policière. Ça me donne la chair de poule. Bien plus que je ne l'aurais cru.

J'enroule une de mes mains sur le pistolet et commence à faire le plein. Je prie pour que cela aille le plus vite possible. Une autre voiture s'arrête sur l'autre pompe, celle juste à côté de moi.

Putain ! Il y a littéralement trois autres pompes à essence et le bougre prend celle juste à côté de la mienne ! Calme toi Evelyn. Déstresse.

EnlevéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant