Un corbeau s'est moqué de moi.
La laie plus loin s'est séparée.
Et je suis pris d'un autre émoi.
En croisée un homme égaré.
Je devrais demander conseil,
Espérons qu'il puisse en donner...
Perdu là, immobile, il veille...
À quoi donc va-t-il s'adonner ?
Oh mais je le reconnais mieux !
Lui, j'y préférais l'autre pie !
Oh mais l'autre semble bien pieux,
Il fait le gentil, cet impie !
Je vois dans cet alter ego
Toutes les funestes magouilles
Contre mon bien, tels les mégots
Du brasier pour cette gargouille !
<<Que fais-tu que ne veux pas ?
- Tu ne veux donc jamais de rien ?
- Tu es un poids à chaque pas...
- Pourtant tu te promènes bien.>>
Sur sa droite une voie radieuse,
Éclairée de bribes solaires,
Une chaleur bien délicieuse
Sous une clarté sans colère.
Chaque escarpement me câline,
Chaque pierre y semble Rubis,
Dioptase, Ambre, Cornaline !
Je désire cette lubie !
Impossible de voir où mène
Ce pavage de tous les dieux.
Peut-être aux fins de l'écoumène.
Peut-être au plus proche des cieux.
<<Cette envie n'est pas bien portée.
- T'ai-je demandé ton avis ?
- Il faut quelqu'un pour t'exhorter.
- T'ai-je déjà pensé ami ?>>
Sur sa gauche, un chemin affreux,
Obscurci d'ombres esseulées,
Une douleur, un mal fiévreux,
Sous une nuit si désolée.
Chaque trou de cave de mine,
Chaque botte de terre amorphe,
Tout cela fait mauvaise mine,
Je hais tous ses traits zoomorphes.
Ce sentier mène à la forêt,
Un échafaudage du diable,
Peut-être les Enfers forés,
Peut-être vers l'irrémédiable.
<<C'est là que tu dois t'engager.
- Vers ce gouffre ? Pas mon avis !
- Souffre moins. Je peux en gager.
- Tu n'es vraiment pas un ami.
- ...
À quoi bon ? Mais sache ceci :
Ta volonté ne t'est pas propre,
Sa bonté en serait impropre.
Aussi éhontée, mais malpropre.
Ici ou là, tu reviendras
Par-ci par-là ou dans mes bras
Ceci cela me rejoindra.>>
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Paroles d'un Jeune-Mort
PoetryUn jeune homme, fatigué de la morosité des jours nouveaux, s'engouffre dans ses pensées pour partir à l'aventure.