┃1┃ Rencontre

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Ce jour-là, quand la porte de mon nouvel appartement s'est ouverte, c'était un vrai tourbillon émotionnel. Mon cœur battait à la fois de nervosité et d'excitation, et chaque pas vers cette nouvelle vie amplifiait mes sentiments contradictoires. Après des semaines à planifier, emballer et rêver de cet instant, j'étais enfin là, devant cette porte. La clé en main, je sentais un poids s'enlever de mes épaules. Malgré mes doutes et mes craintes, l'idée d'avoir enfin mon propre espace allait m'offrir mon indépendance, mais aussi un lieu de tranquillité pour mes révisions. J'allais pouvoir commencer un nouveau chapitre de ma vie et laisser mon passé derrière moi.

J'avais imaginé cet appartement des dizaines de fois : un petit salon modeste, baigné de lumière naturelle, des murs blancs n'attendant que mes dessins et quelques décorations. Mais surtout, cette liberté que je n'avais jamais connue. En franchissant le seuil, l'odeur familière des cartons empilés m'accueillit. Mes affaires étaient déjà là, livrées plus tôt dans la journée. Tout semblait en ordre... enfin, presque.

En avançant dans le petit couloir, je parcourais du regard les pièces de cet espace qui allait devenir mon nouveau foyer. À droite, la porte de ma chambre, entre-ouverte, révélait une pièce encore vide, où mes cartons attendaient patiemment d'être ouverts. Le sol en parquet ajoutait une touche boisée que j'appréciais, tandis que la pluie battante à l'extérieur était visible à travers la fenêtre au-dessus du radiateur, ainsi que celle en face de la porte. Plus loin, le couloir menait à la salle de bain, une pièce simple avec une petite fenêtre, une baignoire et une douche aux vitres teintées. Elle était belle. Entre ces deux portes, la cuisine, ouverte sur le salon, offrait un espace fonctionnel, équipé de vieux appareils. Mais cela m'importait peu : pour moi, c'était parfait. Et rien ne m'empêcherait de les changer plus tard.

Cependant, alors que je m'avance vers le salon, un détail inattendu frappe mon attention. Au milieu de la pièce, assis à la table qui trônait au centre, un homme inconnu était là. D'abord surpris, je reste figé quelques secondes, mon esprit tentant de rationaliser la situation. Mes yeux se posent sur ses affaires éparpillées sur la table : des papiers, un ordinateur, des stylos. Il était complètement absorbé, concentré, griffonnant des notes, ne prêtant aucune attention à mon arrivée. Pendant un bref instant, j'ai pensé que c'était peut-être le déménageur qui avait fini de m'installer et s'était accordé une petite pause. Mais en y réfléchissant, cela n'avait aucun sens. Pourquoi aurait-il pris possession des lieux avec autant de naturel ?

Nerveux et timide de nature, mon instinct me dit d'éviter les confrontations. Mais je devais comprendre. J'avance doucement, posant mon sac dans l'entrée, essayant de ne pas faire trop de bruit, comme si je pénétrais dans un espace qui ne m'appartenait pas encore. Mes pas résonnent faiblement sur le parquet, et mon regard s'attarde sur cet homme que je n'avais jamais vu. Il était installé là, comme chez lui, à l'aise. Ses cheveux noir tombaient légèrement sur son front, masquant partiellement son visage concentré. L'ambiance dans la pièce était étrangement lourde, comme si quelque chose d'invisible me retenait de trop avancer. À cet instant, j'avais peur.

Je me décide enfin à briser le silence. Après tout, c'était chez moi, non ?

Toya :
Bonjour ?

Alors que ma voix légèrement hésitante, me forçant à sourire malgré mon malaise.

Toya :
Puis-je savoir qui vous êtes ? Vous voulez boire quelque chose ?

Je tente de paraître détendu, me demandant pourquoi mes jambes se sentaient si lourdes. Peut-être étais-je trop poli, ou tout simplement trop naïf, mais il y avait cette petite voix en moi qui me disait que quelque chose n'allait pas.

L'homme finit par lever la tête, lentement, comme s'il sortait d'un rêve, ou plutôt d'un cauchemar qu'il n'avait aucune envie de quitter. Il me fixa avec des yeux sombres, lourds de fatigue ou de colère, je n'en étais pas sûr. Ce que je savais en revanche, c'est que la froideur dans son regard contrastait brutalement avec la chaleur que j'avais espéré trouver dans cet appartement. Le silence s'éternise, et je commence à regretter mes mots, ma présence même. Mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit d'autre, il rompt enfin cette tension, d'une voix tranchante et sèche.

Ryo :
T'es qui toi ? Je n'ai jamais engagé un bon à tout faire, alors casse-toi de chez moi.

Mon cœur fait un bond, comme si ses paroles avaient déstabilisé tout mon être. Une vague de confusion m'envahit. Chez lui ? Mais non, c'était impossible. Je tente de comprendre, de saisir un sens à cette situation surréaliste.

Je regarde autour de moi, puis je jette un coup d'œil à mes documents, vérifiant machinalement l'adresse inscrite. C'est bien ici. Le numéro sur la porte correspond. Alors pourquoi cet homme agit-il comme si cet appartement lui appartenait ?

Je m'efforce de garder une certaine contenance. Il devait y avoir un malentendu. Je respire profondément et tente de lui expliquer calmement.

Toya :
Euh... excuse-moi, mais je crois qu'il y a erreur. Cet appartement, c'est le mien, enfin... je suis le nouveau locataire.

Lui dis-je, en essayant de détendre l'atmosphère avec un sourire maladroit.

Mais il ne m'écoute déjà plus. Il retourne à son carnet, indifférent à ma présence, griffonnant quelques notes comme si je n'existais pas. Je reste planté là, mes mots résonnant dans le vide. Sans réponse, je le fixe, espérant une réaction, une explication, mais rien ne vient. Finalement, il soupire lourdement, se lève pour attraper son téléphone, et je le vois tenter d'appeler quelqu'un. Trois appels, trois tentatives infructueuses. À chaque sonnerie, son expression se durcit, devenant de plus en plus tendue.

Je le regarde faire, me sentant encore plus désemparé par la tournure des événements. Puis, après plusieurs minutes de silence, il finit par poser son téléphone et lâche sèchement.

Ryo : 
Le numéro n'est plus disponible. Je pense qu'on s'est fait entuber.

Il finit par me jeter un regard, toujours aussi glacial, et me demande sèchement.

Ryo :
Ton contrat de location, donne-le-moi.

Je sursaute légèrement, surpris par son ton, mais je m'exécute sans protester. Je lui tends le document que je gardais encore en main. Il le prend sans un mot, puis sort le sien de la poche arrière de son pantalon. D'un geste brusque, il déplie les deux contrats sur la table et commence à les comparer attentivement. Je le regarde faire, sentant l'angoisse monter en moi. Ses doigts glissent rapidement sur les lignes écrites, et ses sourcils se froncent davantage à mesure qu'il avance dans sa lecture.

ColocÉrotiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant