Lenny s'est penché en avant dans le caniveau. D'un geste j'ai attrapé ses longs cheveux châtains clairs pour les lui tenir en arrière. C'était dégoûtant. J'ai regardé Marlon, qui a immédiatement venu poser ses deux grandes mains à plat sur mes deux oreilles, un sourire amusé aux lèvres. Ses yeux bleus azurins riaient. J'ai souri à mon tour. Il a profité de ce sourire complice pour pencher son visage vers le mien, nos lèvres se sont effleurées dans un doux souffle chaud, une respiration, légèrement parfumée à la bière et au tabac. Je n'ai jamais su pourquoi, mais ces odeurs que n'importe qui trouverait répugnantes, m'ont toujours parues plus qu'agréable. Apaisante. Mais ce n'est pas pour ça que j'en bois beaucoup ou que je fume. Et je ne sais pas pourquoi non plus, j'ai lâché les cheveux de Lenny toujours penché sur la rigole et je me suis élancée au cou de Marlon pour poser ma bouche totalement contre la sienne. Il a passé ses bras autour de moi. J'ai laissé glisser mes mains sur sa nuque et à la naissance de ses cheveux noirs. Lenny a basculé tête la première sur le trottoir. Marlon et moi nous sommes retournés pour foncer sur le lui, le relever et confirmer qu'il avait bien un crin sur le front. Il ne nous l'a jamais pardonné.
