Prologue

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Ameline, deux septembre

Je suis seule dans cette église, qui est malgré tout bondée. Tout le monde est venu dire un dernier adieu à ma grand-mère. Quelques visages ne me sont pas inconnus parmi cette foule, mais bon nombre au contraire le sont.

Ma grand-mère était merveilleuse, elle avait un cœur en or et faisait tout pour que les gens se sentent bien et entourés. Quelques soirs par semaine, elle rejoignait l'association qu'elle avait bâti de ses propres mains et elle nourrissait les personnes qui n'ont pas la chance d'avoir un toit sur la tête et à manger dans leur assiette. Elle pouvait passer des journées à l'orphelinat à jouer avec tous ses enfants, elle allait également à l'hôpital dans le service pédiatrique. Elle voulait absolument accompagner les jeunes malades qui n'ont pas de famille ou peu de chance de s'en sortir. Je n'ai jamais connu ma grand-mère sans un sourire, elle était la lueur dans mon quotidien qui était devenu morose après la mort tragique de ma famille quand j'avais cinq ans.

Que vais-je faire sans elle ? Je suis perdue, je n'ai plus de repère, je suis seule. Qu'ai-je fait au bon Dieu pour que le sort s'acharne sur moi et m'arrache les petits instants de bonheur que je chéris tant ? Vais-je réussir à me relever sans elle ? Sans ma lumière, sans mon rayon de soleil. Je sais bien que soixante-quinze ans est un âge plus que raisonnable mais j'aurais souhaité qu'elle reste encore un peu près de moi.

Elle gérait d'une main de maître l'empire qu'elle avait créé, ce qu'elle chérissait le plus : son cabinet d'architecture. Que va-t-elle devenir ? À qui l'a-t-elle légué ? Cette personne va-t-elle la donner au plus offrant ou va-t-elle honorer la mémoire de ma grand-mère en la reprenant ?

Tellement de questions dans ma tête, des questions qui n'obtiennent pour le moment aucune réponse, des questions qui vont pourtant déterminer le tournant de mon avenir. Je travaille dans cette entreprise, je ne sais pas à qui grand-mère aurait pu la donner mais je pense que je ne suis pas la seule rescapée de notre famille ou du moins de la sienne. Elle me parlait très peu de sa famille, de la famille de ma mère.

Je ferais tout ce qu'il faut pour qu'elle soit fière de moi de là où elle se trouve, d'honorer sa mémoire, de la remercier pour tout ce qu'elle a fait pour moi. Je vais tenter de regagner ma joie de vivre alors que les fêtes de Noël approchent et que je suis de nouveau orpheline.

Le Noël où tout a changéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant