ˑ candide

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— absolument personne n'est visé dans cette nouvelle, le principe est inspiré d'un os que j'ai lu il y a longtemps, mais je ne me rappelle pas du nom de l'auteur, veuillez m'excuser


les personnes comme toi et moi, elles vont crever dans les flammes ardentes de l'enfer.

on est prit d'un dégoût sans nom en passant à leur côté, on respire la haine violente qu'elles exhalent. elles nous écœurent sans même que l'on sache pourquoi, elles possèdent un venin agressif qui frissonne d'animosité au fond de leur cœur. quand des lambeaux de clarté entre en contact brûlant sur leur peau nue et marqué par les chaînes à l'étreinte cruelle, ces personnes songent sans regret à la lumière qu'elles ont ignoré, poursuivant avec désespoir l'ombre sournoise qui riait de se faire des nouvelles proies. et le chat devenait la souris, la souris le chat. un stupide jeu de course-poursuite inversé.

noir, blanc, blanc, noir. le soleil ancré dans le silence découvre leurs blessures zébrant leur corps sensible, certaines métamorphosées en cicatrices, et d'autres encore sanglantes. toutes sont restées.

la haine, la douleur, l'amour, la cupidité, la vengeance, voilà nos mobiles. on s'est hissé sur les épaules des autres pour arriver toujours plus haut, pour essayer d'effleurer vainement les étoiles, on a été dégoûté des gens qui pensaient toujours à eux-même sans même s'apercevoir que l'on était nous-même des égoïstes inhumains, on s'est trop méfié de nos amis car on avait peur qu'ils nous prennent dans notre dos ce qu'on avait obtenu en travaillant dur et on a fini par les perdre. notre univers est ravagé par la cruauté, l'amour de soi, la soif de pouvoir et d'argent. en nous fréquentant, même les gentils deviennent méchants, pervertis par ce monde sans pitié.

on a trompé sans compassion, sourit narquoisement devant ces pitoyables qui rampaient devant nos pieds, on a ôté de leur âme toute effluve de pureté, on s'est abreuvé de leur innocence et de leur dévouement naïf comme une ambroisie. on s'est enfoncé dans les ténèbres, et nous y avons entraînés d'autres personnes. voilà tout.

des personnes qui ne demandaient qu'à recevoir car elles n'avaient rien, qui nous servaient sans discuter dans l'espoir d'entrevoir une empreinte de reconnaissance dans nos paroles. on s'amusait, on attendait qu'elles repoussent sans cesse leurs limites brûlantes jusqu'à épuisement, on écartait toujours plus la possibilité de leur redonner leur liberté un jour. on riait. on les détruisait. et ces personnes-là passaient du statut de petit ange noyé au démon.

au fond, on se ressemble, toi et moi. on est ravagé par ce désir de grimper toujours plus haut, on a les mains humides du sang qu'on a fait couler, on a mérité tout ce qui nous a retombé dessus. mais, mon ami des enfers, satan des candides, toi qui lis ce texte, sache que je ne te rejoindrai jamais.

parce que j'ai un bien-aimé qui m'aime, qui m'aide à devenir meilleur chaque jour, et parce que cet amour que je porte, encore plus violent que la haine qui m'habite, c'est la seule chose qui est pure en moi. il est gentil mais parfois méchant, maladroit mais bienveillant, il n'est pas parfait, mais il m'aime comme je l'aime et il est mieux que toi qui lis ceci. il m'a tiré de l'ombre qui se jouait de moi, il m'a souri alors qu'il connaissait mes véritables facettes, il m'a fait comprendre par son amitié que j'étais un salaud qui était effrayé par son avenir, qui buvait le cœur pur des autres pour m'élever chaque jour un peu plus haut, alors qu'à chaque fois que je le faisais, je sombrais un peu plus dans le fossé des damnés.

je serais prêt à mourir comme tuer pour qu'il reste à mes côtés, chaque jour un peu plus j'ai peur qu'il ne me quitte comme j'ai détruit toutes ses âmes, et j'ai fini par comprendre que ce n'était plus moi le roi, que s'il s'écartait de moi j'allais comprendre la souffrance que j'ai fait endurer. chaque jour je me sens tomber au fond du désespoir, et pourtant il est toujours là, à mes côtés, avec sa voix malicieuse mais aux timbres doux qui me questionne sur ce qui ne va pas. il m'accepte tel que je suis, lui, avec mes blessures, mes défauts et mon absence de cœur. et chaque jour je pleure avec les dernières étincelles d'énergie qu'il me reste, et à chaque fois que les larmes coulent, j'ai l'impression de revoir les moments où mes victimes sanglotaient. je suis heureux mais désespéré de ressentir de telles émotions alors que je devrais simplement cesser de vivre pour expier de mes cruels péchés, j'ai si mal, mais comment pourrais-je nier mes fautes ?

pour toi, cela ne signifie sûrement rien. tu ne peux pas comprendre cette douleur, pas plus que tout le mal que tu as commis, que l'Amour lui-même. tout ce que tu peux comprendre, c'est ce désir brûlant de survivre, de t'élever toujours plus haut, cette peur incessante de retomber que tu essayes de repousser chaque jour.

oh dieu, moi, lui, toi, à partir de cette nuit démente où les langues se délient dans un flot de paroles enfin sincères et sans trace de mensonges, je n'espère plus qu'une chose pour tous, c'est le bonheur, la fin de cette infinie plainte de ce monde cruel et sans pitié.

et chaque jour je pleure des larmes aussi jeunes que ma nouvelle âme candide.

ˑ corneillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant