Chapitre 26

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Le lundi suivant, alors que la leçon touchait à sa fin, McGonagall passait entre les rangs pour évaluer l'esthétique de la métamorphose de ses élèves de deuxième année. Elle prit la pantoufle de Lee entre ses doigts et l'inspecta sous tous les angles.

"Très bien, Monsieur Jordan. Cela vous fait un Optimal pour la dernière note de l'année, félicitations à vous" déclara-t-elle en reposant l'objet inanimé.

Elle passa à la table de derrière, avec Fred et June, qui ne s'étaient pas adressé la parole durant toute l'heure. McGonagall ne put s'empêcher de décrocher un sourire, sachant pertinemment d'où provenait cette gêne entre eux.

"Votre pantoufle a une oreille droite, Monsieur Weasley," fit-elle remarquer. "Et nous pouvons encore apercevoir ses moustaches. Il faudra faire plus attention lors de l'examen final, où vous ne dépasserez pas le Désolant. Cependant, j'ai bien remarqué vos efforts de participation ces derniers cours, je vous donne donc aujourd'hui un Acceptable".

Fred sembla soulager et tapa dans la main de son frère sous le bureau, qui lui fit un clin d'œil. Ils avaient tous les deux réussi à avoir la moyenne.

"Et, enfin, Miss Potter. Vous nous avez habité à mieux que ça, c'est très brouillon. On peut encore apercevoir le nez du lapin," affirma leur professeure, retenant son soupir. Elle savait pertinemment que June était capable de réussir entièrement une métamorphose, mais elle ne semblait pas y avoir envie dernièrement. "Cela sera un Acceptable pour vous, Miss Potter. Faites mieux la prochaine fois, vous en êtes capable".

June savait qu'elle avait raté sa métamorphose, mais ça ne l'inquiétait pas le moins du monde. Elle était venue en classe et c'était amplement suffisant pour elle : dernièrement, elle n'avait même pas envie de quitter son lit. Elle hocha simplement la tête en réponse.

La professeure McGonagall retourna près de son bureau alors que la cloche retentissait, marquant la fin du cours.

"Comme je l'ai dit en début de leçon, j'ai besoin que les élèves de Gryffondors restent un peu plus," informa-t-elle. "Pour les élèves de Serdaigle, la classe est terminée, vous pouvez sortir. Merci pour votre attention et à jeudi".

Une fois la moitié de la classe sortie, elle sortit un parchemin et une plume.

"Qui reste durant les vacances de noël ?" demanda alors la directrice de la maison Gryffondor.

Personne ne leva la main, excepté Lee, ce qui surprit ses trois amis.

"Seulement Monsieur Jordan ? Personne d'autre ?" interrogea-t-elle. Elle attendit encore quelques instants pour être sûre. "Très bien, merci d'être resté, vous pouvez partir".

Ils regardèrent tous Lee avec incompréhension. Il semblait gêné.

"Tu ne nous avais pas dit que tu restais à Pourdlard, tout va bien, Lee ?" s'inquiéta George en rassemblant ses affaires.

"Oui, juste mon père a prévu des vacances pour ma mère et lui durant noël, mais ce n'est que pour eux deux, je ne suis pas convié" expliqua-t-il en évitant de croiser le regard de George.

"Tu peux venir à la maison, si tu veux. Tu sais que nos parents seront plus que ravis de te revoir" affirma Fred en posant sa main sur l'épaule de Lee, qui lui sourit.

"Merci, Fred".

"Tu peux également venir chez moi si tu en as envie, la porte sera toujours ouverte, Lee," affirma gentiment June avant d'ajouter. "Vous êtes tous toujours invités, surtout pour mon anniversaire".

"Tu es né en décembre ?" demanda ironiquement Fred.

June leva les yeux au ciel, mais ne put s'empêcher de sourire.

Ni Fred, ni June n'avaient osé aborder ce qu'il s'était passé dans le couloir samedi midi. Aucun des deux n'avaient réellement compris ce qu'il s'était passé, en réalité. Personne n'osait aborder le sujet, par peur d'avoir mal interprété la situation et tant qu'ils n'avaient pas compris ce que cela signifiait, il valait mieux se taire.

"Pardon, George ? Je n'ai pas entendu" répondit-elle sur le même ton.

Fred rigola.

"Comme si tu ne savais pas nous distinguer, tout le monde sait que je suis le plus grand des deux. Et le plus beau, le plus drôle et le plus intelligent-"

"Le cours est fini," les avertit McGonagall afin de leur faire remarquer qu'ils ne restaient plus qu'eux dans la salle. "À moins que vous ne vouliez m'aider à nettoyer la salle".

"Non, professeure" déclara Lee.

"Est-ce qu'il est possible de modifier son choix ?" demanda George. "Parce que Lee a trouvé un endroit pendant les vacances".

Lee le regarda avec étonnement.

"Est-ce la vérité, Monsieur Jordan ? Puisque je ne peux vous laisser sortir de Poudlard si vous n'avez pas de place où aller durant les vacances d'hiver" l'interrogea leur professeure.

Même si Lee détestait s'imposer chez les gens, il n'osa pas dire non. Il n'avait pas envie de passer deux semaines seul à Poudlard, sans aucun de ses amis.

"Oui, professeure" répondit-il.

"Très bien, je fais note du changement. Vous pouvez disposer".

Ils sortirent de la salle sous ordres de leur professeure et rejoignirent la salle commune des Gryffondors au septième étage. Lorsqu'ils y arrivèrent, ils étaient seuls. Ils avaient fini les cours plus tôt que d'habitude aujourd'hui et ils en profitaient pour s'étaler sur les canapés de la salle commune.

George approcha ses mains près du feu afin de les réchauffer. Décembre était toujours rude à Poudlard.

"Ils partent où tes parents ?" demanda-t-il à Lee.

"Mon père n'a pas voulu me donner la destination, mais ma mère m'avait prévenu qu'ils allaient sûrement partir chez sa famille en Allemagne," déclara-t-il. "Mais je m'en fiche, qu'ils partent. Ça ne m'affecte pas".

June échangea un regard avec Fred. Ils savaient bien que c'était faux.

Au fil du temps et des récits, ils avaient compris que Roy Jordan n'était pas un père pour Lee. Il ne venait jamais le chercher lorsqu'ils arrivaient à King's Cross, il passait son temps au travail et il ne se débrouillait même pas pour être présent pour l'anniversaire de son fils. Cela n'étonnait personne qu'il avait décidé de partir en vacances sans son fils. Fred avait même entendu des rumeurs sur le comportement de Roy au Ministère de la Magie, comme quoi il entretenait une relation avec une autre femme qu'Hestia Jordan, la mère de Lee.

Mais ce qu'ils ne comprenaient pas, c'était le rôle d'Hestia dans tout ça. Alors June osa poser la question qu'ils avaient tous les trois en tête.

"Mais ta mère ne dit rien ?" demanda June avec prudence.

Lee fronça les sourcils et June comprit qu'elle avait abordé un sujet sensible.

"Ne ramène pas ma mère dans ça, June" l'avertit-il.

"Ce n'était pas méchant, Lee. C'est juste qu'on ne comprend pas que ta mère ne s'interpose pas" expliqua Fred, apportant soutien à June.

"C'est ma famille, je ne vous ai pas demandé de comprendre," lança sèchement Lee. "Je n'ai pas envie d'en parler".

Personne ne répondit.

Lee détourna le regard et ravala ses larmes, parce qu'en réalité, il ne savait même pas pourquoi sa mère ne s'imposait pas entre son père et lui. Elle ne disait jamais rien, elle se contentait de réconforter Lee. Il aurait aimé que sa mère dise non lorsque Roy proposa de partir en Allemagne, mais elle n'en fit rien. Elle avait choisi d'éviter un conflit avec son mari, au détriment des sentiments de son fils.

George se sentit mal de voir son ami dans cet état. Il sortit des manuels de son sac pour tenter de chasser le sujet malaisant.

"Ça vous dit de réviser les potions avant l'examen de la semaine prochaine ? On peut s'entraider comme ça" proposa-t-il.

Il ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil à Lee et il sentit un pincement au cœur en voyant qu'il s'essuyait les yeux. À ce moment-là, George aurait aimé avoir des pouvoirs pouvant supprimer tous les maux douloureux que son ami pouvait ressentir.

𝗟𝗼𝘃𝗲𝗹𝘆 𝗝𝘂𝗻𝗲 || 𝗳𝗿𝗲𝗱 𝘄. 𝘁.𝟮Où les histoires vivent. Découvrez maintenant