-3. Explication

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Je regardais Maxime depuis maintenant plus de deux heures. Il était vingt-deux heures trente, mais j'avais dit au médecin que tant qu'il n'était pas réveillé, je n'irais nulle part. Je croisais les doigts pour qu'il se réveille dans la minute... je voulais voir ses yeux noisettes, son sourire. Le voir râler pour sa barbe, le voir jouer avec ses bagues, pleurer de rire. Il est tellement important à mes yeux. Lorsque je l'ai vu pour la première fois, mon cœur s'est enflammé ! J'avais l'impression de revivre de l'intérieur.

Dans les conversations partagées, les éclats de rire, et même dans les moments de silence réconfortant, je ressentais le poids léger et précieux de cette amitié. Maxime était bien plus qu'un ami, il était quelqu'un de très proche pour moi. Je crois même que... non, rien oublié !

Je m'attardais sur la main de Maxime, je l'avais prise dans la mienne pour me rassurer un minimum... mais ce qu'il se passa me fit sourire. Une pression se fit ressentir sur ma main, et les yeux de Maxime s'ouvrirent. « Sidjil ! » Il sauta dans mes bras et me serra contre lui. Je ne savais pas vraiment comment réagir, alors je le serrai également contre moi. Il se rassit et me regarda avec un grand sourire. Je dois avouer qu'à ce moment-là, je ne savais pas ce qu'il avait... mais je préférais le voir sourire que évanoui. « Ça va, Max ? » Je fus pris d'un énorme remord quand je vis son sourire s'effacer. Il me cachait quelque chose, c'était certain. « Bah oui, ça va et toi ? » Il esquiva ma question, du moins c'était plus une question cachée parmi une autre, mais ça en était une quand même. « Moi ça va, mais dis, j'ai une question... » Je ne réfléchis pas. Il ne va jamais vouloir parler de ses problèmes si je continue comme ça ! Il soupira et me regarda. « Je vais tout t'expliquer, mais ne t'énerves pas. » Il me connaissait bien, quand il disait ça, je m'énervais toujours...

« Il y a des années, je devais avoir 19 ans environ, j'ai essayé de sortir avec un homme pour voir ce que ça faisait. C'était mon voisin, il s'appelait Arnaud. On est sortis ensemble pendant quatre ans et je l'ai quitté parce qu'il était trop toxique pour moi. Je suis parti de Corse pour venir à Chinon, mais il m'a retrouvé. Il y a deux mois, des mots ont commencé à apparaître dans ma boîte aux lettres. Au départ, je pensais qu'il s'agissait d'un abonné qui avait par hasard trouvé mon adresse. Mais non, c'était lui. Il a commencé à insister et de plus en plus de mots étaient dans ma boîte aux lettres, jusqu'à aller dans celle de ma mère. Je me suis énervé et j'ai mené mon enquête. Quand j'ai vu que c'était lui, j'ai pris peur et je ne voulais plus sortir de chez moi. Je rentrais jamais à la même heure, voire même des fois je ne rentrais pas. Je prenais une chambre d'hôtel et j'y restais pendant des jours. Hier, quand tu m'as trouvé évanoui, c'était parce qu'il m'avait suivi toute la journée et la pression était retombée... » Le temps d'assimiler toutes les infos qu'il venait de me dire fut rapide. Je me levai et un regard noir couvrit maintenant mon visage. « Son adresse, son nom, son numéro. Maintenant. » Il me tendit son téléphone déverrouillé avec une note portant le nom d'« Arnaud Biggart ». Je souris devant ça, pris une photo de la note et tendis son téléphone à Maxime. Je me rassis sur le bord du lit à côté de Max et lui embrassai le haut du front. « Si il est devant chez toi, tu m'appelles immédiatement, peu importe l'heure ou le jour. Compris ? » Il me sourit et hocha la tête. Je le pris dans mes bras et m'approchai de la porte. « Tu ne restes pas... ? » Un flash-back de ma soirée d'anniversaire me revint en tête, et je me rendis légèrement. « J'ai dit à l'infirmier que dès que tu te réveillais, je m'en irais. Je tiens promesse. » Il baissa les yeux, et je me rapprochai du lit. « Tu aimerais que je reste ? » Il releva la tête d'un coup et me regarda avec un épais sourire sur les lèvres. Je passai ma main dans ses cheveux et jouai avec ses petites bouclettes. « Oui, je veux que tu restes. » Je souris et le prévins que je reviendrais dans quelques minutes.

Je me dirigeai vers ma voiture garée sur le parking de l'hôpital, pris les affaires que j'avais à la base prises pour aller chez Max. Je rentrai et prévins l'accueil qui ne dit rien. Je rentrai de nouveau dans la chambre de Maxime, mais un intrus s'y trouvait à ma place. « Arnaud !? Dégage de là ! » Mon sang ne fit qu'un tour, et j'applaudis le dit Arnaud. « Pourquoi il applaudit le con ? » Maxime me regarda avec de la détresse dans les yeux. « Le con, comme tu dis, il t'applaudit parce que tu as réussi à faire peur, au grand Maxime. » Arnaud me regarda et se leva pour se mettre devant moi. Il se rendit compte que je suis bien plus grand et plus imposant que lui. « Bah alors, on a trouvé plus grand ? » Il serra les dents et mit un coup de poing dans mon torse. Je ris, attrapai sa tête et le lançai dehors. « Dégage, bouffon, c'est déjà le mien. » Lui murmurais-je. Il s'en alla gêné et très rapidement. « Tu lui as dit quoi pour qu'il s'en aille aussi vite ? » Je souris, mais je devais mentir sur ce coup-là... « Que s'il reste ici, je lui pète la gueule », il sourit, se lève et me prend dans ses bras. Je l'entoure aussi de mes bras et en laisse un tomber légèrement sur le bas de son dos. Je sens un frisson le parcourir, et je lui chiffonne la tête. « Va prendre une douche, ça te fera du bien. Je t'attends ici. » Je prends un pyjama à lui que j'avais pris au préalable et le lui tends. « Quand, où et comment ? » Je ris et lui explique. « Hier, avant de partir, je savais que tu allais devoir rester plus d'une nuit, alors j'ai pris des vêtements à toi et de quoi faire ta magnifique et habituelle Skincare routine ! » Il sourit et me dit qu'il est fier de m'avoir, ce qui a le don de me réchauffer le cœur. « D'ailleurs, en parlant de Skincare routine, tu vas me faire le plaisir de me laisser te faire un masque ! Je te touche même pas avec un bâton là. » J'explose de rire et le pousse jusqu'à la porte de la salle de bain. « Va prendre une douche, puis on verra ! » Il rentre et ferme la porte. Moi, j'en profite, je déplie le deuxième lit. Je fais le lit en y mettant des draps, allume mon ordinateur et la lampe de chevet. J'éteins les grandes lumières présentes au plafond et directement, une ambiance agréable est présente dans la pièce. Je regarde ensuite mon téléphone et lis un message de Marine. « Salut Sid, je suis désolée hein, mais c'est fini entre toi et moi. On s'est bien trouvés, mais c'est trop pour moi tout ça... tous les gens qui viennent sonner à la porte, Maxime, les Abos,... fin bref, t'as compris quoi... mes affaires sont déjà chez ma mère. Ne viens plus me voir, ciao. » J'éteins mon téléphone. Ça fait deux jours que j'ai vu ce message et trois jours qu'elle me l'a envoyé. Je n'ai jamais osé lui répondre. À quoi bon ? Je regarde par la fenêtre, le ciel étoilé me fait sourire... il est magnifique en ces temps-ci. Maxime arrive à côté de moi et regarde par la fenêtre avec moi. « Tu regardes quoi ? Le sol ? » Je ris légèrement et m'assois sur mon lit occasionnel. « Non, je regarde le ciel, il est beau en ce moment. » Il s'assied également et pose doucement sa tête sur mon épaule. « Si, très beau même... » Il baille, et je ne peux m'empêcher de penser qu'il est adorable... « Dis, Max, racontes-moi comment on s'est rencontrés. Je m'en souviens pas... c'était y a si longtemps... » Je le vois sourire à travers la vitre, et il commence son récit.

« Je me rappelle, c'était en 2016. On était encore jeunes », il rigole à sa propre blague, si on peut appeler ça comme ça. Et continue... « on avait tous les deux nos chaînes à ce moment-là, et tu venais à peine de commencer les On Va Où. Un jour, tu es allé en Corse et c'est là qu'on s'est vus pour la première fois. On a discuté, et tu es reparti. » Il marque une pause et soupire longuement. « Puis, on s'est revus un an plus tard à la PGW (Paris Games Week). On s'est directement reconnus et reparlés. On a échangé nos numéros, et on a commencé à traîner de plus en plus ensemble. Puis, j'ai déménagé plus vers le centre, et c'est là qu'on a vraiment commencé à rester tout le temps ensemble... et puis... je me rappelle... tu... m'avais dit... » Je le regarde après un long moment de silence et comprends qu'il s'est endormi sur mon épaule. Je le prends alors dans mes bras et me couche avec lui dans mes bras. Je mets ma main dans ses cheveux maintenant adoucis avec son shampoing, il passe sa jambe sur les miennes et enfouit sa tête dans mon cou. Je souris et pose ma tête sur la sienne. Je tends mon bras et éteins la lumière et attrape la télécommande pour fermer les stores mécaniques. Je ferme les yeux et réfléchis, sue ce que j'ai pu dire à l'époque sans m'en souvenir ? Je verrais demain, il est trop tard. Je me détend et me laisse emporter par la fatigue.

Le toulousain et le Corse [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant