Elle a dix ans aujourd'hui, c'est à peine croyable ! dix années de pure euphorie fredonnât-elle d'une voix à peine audible.
- Je n'arrive toujours pas à y croire Marilyne ! en un claquement de doigt cette peinture à fait le tour du pays et même du continent.
- Que veut- tu que je te dise ? j'ai su saisir ma chance lançât-elle tout en plongeant son regard aussi profondément que possible dans son chef-œuvre qui était affichée sur le mur de la plus prestigieuse et grande galerie d'art d'Elisabeth-ville. Les privilèges d'être au bon endroit, au bon moment !
- Quoi qu'il en soit, je suis extrêmement fière de toi princesse ! dit-il en se rapprochant intimement d'elle, il l'avait à peine effleuré qu'il pouvait ressentir le doux parfum et la chaleur qui émanait de sa meilleure amie Marilyne.
Elle le prit par la taille et le rapprocha encore un peu plus d'elle avant de poser sa tête contre son épaule. Il ne se fit pas prier longtemps et ramena ses mains dans le dos de Marilyne. Es-tu heureuse ?
Elle inspira profondément, puis expira tout doucement, elle seule avait conscience de ce qu'elle avait dû sacrifier pour acquérir ce succès. Était-ce réellement si cher payé ? telle était la question qui demeurait dans son esprit.
- Si je suis heureuse ? Se demande-t-elle intérieurement avant d'énoncer sa réponse. Je l'ai été tout au long de ces années ! je l'ai fichtrement été ! elle se décolla enfin de lui, le visage rayonnant de bonheur. Il est temps de faire la fête Théo !
- Je suis parfaitement d'accord avec toi ma chère !
Il fit un pas en arrière, attrapa d'un geste un peu nonchalant une flute de champagne à moitié rempli sur la table du buffet, ainsi qu'une cuillère parmi les couverts qui étaient là. Un tintement se fit entendre dans toute l'étendue de la pièce, ce qui plongea la salle dans un calme absolu. Théo fit signe au dj de couper le son un moment.
- J'aimerais, si vous me le permettez, porter un toast. Je le dédie à mon amie de longue date, la meilleure peintre de sa génération, à la femme la plus dévouée et disciplinée qu'il m'ait été donné de rencontrer j'ai nommé : Marilyne Matadi. Lorsqu'elle se fixe un objectif, personne ne peut l'en détourner ! ces dix années à ses côtés m'ont tellement appris, certes sa manie du contrôle a failli me faire perdre la raison à un moment ; mais je vous souhaite à tous d'avoir une Marilyne dans votre vie. Mais pas la mienne, toutes les places sont déjà prises. Ces quelques mots suffirent à faire raisonner le rire de tous dans la salle, ainsi que celui de Marilyne dont les yeux étincelaient de larmes. A Marilyne !
- A Marilyne ! tous répondirent en cœur. Marilyne lui envoya un baiser de sa main droite en guise de remerciement. La musique repris jusqu'à la fin de la soirée sans plus d'interruption.
Elle remercia par petits groupes ses quelques convives de la haute qui l'avait honoré de leurs présences en raison de l'anniversaire du vernissage de son tout premier chef-œuvre, celui qui fut son ticket d'entrée dans le monde artistique. Son succès avait fait un grand bruit dans la presse et au près des différentes galeries qui s'arrachèrent la pléthore d'œuvres à son actif. Chacun d'eux se demandait comment une jeune fille des quartiers Nord, venant d'une famille modeste avait pu se créer un chemin jusqu'à atteindre la haute société. La découverte de Marilyne par son mentor Célestin MERI, peintre français ; présent à Elisabeth -ville à ce moment-là pour un congrès, eut l'effet d'une flambée auprès des médias tant français que congolais.
Il était temps pour elle de rentrer, elle fit signe à son ami et collaborateur Théo de son vrai nom Nathanael MULENDI, qui s'empressa de venir vers elle.
- Il est temps de partir Théo ! l'équipe se chargera de clôturer et de régler les derniers détails avec la galerie. Je suis morte de fatigue !
- Très bien ! alors allons-y ! je te dépose chez toi, avant de rentrer. Ça te va ?
- Un vrai gentleman comme toujours ! dit-elle tout sourire avant de le suivre de prêt vers la sortie de la galerie.
Il avait une Porsche Panamera de couleur blanche, voiture qui ne passait forcement pas inaperçue dans la ville. Il gara en bas de son immeuble, le temps de lui faire ses aurevoirs car il devait voyager au petit matin pour assister à une conférence dans le Sud de l'Afrique.
- Ça te dirait de monter ?
- Tu es sûre que c'est une bonne idée ? tu sais que j'ai un vol à prendre demain !
- Juste un verre et puis je te fous à la porte promis ! elle accompagna sa demande comme à son habitude de sa moue d'enfant à laquelle Théo ne pouvait résister.
- Très bien déclarât-il enfin ! mais cesse de faire cette grimace, cela ne t'honore pas dit-il en s'esclaffant de rire.
Ils sortirent finalement ensemble de la voiture, déambulant jusqu'à la porte de son appartement. Elle prit quelques secondes pour retrouver sa clé. Et d'un tour de serrure, ils se retrouvèrent dans le grand salon de l'appartement.
- Du Rhum ou de la vodka ?
- Vodka ! avec des glaçons si tu en a.
- D'accord je t'apporte ça.
Ils prirent tous deux, place sur le grand sofa du salon et s'engouffrèrent dans l'une de leurs discussions un peu tordues comme à leur accoutumée. Ils enchainèrent, verre après verre jusqu'à ne plus pouvoir compter. Ils commencèrent à effacer peu à peu l'infime distance qui les séparait au point de se retrouver corps contre corps. Ils finirent par s'embrasser d'un trait, ils éclatèrent de rire tous deux de manière spontanée.
- Tu es sûre de ce que tu fais ? nous sommes tous les deux en état d'ébriété et ça serait dommage de tout gâcher.
- Tu penses que du sexe pourrait réellement mettre fin à notre amitié ?
- Le sexe non mais les regrets peut-être.
- Dis-moi que ça ne t'a jamais traversé l'esprit, demande-t-elle en prenant le visage de Théo en coupe entre ses mains. Elle plongea son regard avide et captivant dans le sien en attendant un mot ou un signe de sa part. on pouvait ressentir la tension sexuelle sans cesse croissante qui se dégageait de cette pièce.
Il rapprocha son visage du sien, le cœur battant la chamade. Les yeux fermés, l'expression du corps de son amante revêtait un mélange charnel de sensualité et de désir. Théo ferma les yeux à son tour au contact des lèvres rosées et suaves de Marilyne. Plus aucun son audible aux alentours, il n'y avait plus qu'elle qui comptait. Il l'embrassa cette fois-ci langoureusement, sans hésitation ; baiser auquel elle répondit avec douceur et fougue. Le gout indescriptible de ses lèvres le fascinait. Chaque partie de son corps s'érigèrent au contact de sa muse, comment avait-il pu passer à côté de tant de plaisir aussi longtemps ? se demandât-il intérieurement.
Plus ils s'adonnèrent à ce jeu de lèvres et de peau à peau, plus Théo se sentait tressaillir tant l'excitation prenait le dessus sur lui. Ses sens focalisés au détail près, de la chaleur de son corps au parfum envoûtant qui émanait de sa peau et ses vêtements, il lui était si facile de s'y abandonner éperdument. Ce ne fut surement pas sa première aventure, encore moins son premier amour ; mais quel était donc ce sentiment de vulnérabilité qui s'emparait de lui ? Il finit par reprendre le contrôle. De ses deux bras musclés, il la souleva et plaça à califourchon sur lui en direction de la chambre de son hôte. Pendant ce temps, Marilyne, les jambes bien accrochées à lui s'attelait à multiplier des baisers dans son cou en lui susurrant quelques mots à l'oreille. Elle qui avait l'habitude à force de revivre ce moment indéfiniment ; ne s'en lassait toujours pas. Dès la première fois, elle sut que c'était de lui dont elle avait besoin. Une étreinte fusionnelle qui générait une cascade de frissons déferlant le long de son corps.
Il la déposa délicatement sur le lit trois places de la chambre, avant de la retourner rudement sur le ventre, ce qu'elle apprécia vu le gloussement qu'elle laissa échapper. Elle était vêtue d'une robe crayon blanche pourvue d'une tirette dans le dos qu'il s'empressa de faire descendre allant du début la robe jusqu'à mi-genoux. Un vêtement qui mettait assez en valeur ses fines courbes délicates et bien rebondies. Coiffée d'un chignon tiré faisant ressortir les traits de son visage, révélant comme on le dit à l'accoutumée, la véritable beauté d'une femme. Marilyne était une de ses femmes qui ont du charme et du charisme à n'en revendre ; une sorte d'aura qui laissait difficilement son entourage indifférent, d'un teint clair, pourvue de cheveux frisés et longs de couleur noir foncé. Une femme pas très sure d'elle mais assez grande de taille pour ne passer inaperçue.
Théo quant à lui était un homme de constitution athlétique, de teint plus foncé, coiffé de cheveux bouclés taillés courts et assez sûr de lui. Bien qu'il reflétât l'aspect d'un homme prétentieux et frivole, il était tout au contraire assez tendre et loyal. Il avait toujours éprouvé des sentiments pour Marilyne mais s'était gardé de le lui révéler ; du moins de façon formelle. Maintenant qu'il était sur le point de conclure avec elle, il ne voulait en aucun cas user de maladresse. Il la dévorait du regard tout en passant ses mains sur le corps chaud de son hôte l'aidant au passage à ôter le peu de vêtements qui lui restait avant de se relever. Elle se retourna à son tour, le tira d'un geste brusque vers elle par sa ceinture encore fermée avant de prendre le dessus sur lui. Marilyne d'une façon délicate le débarrassa de sa chemise blanche, sa ceinture ainsi que du tailleur bleu turquois qui le mettait particulièrement en valeur. Elle, vêtue uniquement d'une lingerie fine refoulée sur le côté et lui, ôté du dernier sous vêtement qu'il possédait ; s'adonnèrent à une union charnelle des plus érotique et fougueuse tels deux amants en manque depuis des mois jusqu'à jouissance.
Au milieu de la nuit, Marilyne qui n'arrivait toujours pas à s'endormir vu le sort qui l'attendait ; décida de se séparer de Théo qui dormait déjà profondément. Elle se désolidarisa délicatement du bras de son amant qui reposait paisiblement sur sa hanche, veillant à ne surtout pas le réveiller. Quelques de ses mèches encore coincés sous la tête de Théo, Marilyne prise au piège, remua la tête tout doucement afin de s'extirper de là. Ces gestes finirent par payer, Théo gêné dans son sommeil, se retourna laissant la possibilité à son hôte de se lever sans plus de contrainte. Elle lui déposa dans le cou, un baiser d'adieu comme à chaque fois, puis s'en alla se réfugier dans le fauteuil de son bureau muni de son téléphone portable et de son talisman couleur émeraude ; prenant soin de refermer soigneusement la porte de la chambre derrière elle. Marilyne fit une vidéo comme à l'accoutumée dans laquelle elle expliquait à Théo ce qu'elle avait dû faire pour acquérir cette notoriété et cette visibilité auprès de la haute société. Le sacrifice d'une vie contre dix années d'abondance et de pure euphorie. Pacte qui semblait à ce moment pas si cher payé, au vu de sa situation économique, ainsi que de l'état de santé plutôt inquiétant de sa mère. Elle avait reçu d'une marchande à la sauvette qui prétendait lire son avenir, un rouleau de papier sur lequel était expliqué comment invoquer un démon des croisés, ceux avec lesquels il est possible de passer des pactes de sang de ce genre. En général des escrocs, il propose un contrat tout à fait abusif et léonin pour la personne qui a le malheur de l'invoquer sans se prémunir de conseils avérés. Ces démons sont accompagnés lors de leurs chasses de deux chiens ; des chiens de la mort visibles uniquement par la personne dont ils viennent récupérer l'âme. C'est ainsi que Marilyne avait suivi les instructions du parchemin et fut emprisonnée par ce contrat. Elle avait réussi par contre à trouver un talisman qui lui permettait de contourner la venue des chiens de l'enfer ; une boucle temporelle. Ce talisman une fois activé par un souhait, était doté d'un pouvoir lui permettant de créer une boucle temporelle dans laquelle elle revivait sa dernière journée encore et encore. Elle avait réussi à fuir l'issue de son destin de cette façon pendant un an déjà en essayant de trouver un moyen de mettre fin à ce contrat sans perdre sa vie ou son âme.
Une fois de plus il lui fallait relancer sa boucle temporelle avant trois heures du matin pour s'assurer de son efficacité. Elle mit fin à la vidéo explicative destinée à Théo dans le cas où elle ne survivrait pas ou que les choses ne se passerait pas comme il aurait fallu. Elle se redressa soudainement après avoir jeté un coup d'œil à l'horloge mural de son bureau, question de recentrer son esprit sur ce qu'elle avait à faire.
A quelques minutes de la fin, Marilyne avait conscience du fait qu'elle n'avait aucune autre issue. Elle prit le talisman de ses deux mains, se tint debout au milieu de la pièce et débuta le processus d'ouverture de sa boucle temporelle. Tout avait l'air de se passer comme les multiples fois précédentes alors, elle continua sans s'arrêter. Mais cette fois-ci, Théo se réveilla avant la fin de l'exécution de la boucle, vu qu'il se retrouva seul. Il se mit en tête de retrouver Marilyne en longeant le couloir qui donnait d'abord au salon où elle n'y était pas puis au bureau. Théo tourna d'un geste nonchalant la poignée de la porte au moment où Marilyne était sur le point de clôturer la boucle, qui allait redémarrer sa journée et renvoyer son invité chez lui, dans son lit.
Le grincement de la porte fit sursauter Marilyne, laissant échapper de ses mains le talisman qui, se brisa au contact du sol recouvert de carrelage. La boucle inachevée se rompit et tous les deux se retrouvèrent propulsés au sol du fait de l'énergie emmagasinée par le talisman. Elle eut à peine le temps de reprendre ses esprits. Il était trop tard pour essayer d'imager une esquisse d'une quelconque solution palliative. Elle entendait au loin les aboiements de ses chasseurs qui se rapprochaient.
- Que s'est-il passé ? demande enfin Théo encore au sol
- Il est trop tard pour moi maintenant ! je suis vraiment désolée Théo que tu ais à subir cela.
- De quoi tu parles princesse ? calme-toi et explique-moi s'il te plait.
- Je n'ai plus assez de temps ! ils se rapprochent. Elle l'aida à se relever et mit entre ses mains son téléphone. Regarde la dernière vidéo enregistrée lui di-elle, il y'a là les réponses à toutes les questions que tu te poses.
- Tu me fais peur Marilyne !
- Tu as dans ce téléphone toutes mes recherches et tout ce que j'ai pu trouver. Il y'a un moyen de me sauver, tu devras trouver la porte qui mène aux enfers et m'en faire sortir suppliât-elle les yeux larmoyants. Elle détourna le regard vers la porte de son bureau grandement ouvertes, captivée par ce qu'elle seule arrivait à voir. Les chiens de la mort, semblables à des prédateurs voraces, aux yeux embrasés, de taille démesurément grande et pourvus d'une gueule à dents fourchues. On aurait pu les assimilés à la race des dobermans si seulement ils étaient du monde des vivants.
- Marilyne ! princesse regarde-moi !
- Ils sont là ! les grognements de ses chasseurs l'avaient tétanisé. Elle resta là au coin de la pièce, en direction de la porte, figée par la peur.
Les chasseurs se saisirent d'elle, lui arrachèrent le cœur à l'aide de leurs dents acérées avant de disparaitre. La pièce était méconnaissable, le sang de Marilyne qui giclait de part et d'autre ; avait taché les murs et les meubles. Théo qui avait essayé de l'aider s'était retrouvé projeter contre le mur, inconscient ; lui aussi en partie recouvert du sang de son amante. Marilyne était étendue le corps lacéré par ses assaillants, marqués de griffures et de crocs. Les yeux grands ouverts et baignant dans son propre sang.
Théo reprit peu à peu ses esprits. Difficile d'imaginer un homme aussi calme, adroit et robuste perdre ses moyens ; mais cela fut le cas lorsqu'il ouvrit enfin les yeux. Un vrai massacre ! comment allait-il expliqué sa présence chez Marilyne. Il se leva précipitamment et se rua vers le corps de son amante sans vie. Il lui passa les mains sur le visage en lui intimant de se réveiller ; mais rien n'y faisait. Elle était morte. Les yeux larmoyants, les mains tremblantes tachées de sang ; il mit de la distance entre elle et lui. Assis la tête entre ses mains, il se redressa soudainement, se souvenant du téléphone que lui avait remis Marilyne, il l'avait logé dans le fond de sa poche.
Théo se redressa lentement, avant de saisir le premier siège qu'il vit. Il déverrouilla le téléphone et lança la dernière vidéo enregistrée dessus. Elle dura en tout trente minutes. Théo passa ces longues minutes, totalement sidéré par tout ce qu'il vit et entendit. Un nom revenait à chaque fois, celui de Claire Bennett, la seul en date qui avait réussi jusque-là à tromper la mort, mais elle avait disparu dans des circonstances à ce jour non élucidée. Il avait une ébauche de début de quête ; mais il lui restait le problème qui était face à lui. Comment sortir de l'appartement sans éveiller le moindre soupçon. Il fouilla le bureau de Marilyne, à la recherche des carnets de notes dont elle parlait dans la vidéo. Ils réunissaient l'ensemble de ses recherches depuis le pacte avec ce démon. Il finit par mettre la main dessus ; rassembla ses affaires à la hâte et s'apprêta à sortir. Il savait exactement ce qu'il avait à faire. Plus rien ne comptait plus à ses yeux à cet instant. Quand soudain il entendit une voix qu'il n'eut aucun mal à distinguer l'appeler.
- Monsieur Mulendi ?
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Loops
HorrorLoops est une chronique alliant suspens, drame, romance et action. Le destin d'une jeune artiste nommée Marilyne bascule tragiquement après une sombre décision prise face au désarroi. Enracinée depuis sa tumultueuse enfance dans les bases de la magi...