Chapitre 1 - Nelly

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Nelly

Doudou : check ! Valise : check ! Sac à main : check ! Normalement tout est ok...

Je frotte mes yeux qui se ferment tout seuls. Quelle idée de se lever à 6 heures du matin...
Je frappe énergiquement mes joues pour me donner de la force. Je souffle bruyamment, à la fois épuisée et impatiente. Le changement n'a jamais été mon fort, de toute façon. Mais quelle réaction adopter quand votre père vous annonce que vous partez de votre petite banlieue ? Qui plus est pour déménager à Boston. Mon père n'a jamais été aussi heureux de sa vie. Et croyez-moi, après ce qu'il a vécu, il le mérite amplement.

Malgré moi, je stresse. Quitter mes amies, mon appartement que j'aime plus que tout et surtout mon copain est un déchirement. Je déteste me retrouver seule au milieu de gens que je ne connais pas. Mon comportement peut vraiment faire fuir.

Disons que quand ta chanson préférée est " ça m'énerve " de Helmut Fritz, on voit clairement ma mentalité...

Oui, je suis du genre aigrie dans la vie. Et faites attention à ne pas m'énerver, car dans ces cas là, mon répondant est sans égal. Je n'ai toujours pas compris comment mon copain Léo me supporte. Je ne dois vraiment pas être facile à vivre au quotidien.

Je repasse une dernière fois mes yeux dans cette chambre. Ma bouche se tord de peine quand je réalise à nouveau que je laisse mes posters adorés ici. Mais étant donné que je serais en colocation sur le campus, je préfère éviter sincèrement qu'elle prenne peur en voyant mes affiches.

Psychose, Ça, Scream..., j'ai un penchant pour les psychopathes. La nuit, je ne suis pas sûr que l'ambiance soit au maximum pour dormir...

- Nelly chérie, on va bientôt partir, tu as fais ta valise ?

Mon père crie dans les escaliers. Je l'entends monter les marches avec leurs craquements caractéristiques. La veille poignée de métal rouillée s'ouvre sur mon géniteur. Son visage exprime l'impatience de partir de cette maison au plus vite. Il l'a déteste plus que tout. Et je le comprends.

- Tout est ok. Il ne manque plus que ma trousse de toilette et je suis prête, lui répondis-je. Nous mangeons sur la route ?

- Oui, nous serons arrivés vers 16 heures à peu près.

Son sourire est tellement resplendissant que je n'ai pas le cœur à lui montrer ma peine de partir. J'ai d'ailleurs prévu de passer voir une dernière fois Rosalie, sa maison est sur notre trajet. De toutes les personnes qui me manqueront, elle est sûrement la plus importante avec Léo. Ma meilleur amie et mon petit copain ont promis de venir me voir pendant les vacances, mais je doute sincèrement de leur venue. Ils sont tellement surchargés de travail, qu'ils n'auront pas le temps de me rendre visite.

Je me dirige d'un pas lent vers la salle de bain et j'allume le vieux néon du plafond. La lumière jaunâtre illumine la pièce, et je récupère mes affaires de toilettes. Le lavabo part en lambeaux, avec ses tuyaux qui partent dans tout les sens. Le miroir fissuré et couvert de tâches noires me renvoie le visage d'une jeune femme fatiguée. Mes cernes creusent mon visage pâle, mes yeux verts d'eau ont perdus toute beauté et mes cheveux blonds ondulés ne forment plus qu'une masse aléatoire dans mon dos.

Bref... J'ai vraiment une tête de déterrée.

Je ne me regarde pas plus longtemps et regagne ma chambre en trainant à nouveau des pieds. Je récupère ma valise et descends difficilement les escaliers pour accéder à l'entrée. Mon père m'y attend, toujours aussi heureux. Il me sourit tendrement et j'oublie immédiatement ma peine. Sa main attrape mon imposante valise et sors de la maison en la traînant derrière lui. Je passe mes yeux une dernière fois dans ce salon et sors à mon tour.

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