Chapitre 5

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A son réveil, Jaden était déjà parti patrouiller et il régnait un silence lourd dans le petit appartement. En pénétrant dans le salon, Violette se sentit inexplicablement mal à l'aise. Elle mit tout d'abord ça sur le compte des divers événements de la veille, qui l'avaient sans doute chamboulée plus qu'elle ne le pensait. Mais elle savait qu'il y avait autre chose, que quelque chose ne tournait pas rond.


Sur la cafetière, Violette remarqua un post-it sur lequel on pouvait lire, dans une écriture fine - « Si tu sors d'ici avant que je revienne, je te tuerais moi-même ! ». Le mot de Jaden eut au moins le mérite de la faire esquisser un sourire et de reléguer son impression de mal aise dans un coin reculé de son esprit. Elle froissa le papier dans sa main et le jeta dans la poubelle avant de se servir sa tasse et de s'installer, tasse en main, devant la grande baie vitrée pour profiter des dernières minutes de l'ascension du soleil.


Les rayons du soleil perçaient d'ores et déjà à travers les buildings environnants pour venir caresser la peau de la jeune femme. Violette ferma les yeux pour apprécier ce contact apaisant sur son visage. Mais à peine eut-elle les paupières closes que ses sens se mirent en alerte, ayant de nouveau l'impression que le danger rodait bien trop près d'elle. L'air sembla vibrer étrangement dans ses oreilles et tout les sons se firent clairs. Elle entendait des pas traînants devant l'entrepôt et, plus inquiétant, des respirations erratiques et ronflantes devant la porte de l'étage où elle se trouvait. Elle ne comprenait pas comment elle était capable d'entendre avec ce degrés de précision, mais ce n'était clairement pas le moment de se poser des questions sur ses capacités inconnues.


Elle ouvrit vivement les yeux et instinctivement s'élança sur sa droite pour s'éloigner de la baie vitrée. Au même moment le verre éclata dans un vacarme clair et sifflant. Le projectile qui avait fait voler la fenêtre en éclats vint se ficher dans le mur d'en face. En un coup d'oeil Violette constata que c'était une sorte de dard d'abeille géant sur lequel suintait un liquide vert gluant qui gouttait maintenant sur le sol. Elle n'avait cependant pas le temps de se poser de question sur sa provenance. La porte éclata à son tour, laissant place aux deux possesseurs des respirations qu'avait entendu Violette et qui avaient probablement été alertés par le bruit. A moins qu'il ne s'agisse d'un signal leur intimant de passer à l'attaque. Peu importait, la situation était critique. Les deux démons la regardaient de loin. Violette reconnu un Vaghar, mais l'autre avait une forme humanoïde, il ressemblait plus à un homme dont le corps aurait été brûlé intégralement et mutilé par endroit qu'à l'image que Violette avait d'un démon.


Après une seconde, tout au plus, le monstre humanoïde commença à s'approcher, traînant une de ses jambes qui avait un angle tellement particulier qu'on aurait dit qu'elle avait été cassée et ne restait rattachée au corps que grâce à la chair à vif qui l'entourait. Sur ce qu'il restait de son visage prit place un sourire sadique qui découvrait des dents jaunâtres taillées en pointes acérées entre lesquelles était coincée une langue fractionnée en deux en son milieu. Violette réprima un violent haut le cœur et se précipita dans la chambre de Jaden, qui était la pièce la plus éloignée de ces monstres. Elle ferma la porte à la hâte et tenta de traîner la table de nuit devant celle-ci en réfléchissant aussi vite que possible au moyen de se sortir d'ici. La pièce ne comportait qu'une fenêtre et aucun endroit pour se cacher. Elle recula d'un pas et la table basse tomba au sol sous une secousse violente de la porte. Une seconde secousse fit céder la porte et Violette se trouva de nouveau face à ses assaillants, acculée.


Il ne lui restait qu'un seul moyen de se sortir d'ici et elle n'avait plus qu'à espérer que ce qu'elle avait vu des centaines de fois dans les films marcherait dans la réalité. Elle prit une longue inspiration, tourna le dos aux démons et s'élança le plus vite possible vers la fenêtre en protégeant ses yeux de ses avants-bras. Le choc fut si violent qu'elle fut sonnée et cru un instant que la vitre avait résisté à son assaut. Mais en réalité le carreau se brisa et elle débuta une chute qui lui parut durer une éternité. L'entrepôt ne possédait qu'un étage, mais quand elle percuta le sol elle ressentit une vive douleur dans tout son flanc gauche. Pas le temps de s'en préoccuper, elle se releva dès que ses oreilles arrêtèrent de bourdonner et que sa vue revint à la normale. Elle était satisfaite d'être toujours en vie après ça, mais comptait bien le rester un peu plus longtemps.

De l'Ombre à la LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant