Montagnes russes

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OS écrit dans le cadre de la Bangtan Baguette Fest.



Namjoon ferma les yeux, sentit le premier mouvement sous lui et hurla.

A ses côtés, Jungkook riait.


Ça avait d'abord été les auto-tamponneuses.

A peine arrivé au parc d'attraction, Jungkook l'avait traîné vers les voitures rutilantes, s'était aussitôt installé au volant de l'une d'elle puis, semblant se raviser, s'était décalé en tapotant le siège à côté de lui:

- Viens Namjoon! C'est toi qui conduis!

Namjoon avait blêmi. Lui qui prenait grand soin de cacher qu'il n'avait pas le permis, comment allait-il conduire cet engin et éviter les chocs? Aux côtés de Jungkook?

Il avait frissonné d'horreur mais fini par obéir aux "Allez Nam!" entêtants.

A peine assis, il avait regretté: l'auto le pliait en quatre, l'écrasait contre un Jungkook hilare, l'étourdissait de son eau de toilette.


Il l'aimait, pourtant, cette eau de toilette.

Ils se connaissaient depuis une petite année déjà.

Ami d'amis, Jungkook était entré dans la vie bien sage d'étudiant en Lettres Modernes de Namjoon en tornade, balayant tout sur son passage: lui qui ne jurait que par la littérature, les belles phrases et les réflexions profondes, se retrouvait transi d'amour pour ce mécanicien survolté, incapable, semblait-il, de voir le monde autrement qu'en enthousiasme, en dégoût ou en sincère naïveté.

Ses "Oh!", ses "Ah!", ses "Pourquoi?" ingénus, s'ils avaient irrité Namjoon au départ, avaient fini par l'amuser, puis par le séduire, au point qu'il avait toujours plus recherché sa compagnie bruyante.

Chose étonnante, Jungkook semblait lui aussi apprécier sa présence puisqu'il se glissait systématiquement à ses côtés lors des sorties au resto, ou lui envoyait des messages à base de chansons partagées, de vidéos supposément drôles et de "bonne journée Nam!" Messages auxquels Namjoon avait pris l'habitude de répondre par des cœurs et pouces, pour ne pas avouer qu'il les guettait toujours plus.

Oui, Jungkook et l'amour s'étaient imposés et l'avaient chamboulé.

Depuis quelques semaines, il n'en dormait même plus, ne pensant qu'au sourire, qu'à ce rire, qu'à ces yeux sombres si grands, si beaux. Qu'à ces mèches brunes et à ce parfum.

Alors, parce qu'on ne pouvait décemment passer sa vie sans dormir, Namjoon avait décidé de se déclarer. "Je meurs si je vous perds, mais je meurs si j'attends" disait Racine.

Namjoon avouerait donc ses sentiments à Jungkook par une magnifique déclaration, comme dans ses tragédies préférées. En priant que Jungkook réponde à cette mise à nu et que la tragédie tourne amour éternel.

Il avait longuement hésité sur le lieu, longuement hésité sur le style.

Puis Jungkook l'avait un jour appelé, lui avait proposé de l'accompagner à ce parc d'attraction. Namjoon avait accepté: il lui glisserait son "Je t'aime" entre deux manèges.

Erreur.

Le parc était l'enfer, et les attractions, toutes plus effrayantes les unes que les autres, le rendaient nauséeux, irascible, désespéré.

Quant à Jungkook... Jungkook était sourd. Ou aveugle. Il ne voyait rien, n'entendait rien, du moins, ne comprenait rien aux vaines tentatives de Namjoon d'exprimer ses sentiments.

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