ras-de-marée

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j'ai hésité à l'écrire ce passage, ça fait longtemps que je n'ai pas ouvert ce dossier dans mes notes, celui qui t'es adressé
mais je me laisse tenter..
je sais que tu veux que j'écrive sur toi et c'est encore une chose que je te refuserai pas, j'ai pleins de choses à te dire, aussi futiles soient elles.
j'ai cette amère impression d'être près de toi quand je t'écris le soir, très loin mais en même temps très près.
c'est dur de ne pas me brimer sur les mots que j'utilise car tu es mon lecteur le plus fidèle, ça m'a étonné que tu me demandes d'écrire encore, pourquoi tu le voulais ?
je ne sais par où commencer, dès que tu hantes mes pensées tout est bouleversé mais ça je crois que tu le sais bien assez.
il t'arrive qu'elles surviennent ces images ? celles où on était enlacés ? je pense que c'est juste moi qui n'arrive pas à m'en détacher..
c'est frustrant d'écrire au passé mais c'est fini dorénavant, ma tête tente d'oublier, en vain, mon corps ressasse le passé comme si jamais ça ne s'était terminé.
on a bien grandi quand même, j'étais en seconde quand on s'est rencontré. j'adore retomber sur des photos où tu avais cette tête de bébé,
c'est drôle, comment puis-je avoir cette impression que ça ne va jamais réellement se terminer alors que ça n'a jamais commencé?
il y a un monde où j'ai fait de ton sourire money courante, ce monde où te voir apposer timidement un sourire sur ton visage fait de moi la femme la plus fortunée de ce monde.
ce monde qui n'appartient qu'à moi.
décidément.
tu sais c'est si difficile d'être tombée amoureuse de quelqu'un pour qui je n'étais qu'une fille facile.. ça me fait même souffrir de savoir que peu importe ce que j'avais à t'offrir ça n'aurait jamais pu suffire..
ça m'a véritablement blessé que tu estimes que je sois là que par intérêt, c'est à l'opposé de mes valeurs. je me suis retrouvée face à un étranger, je pensais que tu savais que je n'étais pas ce genre de femme mais je n'ai pas réussi à m'exprimer et je me suis renfermée...
mais tu me connais tu sais que faire un tour dans ta voiture n'était qu'un prétexte pour te revoir, ce n'est pas des sièges en cuir surpiqué qui m'ont fait apprécier, c'était de te retrouver.
j'aurais pu donné beaucoup pour qu'on puisse se taquiner pendant encore des années.
se revoir presque clandestinement, tout faire pour que notre secret reste bien gardé.
mes pensées aussi résident cachées, silencieuses, celles où j'ai le droit de t'embrasser, celles où tu sais exactement comment embraser mon corps, où je me laisse bercer sur cette douce partition, je ne reconnais pas la chanson mais t'es doigts n'ont pas besoin d'être guidés. tu la connais si bien, la mélodie qui me plaît
tout me ramène à toi sans même comprendre pourquoi.. lorsque que j'admire la mer tu t'immisce dans mon esprit, non pas parce que j'aimerai que tu sois là puisque cela va de soit mais parce que j'observe ces vagues qui s'écrasent inlassablement et elles me rappellent que moi aussi je me suis continuellement brisé à tes côtés..
mais tu sais, ça n'a pas d'importance.
les falaises se font grignoter par les flots comme mon coeur s'est finalement fait grignoter mais si le creux en son centre grandit alors l'amour qu'il peut contenir grandira aussi..
je suis heureuse que tu ne m'ai jamais aimé, j'ai pu conserver intacts tous ces moments que j'ai idéalisé.
je n'ai pas eu la chance de t'avoir pour moi seule, j'ai dû te partager mais maintenant j'en suis soulagée.. on n'aurait pas été heureux ensemble, j'ai souffert de notre relation mais je me serai davantage perdue si j'avais été tienne, c'est comme si on était sur le titanic, on sait que c'est voué au naufrage mais on tente cependant, de couler le plus lentement possible.
mes sentiments sont en retard semble-t-il, ils oscillent de gauche à droite suivant ce mouvement d'horlogerie, de gauche à droite, de l'amour à l'indifférence.
peut-être que mon amour s'estompera quand je n'aurai plus de métaphores pour t'écrire ce que je ressens, que j'aurais usé de toutes les formulations pour rédiger à ton sujet..
la langue française est riche et il y a une infinité de manières de tourner une phrase.
mon ange, je crois qu'il n'y a pas le choix je me dois de continuer à composer sur toi..

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