𝑨 𝑴𝒆𝒓𝒓𝒚 𝑭𝒖𝒄𝒌𝒊𝒏𝒈 𝑪𝒉𝒓𝒊𝒔𝒕𝒎𝒂𝒔

A Merry Fucking Christmas

"Quel boulot de merde."

Si tout le monde aimait les fêtes de Noël, ce n'était pas le cas de Katsuki. Non, Katsuki n'aimait pas les décorations scintillantes qui vous égratignent les rétines, il détestait ces chansons mielleuses et stupides qui vous restent dans la tête pendant des heures, et il exécrait encore plus ces sourires idiots et bienheureux collés aux visages des gens, comme si l'espace d'un mois tous les malheurs du monde disparaissaient.

Non, définitivement, Katsuki n'aimait pas Noël.

Mais voilà, comme tout le monde, il avait besoin d'un travail. Et le seul que ces incapables de l'agence avaient été en mesure de lui proposer, c'était ce boulot de merde. À croire que le karma se foutait vraiment bien de sa gueule.

Père Noël dans un centre commercial. C'était drôle hein ? Et bien Katsuki, lui, ça ne le faisait pas rire. Pas rire du tout.

Il pouvait en faire des choses pourtant, ça ce n'était pas un problème. Cuisinier depuis plus de 10 ans, il s'épanouissait dans son métier. Il avait toujours adoré ça. Puis un beau matin, entre la machine à café du bar et le pass de sa cuisine, le patron lui avait expliqué qu'il devait mettre la clef sous la porte. Mauvaise gestion qu'il disait. Encore un incapable lui aussi.

Dans une colère noire, mais sans un mot, il avait déposé son tablier sur le comptoir et était parti sans se retourner, contemplant tout son monde s'effondrer sous ses yeux.

Ce n'était pas un restaurant étoilé, ni même le plus à la mode, mais pourtant, il devait bien l'admettre, il l'aimait ce restaurant.

L'ancien chef lui avait donné sa chance à ses dix-huit ans, le prenant sous son aile, malgré tous ses défauts. Il avait toujours été quelqu'un de sanguin, n'en déplaise au tout venant, mais son adolescence n'avait vraiment pas été une partie de plaisir. Boule de nerfs sur pattes, il effrayait par sa grande gueule et son humeur chaotique. Et pourtant. Son mentor avait réussi l'exploit de "dompter le fauve", comme il lui avait souvent répété. Et petit à petit, au fil des jours et des mois qui passaient, il avait tissé un lien précieux avec Katsuki, voyant en lui le diamant brut, le talent que tout le monde refusait de voir, et il devint peu à peu un idéal et une figure paternelle cruciale dans la vie du jeune homme.

Ça n'avait pas été sans casse, bien sûr. Katsuki se souvenait encore aujourd'hui d'accrochages plus ou moins houleux pour lui remettre les idées en place, mais jamais, au grand jamais, ils ne s'en étaient tenus rigueur. Au contraire.

Il avait mûri, grandit, grimpant les échelons de sa cuisine, tombant chaque jour un peu plus amoureux de son métier. Il avait toujours son franc-parler si caractéristique, mais avait appris de ses erreurs, acquérant au fil du temps une verbe aussi aiguisée que ses couteaux, et un répondant aussi travaillé que ses plats.

Aussi, c'est tout naturellement que Katsuki fut le choix évident pour diriger la cuisine lorsque son chef prit la décision de partir à la retraite. Et à partir de cet instant, tout son art et son talent s'étaient révélés. Les clients satisfaits et rassasiés revenaient, séduits par la cuisine pleine de saveur et de piquant du blond, et rapidement, le nouveau chef du Toshi's Kitchen s'était fait une petite réputation dans leur quartier.

Mais bon, tout ça, c'était derrière lui. Lorsqu'il s'était rendu dans une agence d'intérim pour retrouver un emploi, il s'était littéralement pris un mur. On l'avait gentiment envoyé balader en lui disant qu'à cette période de l'année les postes étaient rares, et qu'ils n'avaient rien à lui proposer en restauration. N'ayant toujours pas sa langue dans sa poche, Katsuki leur avait rétorqué qu'il avait un loyer à payer et un frigo à remplir, et qu'ils étaient vraiment une belle bande de cons finis, incapables, incompétents et surpayés s'ils n'étaient pas foutus de trouver un travail à quelqu'un qui faisait l'effort de se lever le cul pour payer ses factures.