Chapitre 6

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J'avais peur, de quoi ? Je ne savais pas. Je tremblais seul dans mon lit sous ma couette. J'étais seul, j'avais peur. Je ne pouvais m'empêcher de murmurer seul dans la pénombre "à l'aide... Aidez-moi... S'il vous plaît..." Je sentais que mon cœur se déchirait petit à petit. Je ne voyais que ça, que des mensonges sur moi, mes amis d'avant qui m'évitaient, alors je compris que même sur cette page j'avais tout fait foirer. Hinata s'était incrusté dans mes histoires et se faisait rabaisser, comme moi. Il n'avait rien fait, lui, comparé à moi, alors laissez-le et pourrissez-moi à sa place. Je ne supportais pas qu'on se moque de lui, je m'en voulais énormément d'avoir gâché sa vie pour moi. Je l'aimais mais je me haïssais, oh que oui, je me haïssais, je me haïssais plus qu'eux me haïssaient. Je me sentais mal ou plutôt sale. J'avais froid, j'avais froid sans lui. Comment décrire ce sentiment ? Je me sentais rongé à l'intérieur, ça me tuait petit à petit comme une flamme qui s'éteint, je m'éteignais. Une lance dans le cœur que j'essayais de retirer en vain. Je me rappelais les paroles d'Oikawa... "Jamais tu n'auras ta place dans nos rangs, le roi du terrain !" J'étais terrifié, je n'avais pas peur de lui mais plutôt... De moi, j'avais peur de moi. Je n'osais plus me toucher ou même me regarder, un jour je serais dans l'incapacité de parler tellement j'avais peur.

Je relevai la tête en entendant la porte claquer, ça devait être mon père qui rentrait du bar. Je regardai l'heure, celle-ci m'indiquait "trois heures du matin". Je bougonnai et fis mine de dormir pour éviter de me prendre une bouteille dans la tête comme la veille. Je sursautai en entendant les cris de mes parents, ils se disputaient mais bon, j'avais l'habitude. C'était comme ça tous les soirs, ma pauvre mère. Je ne savais pas ce qu'elle aimait chez lui mais ça devait être dur de vivre et de payer avec lui, surtout s'il passait sa vie dans les bars, plus bourré que jamais. J'entendis ma porte s'ouvrir sous un grondement de tonnerre, ambiance de malade. Je sursautai dans mon lit et tombai au sol sous le regard arrogant de mon père. Je bégayai quelques mots, terrifié. Je pensais que je voyais ma mort défiler. Il me prit par le col et me regarda dégoûté. Il me lança des insultes, des injures, des demandes de suicide. J'étais terrifié, je ne trouvais plus aucun mot à dire à part "Pardon, pardon..." Je faisais pitié, non ?

— Pff, moi qui voulais avoir une fille, j'ai eu au final un gars et en plus gay !

Il me faisait peur... Je ne comprenais pas pourquoi les gens trouvaient ça mal d'aimer quelqu'un du même genre. Il balança sa main sur ma tête, il enchaîna les claques en me disant que j'irais habiter pour de bon chez elle, ma marraine. Pour moi, ce ne sont pas ma famille, ni mère, ni père, ni marraine, juste des pourrisseurs de vies. Il me lâcha brutalement contre le mur et partit en soufflant. Mon corps ne me répondait plus, mon cœur me lâchait et mes larmes n'arrivaient plus à s'arrêter de couler. J'avais peur, j'avais besoin de quelqu'un... Au secours. Je restai inerte sur le sol en bois de ma chambre, contre le mur noir taché de mon sang qui coulait de ma tête. Je ne sentais pas la douleur mais seulement la peur, je voulais partir, je voulais disparaître. Je pensai à quelque chose, oui, la hauteur, mais je ne voulais pas abandonner Hinata, je voulais rester avec lui. Je voulais mourir ou rester avec lui. Je me redressai dans quelques sanglots et regardai mon message qui m'indiquait cette fois-ci six heures du matin, je ne savais pas combien de temps j'avais pleuré mais je me sentais faible. Je dirigeai lentement mes doigts tremblants sur mon clavier pour pouvoir envoyer un message au rouquin. "Salut Shoyo, est-ce que je peux passer chez toi ?" J'attendis quelques minutes pour avoir une réponse. Je me redressai brutalement en sentant mon téléphone bouger. "Salut Kags, bien sûr que tu peux passer ! Tu seras toujours le bienvenu !", "Merci, j'arrive boke !" Je souris en regardant le message de Shoyo puis je me dirigeai lentement vers la porte et me vêtis chaudement car nous étions en hiver et je suis très frileux. J'essayai de faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller toute la maison.

Dans la rue, il faisait sombre et froid, quelques flocons tombaient sur les toits de briques de la ville. Je marchai dans les allées tout en tremblant de fatigue. Je ne me sentais pas bien, vraiment pas bien. Je compris que j'allais tomber dans les pommes en voyant ma vue diminuer et mes jambes me lâcher. J'eus le temps d'envoyer un message à la clémentine avant de tomber au sol. "Au secours." Puis plus rien, juste un vu. Ma vue se troubla de plus en plus et je tombai au sol, paralysé par la peur. J'entendis une voix, des bras, des bras me portaient puis plus rien. Le noir, le vide, la solitude. La solitude m'entourait, j'étais seul dans ces ténèbres, avec personne.

I Will Always Love YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant