Le Voyageur des mondes perdus

chapitre 3 : qui suis-je ?

J'étais complètement stupéfait. Le sage avait partagé cette histoire avec moi, accompagnée de tant de détails, au point que j'avais presque l'impression qu'il l'avait lui-même vécue. Tout au long de son récit, ses yeux avaient changé, reflétant différentes émotions : la joie, la tristesse, la colère. Chacune de ces émotions se manifestait clairement sur son visage, tandis que chaque dialogue était choisi avec soin pour captiver l'imagination. Ainsi, l'histoire d'Eldrath prenait vie devant moi, grâce aux talents de conteur exceptionnels de cet homme.

Les lieux étaient empreints d'une aura mystérieuse, tandis que les scènes qui se déroulaient semblaient étrangement connectées. Intrigué, je décidai d'approcher le vieil homme qui m'interrompit brusquement dans mes pensées. Sa voix rauque résonna dans l'air chargé d'émotions : « Écoute la beauté des couleurs qui émane de ce lieu, entends la sagesse de ces dessins. Ne vois-tu rien, toi qui as vu les ténèbres se dessiner en toi ? » Ses paroles étaient énigmatiques, mais je le suivis néanmoins, me rapprochant avec curiosité de la stèle, dont l'éclat s'intensifiait à chaque pas.

Un sentiment indescriptible m'enveloppa alors, tel un doux baiser maternel qui fit frissonner chaque fibre de mon être. J'étais en paix avec le monde, comme si tous ce qui m'avaient tourmenté avaient soudainement disparu. Lorsque j'atteignis enfin la stèle, le sage pointa du doigt un coin de l'édifice de sa main ridé libéré de l'orbe qu'il tenais précédemment . Sans réfléchir, ignorant et naïf, j'exécutai le geste qu'il me montrait, sans comprendre pleinement sa signification.

Un flash de mémoire me submergea violemment, me faisant m'effondrer au sol. Une vision atroce et ténébreuse s'imposa à moi : une femme dévêtue, sa poitrine généreuse, ses cheveux blonds, ses yeux d'un bleu profond,la cicatrice le long de son mollet, un petit grain de beauté sous sa poitrine tel une poussières délicate qui serait venu s'y déposer. Tout en elle me semblait étrangement familier. Un cri silencieux semblait émaner de sa gorge, tandis que la détresse se lisait dans ses yeux. Elle flottait dans les airs, telle une marionnette manipulée, se débattant sans relâche, mais incapable d'échapper aux griffes de ce qui la retenait prisonnière.

Derrière elle, émergeait une créature d'une taille colossale, sa silhouette massive se dressant dans l'ombre. Sa peau visqueuse, d'un mélange sombre de noir et de rouge, semblait dégouliner le long de son immense squelette. Chaque goutte de cette substance gluante laissait derrière elle une trace de liquide poisseux, révélant son passage. Les veines apparentes sur sa peau ressemblaient à des rivières de lave en fusion, pulsant avec une énergie maléfique.

Sa gueule solide était une véritable armurerie, garnie de crocs d'une blancheur mortelle. Chaque dent était aussi pointue qu'une lame de couteau, prête à déchirer la chair de sa proie. La mâchoire de la créature semblait fléchir sous le poids de cette redoutable dentition, émettant un grincement sinistre à chaque mouvement.

Ses membres, effilés et recouverts d'une gelée noire, semblaient être faits d'ombres vivantes. Chaque pas que la créature faisait résonnait d'un bruit lugubre, révélant la présence de pointes acérées sous ses pieds, prêtes à transpercer tout ce qui se trouvait sur son chemin. Les pointes grises qui ornaient ses bras rampant sur le sol étaient d'une taille démesurée, rappelant des lances de guerre ensanglantées.

D'un regard ténébreux, la créature laissait échapper une traînée de fumée noire qui s'élevait dans les airs, ajoutant une aura sinistre à sa présence. Les volutes de fumée s'enroulaient autour d'elle, formant une couronne de ténèbres qui accentuait son apparence menaçante. L'odeur de la mort planait tel un sombre présage, enveloppant la créature d'une aura funeste. Chaque mouvement de ses membres et chaque souffle de sa gueule étaient empreints d'un danger incommensurable, faisant frissonner l'atmosphère de terreur.