2 - Les étoiles de mer

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 Le lendemain matin, à cause de l'heure tardive de mon coucher, je fus en retard au travail.

Au comble de l'énervement, mêlé à la panique de l'heure qui fuyait au moins trois fois plus vite que d'habitude, je reversai la moitié de mon thé en voulant le mettre dans mon termos, abîmant mon haut pas la même occasion. Je perdis donc du temps à me changer, à nettoyer mes saletés et sautai presque dans ma voiture pour démarrer au quart de tour.

J'intégrai mon bureau une demi-heure plus tard, sous les remontrances de Muller qui s'en donnait à cœur joie. Il était pourtant à peine perceptible, tant la teinte du tissu de son vieux costume s'accordait à celle du papier peint tissé qui nous entourait. J'avais l'impression que la pièce elle-même me grondait.

— Ça ne fait que confirmer ce que je soupçonnais depuis quelque temps ; tu te relâches davantage chaque jour !

Plus il beuglait, plus ma retenue se craquelait. J'allais finir par exploser et lui casser la gueule, là, dans mon bureau. Les couleurs ternes de la décoration seraient tachetées d'un rouge vif, éclatant, qui coulerait, puis laisserait des traces indélébiles.

Pourtant, je réussis à me contenir, ne répliquai pas et m'installai sur mon fauteuil pour allumer mon ordinateur sans lui accorder la moindre attention. Je fixai un instant mon écran et dénichai le sujet parfait afin de me débarrasser de ce gêneur.

— Plutôt que de me crier dessus afin de satisfaire votre frustration, préparez-vous pour votre rendez-vous de ce midi. J'ai commandé une composition, vous pouvez passer le chercher chez la bouquetière habituelle en partant, c'est sur le chemin de toute façon. Et n'oubliez pas, la femme de monsieur Kardis s'appelle Coraline, pas Caroline. Les fleurs sont pour elle, puisqu'elle accompagne son mari aujourd'hui. Ce sont des dahlias, ses préférées. Ils ont deux enfants, Daniel et Steeven, douze et neuf ans. Je vais vous envoyer un message avec les informations importantes.

Sa colère retomba comme un soufflé, il ne pensait déjà plus qu'à la prime qu'il décrocherait s'il signait ce contrat. Il retourna dans son bureau en marmonnant des plans pour se mettre le client dans la poche et je soupirai, la bouche grande ouverte en glissant sur mon siège. Vraiment, quelle semaine de merde.

Je sortis mon téléphone qui continuait de vibrer à intervalle plus ou moins régulier. J'ouvris la conversation et remontai là où s'était terminée ma dernière lecture.

« Tu me manques. »

« Je voudrais juste qu'on parle. »

« Je demande un peu de ton temps, Lucas. Ce n'est pas grand-chose après deux ans de relation, tu ne crois pas ? »

« Tout ça parce que tu as décidé seul de rompre ! Tu fais une erreur ! »

« Lucas, réponds-moi, s'il te plaît »

Je soupirai en lisant la trentaine de SMS que j'avais reçus depuis la veille. Ce mec était taré. Il pensait que notre séparation n'était pas effective, que je lui devais des explications et d'autres conneries de ce genre. Pourtant, j'avais coupé le contact presque un mois auparavant, mais ça non plus ça ne lui convenait pas.

Il n'acceptait pas notre rupture, mais je ne souhaitais pas reconduire l'expérience avec lui. Il était jaloux, possessif, convaincu que je ne vivais que pour le tromper... À ce compte-là, il n'était fait pour personne.

Je ne répondis pas et quittai la page des messages avant d'éteindre mon téléphone. Heureusement, l'absence de Muller me permit de progresser dans mes tâches et je pus même prendre de l'avance. En partant, je passai faire quelques courses et je restai chez mon père jusqu'à ce qu'ils se soient mis à table. Au moins, ce soir, il tenait debout sans moi et pouvait donc finir la nuit sans mon aide.

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 19, 2023 ⏰

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