┃6┃Lendemain Troublant

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En cette matinée, le soleil pénétrait à peine à travers les rideaux lorsque j'émergeai lentement de mon sommeil. Ma tête martelait, un rappel brutal des excès d'alcool de la nuit dernière. La douleur qui palpitait à chaque battement de cœur me donnait l'impression que mon crâne allait exploser. Mes tempes brûlaient, et une sorte de brume parasitait mon esprit, me gardant dans un état de confusion.

J'ouvris doucement les yeux, mes paupières encore lourdes de fatigue, presque collées, comme si elles refusaient de se détacher. Ma bouche était sèche, un goût amer d'alcool stagnait encore sur ma langue, un goût désagréable qui me rappelait chaque gorgée avalée, chaque verre de trop. L'air autour de moi était lourd, chargé de cette odeur âcre d'alcool qui imprégnait encore mes vêtements. Mon estomac se retournait légèrement, comme un avertissement que je n'avais pas encore tout évacué de la veille. Pourtant, malgré cette gêne physique, quelque chose d'autre attira mon attention.

Je jetai un coup d'œil autour de moi, à peine capable de distinguer les objets familiers de la pièce. J'étais surpris, presque choqué, de me retrouver dans mon propre lit, sous mes draps. Mon cerveau, encore engourdi, peinait à se souvenir des événements après un certain point de la soirée.

Il était évident que quelqu'un m'avait ramené. Il était impensable que j'aie pu rentrer tout seul dans cet état. Mais qui m'avait ramené ? Cette question tournait en boucle. Une sensation étrange, presque dérangeante, me traversa. Moi qui, au départ, n'avais pas voulu boire, qui avais résisté à cette tentation, j'avais fini ivre, au point d'en perdre les souvenirs de cette fin de soirée. Je ressentais une pointe de honte. Qu'est-ce que les autres avaient pensé de moi ? Avais-je fait ou dit quelque chose que je regretterais ?

Je sentais mes membres lourds, chaque mouvement demandait un effort monumental. La chaleur des couvertures contre ma peau était à la fois réconfortante et étouffante, et tout en moi se battait entre l'envie de rester allongé et celle de me lever pour comprendre ce qui s'était réellement passé. Ma tête bourdonnait toujours alors qu'une autre question fit sa place dans mon esprit. Si personne ne m'avait ramené, alors comment j'étais rentré ?
💭{ C'est Tao ou Ryo qui m'a ramené hier soir ? Peut-être que je devrais leur demander... } 💭

pensais-je, avant de soupirer, décidant que ce n'était peut-être pas si important.Je me redressai avec précaution, ignorant la douleur lancinante qui traversait ma tête. Sur ma table de chevet, une bouteille d'eau et des médicaments étaient posés. Quelqu'un avait évidemment pensé à moi. Je pris les comprimés avec un peu d'eau, espérant calmer mon estomac encore agité. Une fois cela fait, je sortis péniblement du lit. J'avais l'impression que la pièce tournait et tanguait sous mes pieds. Je me traînai jusqu'à l'armoire pour attraper de quoi me changer avant de me diriger vers la salle de bain. L'appartement était calme, seul le bruit de mes pas résonnait dans le couloir. Je rentrai dans la salle de bain, fermai la porte derrière moi et inspirai profondément. L'odeur d'alcool imprégnée sur ma peau et le goût amer dans ma bouche étaient insupportables. J'avais besoin de me débarrasser de cette sensation, de nettoyer ce souvenir physique de la veille.

Sous la douche, l'eau chaude glissait sur ma peau, apaisant un peu mes maux de tête et ma fatigue physique. Le silence de la pièce, interrompu seulement par le ruissellement de l'eau, me donnait l'occasion de réfléchir. Comment avais-je pu en arriver là ? Je me souvenais d'avoir refusé de boire au départ. Et pourtant, j'avais fini ivre, au point de ne plus me rappeler qui ou pourquoi j'avais finalement bu. Je me dis alors que j'avais dû avoir une bonne raison, sinon je n'aurais pas accepté de boire. À moins que j'aie simplement eu envie de m'amuser, mais ça ne me ressemblait pas, surtout entouré d'autant de personnes.

Après m'être séché et habillé, je sortis de la salle de bain. Mon estomac, cependant, n'était pas de cet avis et grogna bruyamment. Je décidai de descendre à la cuisine pour voir ce que je pouvais manger. Quand j'y arrivai, je trouvai Ryo en train de préparer le petit-déjeuner, son dos tourné vers moi. Il ne m'avait pas encore remarqué. Je pris quelques secondes pour l'observer, alors qu'il cuisinait. Il bougeait en faisant des gestes précis et calmes, lorsqu'il retournait les pancakes. C'était déroutant de le voir aussi à l'aise, alors que moi je ne savais même pas faire autre chose que des nouilles instantanées ou commander. Et quand j'essayais de faire des crêpes, elles finissaient trouées. Je repris alors mes esprits et me demandai comment il avait vécu la soirée d'hier, s'il avait été aussi embarrassé que moi.

💭 { Je devrais lui demander directement... Mais qu'est-ce que je dirais exactement ? } 💭

Alors que je réfléchissais à la meilleure façon d'aborder la situation, Ryo se retourna soudainement, me surprenant en prenant la parole avant moi.

Ryo : Alors, comment tu te sens, l'alcoolo ce matin ?

M'a t'il demandé avec un sourire moqueur, mais amical. Je me laissai tomber sur une chaise, grimaçant légèrement sous la douleur qui persistait dans ma tête. Je pris un instant pour rassembler mes pensées, cherchant une réponse qui ne me ferait pas paraître trop pathétique. Avec un léger trait d'humour, je répondis finalement.

Toya : Comme si un camion m'avait percuté...

La vérité, c'est que c'était moins pire et pourtant tout aussi désagréable. La honte m'étouffait presque, mais je n'osais pas l'avouer. Je détestais me montrer pitoyable et aussi peu responsable, mais je devais savoir. Prenant une inspiration, je décidai d'affronter la question qui me brûlait les lèvres.


Toya : C'est toi ou Tao qui m'a ramené hier soir ?

Je marque une courte pause, prenant une profonde inspiration pour rassembler mon courage, puis j'enchaînai rapidement, de peur de perde le fil ou de me dégonflé complètement. Pour lui, ça pouvait sembler anodin, voire un peu idiot, mais pour moi, c'était stressant. Si c'était Tao qui m'avait ramené, ça irait, on se connaît depuis longtemps, et il m'avait déjà vu dans des états pas glorieux. Mais si c'était quelqu'un d'autre, ce serait vraiment gênant, presque honteux. Et pire, si j'avais vomi sur quelqu'un, ou pire encore, si j'avais parlé de mes pensées envers Ryo, ce serait la catastrophe. Mon cœur se serra à cette pensée.

Toya : Ou alors c'est quelqu'un d'autre ?

Ryo était concentrer sur ce qu'il préparait, puis il me répondit d'une voix décontractée et calme.

Ryo : C'est moi qui t'ai ramené. Tu as intérêt à me rendre l'appareil, tu as failli me gerber dessus.

Il dit cela avec une légèreté qui me fit presque oublier la situation embarrassante. Mais je savais qu'il me cachait quelque chose, une partie de la soirée qui m'échappait encore. Je baissai les yeux, ne sachant pas vraiment quoi dire. J'étais à la fois reconnaissant et profondément désolé qu'il ait dû gérer ça.

Toya : Je suis désolé, vraiment... Merci de m'avoir ramené.

Ryo s'assit finalement en face de moi, posant une tasse de thé noir fumante devant moi.

Ryo : Ne t'inquiète pas, c'est rien. Mais crois-moi, tes amis étaient dans un état similaire. Aucun d'eux n'aurait pu te ramener.

À ce moment-là, une vague d'inquiétude me traversa. Je me demandais soudain comment mes amis allaient, s'ils étaient rentrés sans encombre. Un léger sentiment de culpabilité me rongeait, comme si j'avais été égoïste en me concentrant uniquement sur mon propre état. Je lui jetai un regard interrogateur, espérant qu'il aurait des réponses à mes questions. Ryo se leva partant retouner un pancackes.

Toya : Ils vont bien, au moins ? Est-ce que tu sais s'ils sont tous rentrés sans problème ?

Ryo hocha la tête positivement en me rassurant.

Ryo : Ouais, mes potes les ont raccompagnés. Ils vont bien.

Ryo servit des pancakes dans un grand plat qu'il déposa sur la table, accompagnés de sirop d'érable et de fruits frais. L'odeur sucrée flottait dans la pièce. Nous avons commencer à manger en silence, et je sentis un poids se lever. Le calme du moment contrastait tellement avec la folie de la nuit précédente. Loin des rires bruyants et de l'alcool qui coulait à flots, je me rendis compte à quel point j'appréciais ces instants simples avec lui.

Après quelques bouchées, je posai ma fourchette et observai Ryo. Il avait changé, ou bien c'était moi ? Au début, il n'avait pas voulu m'adresser la parole, gardant ses distances. Maintenant, il était là, à s'assurer que j'allais bien, à préparer le petit-déjeuner pour nous deux. Il y avait quelque chose de réconfortant dans sa présence. J'étais content de voir que nous avions dépassé ces tensions initiales.

Toya : Ryo, tu es vraiment quelqu'un de bien, tu sais ?

Il releva les yeux vers moi, surpris par ma remarque.

Ryo : Ne commence pas à devenir sentimental maintenant.

Avais t'il dit en riant doucement, mais je pouvais voir une lueur d'embarras dans ses yeux. Pourtant, quelque chose me tracassait encore, quelque chose que je n'arrivais pas à exprimer. Je me souvenais vaguement d'une interaction avec Kaito, mais les détails étaient flous. Avant que je ne puisse en parler, Ryo me devança.

Ryo : Tu te souviens de Kaito hier soir ? Il te faisait du charme toute la soirée. 

En disant ça, il n'avait pas l'air d'avoir apprécié la situation. Pour ma part je restai bouche bée un instant.

Toya : Quoi ? Kaito... me faisait du charme ? Non, je crois pas...

J'étais troublé par cette information, mais avant que je puisse réagir, Ryo éclata de rire en me voyant si perplexe.

Ryo : T'es vraiment naïf, Toya. Je te dis qu'il te draguait ouvertement.

Je restai silencieux, cherchant dans ma mémoire des souvenirs de la veille, mais tout était trop confus. Je n'étais pas sûr de savoir ce qui s'était passé. Pourtant, quelque chose dans le ton de Ryo m'interpellait. Était-il agacé par Kaito ? Jaloux peut-être ? Je n'osai pas poser la question directement, mais cette pensée ne me quitta pas.

Le silence s'installa à nouveau, pesant mais pas désagréable. Je décidai de me lever pour l'aider à débarrasser la table, un moyen de rompre ce calme tout en me rendant utile. Nous avons rangé ensemble, sans un mot, mais mes pensées étaient ailleurs. Alors que je ramassais une assiette, une idée me traversa l'esprit. Tout en évitant soigneusement son regard, je pris une inspiration et, un peu nerveux, je me lançai enfin.

Toya : Dis, Ryo... ça t'a dérangé que Kaito me drague ?

Lui ai-je demandé avec une légère hésitation dans la voix, un peu réticent à entendre une réponse qui pourrait être négative. Pourtant, au fond de moi, j'espérais que sa réaction serait calme et que cette question ne changerait rien entre nous. Ryo resta silencieux pendant un instant, laissant planer une certaine tension, puis il haussa simplement les épaules, comme si ma question ne le perturbait pas plus que ça.

Ryo : Pourquoi ça me dérangerait ? C'est ta vie. Mais franchement, t'as des goûts douteux si tu t'intéresses à Kaito.

 Aura t-il dit d'un ton détaché. Son commentaire me fit rire nerveusement. Dans son attitude, dans la façon dont il parlait, je ne ressentis aucune trace de mensonge ou d'embarras.Pourtant, une partie de moi espérait peut-être qu'il ressente quelque chose, une jalousie dissimulée, ou même un intérêt refoulé. Mais non, rien de tout cela ne semblait transparaître. Cette réponse me laissait un goût amer, mais aussi un grand soulagement. D'un côté, je craignais qu'il ne prenne mal cette question, mais de l'autre, son indifférence m'atteignait.  Peut-être que je n'étais qu'un ami pour lui, rien de plus. Et pourtant, l'idée qu'il puisse ignorer mes sentiments me blessait plus que je ne l'aurais cru.

Je n'insistai pas, conscient que forcer la conversation ne mènerait nulle part. Peut-être que j'interprétais mal la situation. Peut-être que j'étais le seul à ressentir cette tension entre nous, cette proximité qui, pour moi, allait bien au-delà de l'amitié. Je me demandais si mes sentiments envers lui devenaient trop forts, si j'étais en train de dépasser une limite invisible que lui seul avait tracée.

La journée s'annonçait longue, mais je savais que cette conversation ne faisait que commencer. Ce week-end, j'avais prévu de sortir avec Tao et les autres, mais maintenant, une nouvelle idée me traversait l'esprit. Peut-être qu'il serait intéressant d'inviter Ryo à se joindre à nous. Ou alors, de passer du temps seul avec lui. Je sentais que nous nous étions rapprochés à force de vivre ensemble, même s'il restait parfois distant ou érigait un mur entre nous, qu'il ne voulait sûrement pas que je franchisse. Mais je ne voulais pas passer à côté de l'occasion de comprendre ce que je ressentais vraiment. Ryo brisa finalement le silence. Lisait-il dans mes pensées ?

Ryo : Tu as prévu quoi, toi, pour le week-end prochain ?

M'aura t'il demander nonchalamment en essuyant un verre.

Toya : Je... je ne sais pas encore. Peut-être sortir avec Tao et les autres. Pourquoi, tu veux venir ?

Ryo : Peut-être bien. Ou peut-être que j'ai d'autres plans je te redirais.

Je sentis une légère déception à sa réponse. Pourquoi hésitait-il ? L'idée de passer du temps avec lui, de le voir en dehors de notre routine quotidienne, me réjouissait. Mais en même temps, je comprenais qu'il avait sa propre vie et ses propres engagements. Je cherchais à cacher mon agacement derrière un sourire.

Toya : Ça serait sympa, mais si tu as d'autres choses de prévues, je comprends.

Je m'efforçai de garder un ton détaché, mais au fond, j'espérais qu'il se raviserait. Ryo haussait les épaules, l'air indifférent, mais je savais qu'il n'était pas vraiment comme ça. Il avait une façon de dissimuler ses véritables pensées, et ça m'intriguait.

Ryo : On verra bien. Peut-être que je passerai juste pour te faire un coucou.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 21 ⏰

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