Prologue

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Il y a seize ans

« Ma oeyä Eywa ! Que quelqu'un aille chercher la Tsahík, vite ! »
Un murmure pressant, à peine audible dans la nuit pâle, où perçait la surprise de la Na'vi.

Alors que Lira'na était en ronde de nuit avec Mey'tai, une de ses camarades Metkayina, elle avait repéré quelque chose de curieux sur le chemin habituel. D'étrange, même. En effet, au détour du sentier, à la lisière de la forêt, elle avait aperçu ce qui semblait être un berceau en lianes tressées. Depuis la grande bataille qui avait opposé les clans Na'vi et ceux qui viennent du ciel, la paix était revenue sur les terres. On aurait pu penser qu'après le départ de ces démons, plus rien d'étrange n'arriverait. Et pourtant...

En s'approchant de l'objet, Lira'na s'était également rendue compte qu'il y avait quelque chose à l'intérieur, quelque chose de vivant. Alors, en se penchant, elle les avait vus.
« Ma oeyä Eywa ! s'était-elle exclamée, incrédule. Que quelqu'un aille chercher la Tsahík, vite ! »
Sa camarade de ronde, après avoir à son tour aperçu ce que protégeait le berceau, s'était empressée de disparaître sans bruit dans la nuit pour informer Ronal, la Tsahík du clan Metkayina, de la nature de leur découverte.

Pendant ce temps, Lira'na s'était penchée sur le berceau, à l'intérieur duquel deux minuscules Na'vis dormaient à poings fermés. Les petits ne devaient avoir que quelques mois tout au plus, ce qui signifiait que leur mère était sûrement dans les parages ; il n'était peut-être donc pas très prudent de traîner autour d'eux...

Mais en essayant de détecter l'odeur d'un clan voisin - car elle était certaine qu'ils ne venaient pas de Awa'atlu, leur village -, Lira'na ne put rien conclure. Trop d'odeurs se mêlaient : vent, mer et sable. Comme c'est étrange, songea la Metkayina, intriguée. C'est comme s'ils étaient venus de... nulle part. En examinant de plus près le berceau, elle s'aperçut que l'arbre dont venaient les lianes tressées lui était inconnu. Elle connaissait tous les arbres des mangroves aux environs, or celui-ci lui était complètement étranger. C'est à ce moment qu'elle comprit que ces petits venaient de plus loin qu'elle ne le pensait.

Le temps de ses réflexions, Mey'tai avait fait l'aller-retour jusqu'au village ; et à présent, elle revenait avec Ronal. Une fois parvenue à côté de Lira'na, la Tsahík murmura :
« Mey'tai m'a expliqué ce que vous avez trouvé. »
Elle se pencha sur le berceau, tandis que la surprise peignait son visage.
« D'où viennent ces petites ? »

Lira'na crut qu'elle s'était trompée en parlant de « petites », avant de se rendre compte qu'elle disait vrai. Il s'agissait bien de deux femelles, minuscules et vulnérables au moindre prédateur qui errerait dans les parages. Elle remarqua également la lueur d'une émotion plus sombre dans le regard de la Tsahík, qu'elle ne sut interpréter.
« Je n'en ai aucune idée, répondit-elle sur le même ton. Nous les avons trouvées comme ça, dans ce berceau. Je ne pense pas qu'elles viennent d'ici.
-C'est également mon avis, approuva Ronal. Ce berceau vient de plus loin que nos rives.
-Aurait-il pu être emmené ici par la mer ? s'enquit Mey'tai. C'est tout de même singulier...
-Non, l'eau ne monte jamais jusqu'ici, même en tempête, objecta Lira'na. Quelqu'un a forcément dû le déposer ici. »

Mais pourquoi ? Telle était la question qu'elle n'avait pas formulée à voix haute. Pour quelle raison laisserait-on deux jeunes bébés sans surveillance, près d'un sentier à l'exposition des regards ? Elle avait du mal à croire que celui ou celle qui les avait déposées là ne l'avait pas fait exprès. Mais pourquoi ? Pour qu'on les trouve, songea-t-elle alors. S'agissait-il d'un abandon volontaire, dans ce cas ? Quel genre de parents abandonnaient leurs propres enfants ?

« Je pense que nous devrions les ramener au village, dit Mey'tai. Elles ne sont pas en sécurité, ici. »
Ronal opina de la tête.
« Dès demain, nous organiserons les recherches. Il faut retrouver les parents de ces petites. »

C'est ainsi que, alors que les étoiles éclairaient le berceau et les petites qu'il abritait, les trois Metkayina ramenèrent leur singulière trouvaille au village d'Awa'atlu. Ronal décida que pour cette nuit, elle les garderait avec elle, pour veiller à leur sécurité ; Lira'na ne s'y opposa pas, néanmoins elle suivit la Tsahík jusqu'à sa hutte. Cette dernière avait annoncé il y a peu de temps au clan une bonne nouvelle : elle et Tonowari, l'Olo'eyktan des Metkayina, attendaient leur premier enfant. Il paraissait donc logique qu'elle souhaite s'occuper des rescapées, comme le début de son instinct maternel.

Pourtant, Lira'na la soupçonnait de vouloir garder elle-même les bébés pour une autre raison. En effet, en voyant le regard de Ronal lorsqu'il s'était posé sur les rescapées, elle était persuadée qu'elle avait senti quelque chose.

La Tsahík déposa le berceau dans un coin de la hutte et s'accroupit à côté, observant silencieusement les petites qui dormaient toujours.
« As-tu vu d'où elles viennent ? chuchota Lira'na, impressionnée.
-D'un monde de violence et de peur, répondit-elle doucement en levant les yeux vers Lira'na. Je pense que nous avons pris la bonne décision, ce soir. Les étoiles n'ont jamais été aussi scintillantes et claires. »

Puis elle tendit un index vers la main de l'un des bébés, et lorsque leur peau entra en contact, elle ferma les yeux. Puis, elle tendit son autre index, cette fois vers la seconde petite, et Lira'na vit le minuscule poing se refermer sur son doigt.
« Que vois-tu ? chuchota-t-elle. »
Ronal retira ses doigts, et expliqua :
« Tout est flou, autour d'elles. Il y a comme une brume, qui m'empêche de déchiffrer clairement le message qu'on a à m'apporter. Mais ce sont des jumelles, et elles ont des noms.
-Comment s'appellent-elles ? »
Ronal montra celle de droite.
« Celle-ci, Turuna... »
Puis elle montra sa sœur.
« ...et la seconde, Sei'tame. »

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⏰ Dernière mise à jour : 4 days ago ⏰

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